Épilogue.

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« Automne: mon post-scriptum. »
-M

Maman m'a dit qu'il faut aimer la vie et l'honorer
Et que les matins, par leurs tendresses, sont prévus à cet effet
Et qu'il faut s'y accrocher pour ne pas, a soi, renoncer...
Mais ce matin froid m'a trahi. Il m'a entièrement démonté,
J'ai perdu bien des bouts sans savoir ce qui m'a fracassé...
Qui a effacé des réponses que j'ai mis toute une vie à trouver...
Et le peu d'espoir que j'ai à peine réussi à garder...
Personne n'a vu, personne n'a su,
Sauf moi... La victime qui s'est tus. 
Mais le Diable est bien là, il vagabonde à mes côtés,
Il m'a volé mon sourire, et c'était bien le dernier.
Ce matin, je l'ai senti dès que je me suis réveillé,
J'étais de nouveau enfant : indécis et déboussolé.
     
Dans mon tableau, les couleurs toutes flamboyaient
Les formes n'étaient plus, toutes infinies et brouillées.
Octobre m'a salué et a élevé ses flammes parmi mes dernières roses
Et de leur beauté, il ne m'a laissé que des restes à pleurer...
Toutefois il m'a rendu une plume que j'ai perdu
Celle qui, par mes maux, a été forgé, inspirée puis brisée.
Mon dernier sourire s'est alors décomposé
Diable le saisit et, sur son sadisme, l'a greffé.
Ma prose enchantée s'est fanée, des vers de deuil ont succédé.
Ma vie est subitement tombée en lambeaux
Et le vent d'automne les a tous dispersées...
           
Depuis...
Je vis avec moi-même : dans ma poussière et mes débris,
Et quand je cris, les cris me reviennent, non-entendus et incompris.
Je bois ma solitude a plein gosier, crue et non-assaisonné
Sont-ils tous morts ? ou c'est moi qui ai arrêté de compter ?
Non, un heureux hasard : Le sort m'a choisi et c'est sur moi qu'il va s'acharner,
Rendu étranger dans mon monde, et même étrange parmi les étrangers...
Par la même épée, à doubles tranchants, je repousse ceux que j'attire
Mais au-delà de mes murs,
Seul est le diable, entrain de cribler ma cible de tirs.
                 
Automne, m'as-tu cherché pour me trouver ?
Ou as-tu neutralisé toutes tes victimes ?
         
Ainsi, les jours passent et me dépassent. Je m'abrutis de silence
Mon cœur ne donne plus signe de vie, vaincu par sa propre défaillance
Et moi, pour une fois, je l'attends muet, sans haine ni vengeance,
Dans le plus grand silence, je le prie de s'accorder une dernière chance...
Mais mes prières me font toutes défaut, et demeurent délaissées,
Trop chargées pour monter, elles restent sur les autels, juste déposées,
Alors j'attends que ma patience se consume,
Errant dans mon foyer comme un étranger,
Juste le temps que l'étincelle atteigne la poudre pour exploser...
       
Depuis...
Je peine à aimer ce qui reste
Car même mes restes sont déchiquetés.
-M

J'écris, j'écris et j'écris...Where stories live. Discover now