Humains

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Parfois, la vie martèle sur nos portes, vêtue d'une peau si pure, si sincère, si transparente, si... humaine. Une peau qui vous scotche a elle et qui vous enivre au point de ne plus reconnaitre la véritable entité qui se tient devant vous. Une peau qui vous dote des plus grands pouvoirs et qui exauce vos vœux les plus fictifs, les plus fous. Vos voeux les plus voulus.

Mais cette peau finit par se dégrader. Elle s'effrite sous nos yeux et la vie finit par se trahir. Elle nous gifle d'une mains froide et insensible et se décompose devant nous. Elle se désintègre dans nos acclamations et nos supplications les plus sincères, les plus désespérées, les plus tristes.

Nos acclamations les plus humaines.

La vie quitte alors, laissant dans nos cœurs les sentiments les plus chaleureux et les plus sincères mourir en nous tuant a chaque moment avec. La vie quitte et nous errons alors dans un combat avec nos souvenirs. Nos souvenirs les plus grands, les plus réels, les tristes, les plus déchirants. Nos souvenirs les plus douloureux. Nos souvenirs les plus chers, nos souvenirs les plus valeureux . Nos souvenirs les plus merdiques qu'on chérit comme la prunelle de nos yeux. Nos souvenirs les plus vivants.

Nos souvenirs les plus humains.

Rien n'est plus difficile que de chassez de vos propres mains, sous vos propres yeux, les parties mortes de votre identité. Rien n'est plus difficile que de perdre dans de grandes souffrances sans fin une partie toujours vivante de vous.

Rien n'est plus difficile que de cesser d'aimer, car ils ne vous aiment plus. Rien n'est plus difficile que de tout remarquer sans ne le faire remarquer. Rien n'est plus difficile que de continuer a marcher quand personne ne vous demande de rester. Rien n'est plus difficile que la mémoire, plus difficile que de se rappeler éternellement de tout ceux qui quittent.

Mais a la fin, la porte se fait claquer. Nous sommes seuls de nouveau, attendant que la vie frappe de nouveau un rythme joyeux sur nos portes.

Nous devenons ce que l'on ressent. Nous devenons la tristesse et le mal. Nous devenons la peur et l'angoisse. Nous devenons rigides et sans cœur. Nous devenons des couches de souvenirs toxiques. Nous devenons ce besoin d'aide, nous devenons le besoin d'une main offerte.

Nous devenons alors de plus en plus humains.

Certains meurent cherchant un appui, une épaule pour pleurer, un asile pour se résigner. Certains atteignent alors la maturité. Nous commençons a attendre ses visites afin de lui ouvrir la porte, de confronter sa beauté extrême, de pleurer, de se déchirer, en lui disant a chaque fois:

 Je t'aime. Mais je m'aime aussi...

Je suis désolé.

Nous fermons la porte a la vie.

Quoiqu'on fasse, nous n'aurons jamais de nouveaux visiteurs, nous n'aurons jamais de nouveaux voisins. La vie est unique. Et elle est la seule voisine.

Quoiqu'elle fasse la vie ne deviendra jamais ce qu'elle parait être.

La vie n'est pas humaine.

-M

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J'écris, j'écris et j'écris...Where stories live. Discover now