J'écris, j'écris et j'écris...

Effondrons-nous

"La réalité ne pardonne pas qu'on la méprise.

Elle se venge en effondrant le rêve"

-- Joris-Karl Huysmans

N/A: Je ne sais pas c'est quoi. Vous le saurez. 

Effondrons-nous sur la terrasse ce soir
Au risque de me briser complètement
Rechante-moi les chansons d'avant
Les échos de nos voix dans les bois
Je ne sais pourquoi on s'est tu
Rechante-moi ces chansons glorieuses
La mélodie de mon enfance
Que j'ai délaissé un jour
Quelque part derrière l'autel de la vie.
Rechante-moi mes espoirs d'enfants,
Ceux qui m'ont fait grandir,
Rappelle mes grands-parents
Mes grands-parents endormis
Rompt ce sommeil eternel qui nous prive d'eux,
Ramène-les et berce-moi sur le son de leurs voix
Couche moi rien qu'une fois dans la sécurité
Avant que je ne m'effondre,
Cette fois, pas sur la terrasse.
Rejoue-moi cette mélodie si précieuse
Dont le sentiment me hante
Ranime ces souvenirs blanchit qui m'ont fait vivre
Rend moi ceux et ce que le temps m'a volé
Je ne sais pas ou il disparait ce bonheur inné
Comment le temps ravage nos jours
Et nous en rend les cendres
Comme seul souvenir d'un chagrin qui a assez duré
Comment on regarde sans intervenir
Comment on s'habitue a force de regarder

Effondrons-nous sur cette terrasse
Cherchons les débris...
Cherche avec moi les jouets abîmés
Retrouvons derrière les montagnes les rêves que nous avons abandonnés
Ceux que nous avons abandonnés pour grandir
Oserais-tu te retourner ? Oserais-tu le regarder ?
Confronter cet enfant que tu as achevé si jeune
Saurais-tu retrouver ses traces ?
Entends- tu les pleures de la mère ?
Une mère qui s'éteint pour rallumer un fils éteint
Une mère a vendu pour quelques pièces sa vie
Pour qu'il voit un avenir, sans errer incertain
Oserais-je la regarder dans ses yeux ?
Lui dire qu'elle est morte pour rien
Morte pour un sourire qu'elle ne reverra jamais ?
Oserais-tu ?
Oh Pitié Laisse-moi...
Laisse-moi m'effondrer et me briser en mille morceaux sur cette terrasse
Mon dernier repère et ma première nostalgie.
Non, ne me récupère pas
Laisse tout le poison sortir
Écrème ces jours passés
Et n'en garde que la crème
Ne me récupère pas
Raconte-moi juste l'histoire de mon cœur
Ce récit qui s'embrouille dans ma tête
Ce passé qui veut envahir le futur
Ce présent que je condamne
Raconte-moi un autre passé
Change-moi la fin
Je la veux aigre-douce
Comme le souvenir de cette terrasse

Je ne sais pas
Je ne sais plus
Un jour, j'ai su vivre
Puis j'ai perdu le secret
L'enfant étourdi que j'étais
Je ne sais pas comment j'ai perdu le secret
Comment la vie est devenue une partie perdue
Comment elle s'enchaîne sans prévenir
Comment elle commence trop tard et s'arrête trop tôt
Un jour, comment tout bascule, et les émotions commencent à s'éteindre
Une par une
Les lumières à disparaître, une par une
Comment les sens s'évadent et laissent la vie nue
Comment on devient apathique et indifférent
Comment les jours nous tuent au lieu de nous apprendre
Comment les toboggans deviennent soudainement des montagnes russes
Et les pentes deviennent trop raides pour monter
Comment on trouve le mauvais chemin sans le chercher
Comment on passe la vie à nous démêler des ronces
Au lieu de cueillir des lys
A fuir au lieu de vivre
Je ne sais pas

Laisse-moi pauser l'existence un instant
J'en ai marre d'exister
Chante-moi une dernière fois mon récit brisé
Aux bouts déchirés
Ce récit  brûlé...
L'encrier de mon cœur est vide
Et mes feuilles se déchirent
Chante-moi une dernière fois pour me faire oublier
Comment, le long d'une vie
J'ai oublié de vivre.

-M