L'arène.

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Alors que, sur le champ de bataille, je me vautre
Contre ces démons s'en sont soudainement dressés d'autres...

A l'heure de la défaite, je me suis ouvert les veines
J'ai accepté la froideur du poignard, la mort certaine.
Je me suis moi-même déchiré le cœur
Pour vaincre cette ultime peur...
Mais de l'intimité de ma fêlure ont jailli des guerriers
Tous contre le poignard révoltés...

A l'heure de la défaite, j'ai compris que je ne pouvais être défait.
J'ai brandis ma lance, la poitrine fendue, le cœur transpercé.
J'ai ravivé les incendies qu'ils ont commencé
Et j'ai laissé toute ma patience brûler...
J'ai alors accouché dans ce cœur toute une armée
Une armée de vaincus et de brisés... de condamnés...
Moi qui ai cru ce cœur infécond et inactif après ces âges
J'ai fais jaillir de ses profondeurs des gerbes de courage!
Des flots d'audace ont noyé ma coupe
Et des sources de vie ont alors enivré mes troupes!
J'ai enragé mes ennemis et j'ai stérilisé leurs projets
Ils ne me verront pas, sur ce champ de bataille, vautré.

La nuit s'est achevée et le soleil les a tous exposés
Comme des sorcières, ils ont tous été chassés.
J'ai exécuté mes peurs sur l'autel du courage
Et j'ai arrosé mes rêves et mes sentiments de leurs sangs...
Pour qu'ils soient libres... qu'ils cessent d'être otages
Pour faire taire, une fois pour toute, leurs murmures affolants.

J'ai retrouvé la vie dans le temple de la mort
J'ai désormais le cœur cimenté d'acier et d'or.
Je laisserais fièrement mes cicatrices exposées aux agresseurs
Pour qu'ils sachent que j'ai survécu et que j'ai guéri
Pour qu'ils ne tentent plus ma résilience dans toute son ardeur...
Le dernier l'ayant tentée a péri.
J'abrogerai tous les pactes de tortueuse fraternité
Je vivrais sans frères, indépendamment et sans m'en lasser.
Et ce, pour la simple raison que mes pairs ne sont plus,
Aujourd'hui, j'ai sacrifié la société sur l'autel de la liberté.

Le goût de la mort est éternel et inoubliable
Et quoiqu'impardonnable, ses leçons sont toutes grandioses et mémorables:
La vie ne pardonne aux perdants que lorsqu'elle les quitte
Alors triomphons! prenons plus de coupes que de fuites...
Étranglons le destin pour ne pas finir étranglés
Forçons le à obéir et à nos volontés, se plier.
Soyons donc les derniers à quitter l'arène
Nous valons tous cette vie qu'ils prétendent vaine,
Explorons les horizons qui s'offrent à nos vues
Pour qu'on ne se dise au couché de cette vie:
si j'avais pu...
                                                -M

J'écris, j'écris et j'écris...حيث تعيش القصص. اكتشف الآن