16/ Bordel organisé - 1 / Rangement soigné - 0

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La petite vengeance mesquine de la compagne de Shimada a servi ses plans, mais maintenant, Dieter n'a pas beaucoup de temps. Dans la confusion qui a suivi sa manœuvre de Heimlich pour sauver la française, il a pu subtiliser le ticket de vestiaire sans problème et en lire le numéro avant de le jeter au sol sans que personne ne s'aperçoive de rien.

Il s'agit, à présent de ne pas perdre une minute, car la jeune femme va sans doute vouloir rentrer chez elle, et donc, récupérer ses affaires. Il se glisse dans l'ombre de la pièce où sont stockés manteaux et sacs. Il se demande pourquoi il s'est cassé la tête. La veste de la jeune femme est du même argent pailleté que ses chaussures. On ne voit qu'elle dans la rangée de vêtements. Un petit sac rouge est accroché au cintre. Il sourit. Il va enfin mettre la main sur le fichier. Et en très peu de temps vu la taille du sac. Autre erreur grossière...


Allegra sort des toilettes avec les Porter, mère et fille. C'est au moment de rentrer dans la salle de réception qu'elle s'aperçoit de la disparition de son ticket de vestiaire. Elle s'inquiète juste une seconde. Le temps pour Takeo Shimada de la rejoindre avec le ticket en main.

— Je l'ai trouvé près du buffet. Je me suis douté que c'était le vôtre.

— Je vous remercie, M. Shimada. Je suis confuse.

— Vous aviez faim, murmure-t-il avec un air de connivence qui ne plaît pas à Allegra. Elle n'a pas l'intention de passer pour une gloutonne.

— On m'a bousculée.

— Vraiment ? dit-il avec un air soudain soucieux. Bousculée... Dites-moi, le document que je vous ai confié... Il est en lieux sûr, n'est-ce pas ?

— Pourquoi cette question, M. Shimada ? Vous croyez que... demande Allegra en fronçant les sourcils. J'ai compris que c'était confidentiel, mais pas que ça pouvait m'attirer des ennuis.

— Je suis navré. Je m'inquiète sans doute pour rien. Avez-vous un moyen de vérifier que le document est en lieu sûr ?

— Il l'est.

— Comment pouvez-vous être aussi catégorique ?

— Je l'ai sur moi, murmure Allegra pour que Shimada soit le seul à l'entendre.

— Sur vous ? s'exclame-t-il avec stupéfaction. Son regard allant du chignon tressé aux escarpins pailletés en s'attardant une fraction de seconde de plus sur la poitrine de la jeune femme.

Allegra se doute de ce qu'il imagine et ne démentit rien, le laissant supposer tout son sou. Elle hoche simplement la tête et s'éloigne en direction du vestiaire.

— Comme ma présence ne semble pas très utile, Je vais rentrer à l'hôtel. Je suis fatiguée et vous m'avez inquiétée. Je vais finir au plus vite le travail, si ça ne vous dérange pas ?

— Mais pas du tout. J'appelle mon chauffeur.

— Inutile. Vraiment. Je vais rentrer tranquillement à pied. Mon hôtel est à côté. Ça me fera le plus grand bien, je vous assure, finit-elle, ses doigts jouant inconsciemment avec la fine chaîne en or qu'elle a autour du cou.


La jeune femme du vestiaire lui tend son sac et sa veste au bout d'une minute. Allegra revêt son habit pailleté en souriant. Elle adore cette veste qu'elle a eu pour une bouchée de pain dans un magasin de déstockage de créateur deux ans auparavant. Elle ne la met pas souvent, mais quand c'est le cas comme ce soir, elle se sent bien. Lumineuse.

— Vous nous quittez déjà ? dit alors une voix derrière elle.

Allegra se retourne pour se retrouver nez à nez avec le beau coréen du début de soirée.

— Kim Min-Ho, dit-il en se penchant en avant pour la saluer, je suis en affaire avec la société Takahashi Tech de M. Shimada que vous connaissez manifestement.

— En effet. Je suis l'une de ses employées sous contrat.

— J'espérais qu'il nous présenterait, mais vous partez...

— Je crois que je me suis assez tournée en ridicule pour ce soir. Je préfère éviter le pire.

— Sincèrement, je ne vous ai pas trouvée ridicule. J'ai juste regretté ne pas être l'auteur du sauvetage...

Il sourit. Deux fossettes pour le prix d'une. Elle commence par penser qu'il est difficile de suivre ses résolutions côté mec. Puis, s'aperçoit qu'elle ne compte pas tomber amoureuse, juste profiter de ce parfait spécimen de la gent masculine pour une nuit sans conséquence. Ce qui, à bien y réfléchir n'entre pas dans les interdictions qu'elle s'est imposée cinq mois plus tôt.

Elle sourit à son tour. Savoir profiter de l'instant n'est-il pas l'un de ses principes ?


Les tribulations d'Allegra MullerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant