82/ Ne rien lâcher

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— Regarde ça !

— Ça sera parfait ! lance Allegra en attrapant le pull bleu myrtille que lui a trouvé Sally.

La new-yorkaise est une vraie dénicheuse de trésor quand il s'agit de faire du shopping. D'ailleurs, c'est elle qui a trouvé la friperie. Une véritable caverne d'Ali-baba.

— Ok pour le pull, mais pas pour le pantalon ! dit alors la voix grave de Dieter qui surgit de derrière un tourniquet de vestes diverses allant de la pailletées à la noire sobre et chic.

— Quoi ! Il est super ce pantalon framboise, et il me va parfaitement !

— Il vous va, mais il n'est pas discret. Vous vous souvenez ? Il faut des fringues passe-partout. Des fringues qui ne vous feront pas repérer à 1 km.

— Quel rabat-joie. Personne ne fera attention à moi.

— Je parie le contraire, grogne-t-il en voyant le tas de vêtements choisis par la jeune femme.

Il n'y a que des couleurs vives et éclatantes. Rien de passe-partout.

— Je n'aurais pas dû céder et vous emmener au surplus militaire.

— Le kaki ne me va pas au teint.

— Dit la fille qui met du vert sans arrêt.

— Oui, mais pas du kaki.

— Arhhhhhh ! J'abandonne !

— Petit joueur !

Dieter foudroie du regard la jeune femme. Mais contrairement à ses yeux qui crient vengeance, il n'a qu'une idée en tête : l'embrasser de nouveau. Sauf que ça n'est ni le moment, ni le lieu. Le visage mutin de Sally s'interpose entre eux.

— Vous comptez vous embrasser ? Parce que si c'est le cas, je peux faire le guet...

Dieter part en lançant un « je vous attends à la caisse. ». Les deux jeunes femmes ne disent rien, mais il a vu leurs sourires complices. Elles ont décidé de le rendre fou, et elles ne sont pas loin d'y arriver.


— Ari ? Alors ?

— J'y suis depuis une heure, et je peux dire sans mentir que je suis un putain de génie !

— Ça, je le savais déjà ! Pourquoi crois-tu que tu sois toujours en vie ?

Un blanc répond à la répartie de Dieter.

— Je rigole, Ari. Je rigole. Tu es aussi très utile pour extraire les balles et faire des transfusions.

— Tu sais que ton humour est à chier, lance Ari d'un ton lugubre.

— Je sais. Je suis barbant et je n'ai aucun humour...

— Barbant ?

— Laisse tomber. Tu en es où ?

— Je leur fous un bordel monstre... c'est jubilatoire.

— Tu es sûr qu'ils ne pourront pas remonter ta piste.

— Oh ! Ils essayent ! Ça, ils essayent ! s'exclame Ari en riant. Mais je suis Flash l'éclair !

— Buzz, lâche Dieter dans un soupir

— Quoi, Buzz ?

— Buzz l'éclair... Et c'est loin d'être un génie.

— Tu es pénible !

— Ouais, Flash. Je suis ça aussi. Tu as trouvé quoi sur moi.

— Un joli dossier qui n'existe plus à l'heure qu'il est. En fait, d'ici quelques minutes, il ne leur restera que leurs petits yeux porcins pour pleurer. Je suis en train de brûler tous leurs vaisseaux, sauvegardes comprises. Le temps qu'ils ont mis à réagir, prouve leur arrogance et leur mépris. Ils ont beau avoir plusieurs petits génies parmi eux, ils ne peuvent rien contre le grand Flash ! Y'a pas de mal de monde qui pourra nous remercier après cette opération d'effacement...

— Fais gaffe quand même.

— Fais-moi confiance ! Smith doit enrager de ne pas être dans Matrix à l'heure qu'il est.

— Sally est toujours avec toi ?

— Yes. Mais elle part bientôt.

— Est-ce que c'est de la tristesse que j'entends dans ta voix ?

— Hé ! Occupe-toi plutôt de ta rouquine ! Hein !

— Ok. Plus sérieusement, dès que tu as fini, tu lâches tout. Et tu vires tes fesses de ton nid d'aigle. On ne sait jamais.

— No soucy.

— Ouais... C'est que je tiens à toi, Ari.

— Je sais que tu m'aimes, mec. Pas la peine d'en faire un plat.

— Ça semblait important de le dire.

— Hé ! Tu vas revenir ! T'as intérêt ! Je ne m'occupe plus de ta rouquine ! Elle est folle à lier !

— Folle ? Peu commune... tout au plus.

— C'est ça ! Oui ! On en reparle quand ça sera fini et que tu lui auras fait trois gosses.

— Putain ! Parle pas de malheur !

Le gros rire de Ari empli les ondes avant de disparaître. Dieter raccroche, le regard dans le vide. Trois gosses ? Il ne manquerait plus que ça ! Se reproduire n'a jamais été dans ses plans. Tomber amoureux non plus, remarque...


Les tribulations d'Allegra MullerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant