28/ Rester zen

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Allegra inspire et expire profondément en fermant les yeux. Zen. Elle doit rester zen. Puis un détail lui revient à l'esprit. Un détail qui ne l'avait pas frappé à son réveil.

— Quelle heure est-il ?

— Près de quinze heure. Pourquoi ? demande Matthew étonné de ce brusque changement de direction de la conversation.

— Je peux encore sauver les meubles.

— Pardon ?

— Donnez-moi la clé ! s'exclame Allegra en tendant une main vers lui tout en attrapant son sac de l'autre.

— Quoi ?

— La clé. Vous avez sans doute copié son contenu. Alors maintenant vous me la rendez, et je finis mon job. J'arriverai peut-être à m'en sortir professionnellement...

Il la sort de sa poche de jean et la lui met dans la main. Elle l'attrape sans un mot de plus avant de se diriger d'un pas déterminé vers la porte d'entrée.

— Vous comptez y aller pieds nus ?

Allegra s'est retournée telle une furie vers Matthew. Ses yeux sont bleu orage. Son visage affiche un air déterminé et contrarié à la fois. Il la trouve très séduisante ainsi, mais n'en fait pas cas. Il lui sourit.

— Mes chaussures ! Où sont-elles ?

— Quelque part.

— Je dois y aller ! Rendez-les-moi !

— Pas question. Pas avant qu'on ait discuté de la suite des évènements.

— La suite des évènements ? Mais elle est fort simple. Je passe la porte de cet appartement dont j'oublie l'adresse instantanément. Je rentre chez moi. Je me change et je vais à mon rendez-vous au plus vite pour finaliser un job rémunérateur mais temporaire. Je m'excuse pour le retard et je fais celle qui n'a eu aucun problème. Ensuite, je fais mes valises et je file plus tôt que prévu vers la Nouvelle Zélande. Mes chaussures !

— Il y a juste un problème dans votre plan.

Allegra ne répond pas, croise les bras sur sa poitrine et continue de le fusiller du regard. Elle est énervée, mais elle ne peut s'empêcher de penser au string rouge sang qu'elle porte et qui la gêne. Elle a toujours détesté ce genre de lingerie ultra inconfortable.

— Les coréens...

— Une fois le fichier rendu, ils ne s'en prendront plus à moi !

— Vraiment ! Ils nous ont vu ensemble ! Kim Min-Ho doit déjà savoir ce que je suis, même s'il ne connaît pas mon identité réelle. Il ne doit pas être sûr que je l'ai doublé puisque je n'ai pas encore validé le contrat. Il doit avoir des doutes sur vous. Soit vous êtes dans le coup depuis le début. Soit vous m'avez échappé aussi. Donc le fichier est toujours dans la nature. Il ne va pas abandonner.

— N'importe quoi ! Je suis un dommage collatéral, vous vous souvenez ? Probable qu'il a déjà oublié mon nom ! lance Allegra bougonne.

— Pas s'il y a la moindre chance d'arriver au fichier ou à moi.

Allegra s'assoit lourdement sur le premier siège disponible. C'est à dire le fauteuil où sa veste est posée. Elle empoigne le précieux vêtement et fourre son visage dedans en soupirant.

— Hé ! Ça va ? s'exclame Dieter étonné de sa réaction.

La jeune femme l'a plutôt habitué au combat. Pas aux lamentations. Et certainement pas à la résignation

Allegra relève la tête pour voir s'il est sérieux quand il dit ça. Et c'est le cas. Il est venu s'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil et a passé son bras autour de ses épaules dans un geste qui se veut réconfortant. Il la fixe avec intensité. Par tous les dieux auxquels elle ne croit pas, qu'il est séduisant ! Ce type est un vrai danger public. Est-ce qu'il en est conscient ?

— N'importe quoi, lâche-t-elle en se débarrassant de son bras d'un mouvement d'épaule. Vous allez arrêter de poser cette question ? C'est stupide ! Vous êtes en train de ruiner ma vie !

— J'essaye seulement de vous la sauver, cette vie !

— Vraiment ! C'est pas flagrant vu d'ici !

— Écoutez, j'ai compris que vous tentez de sauver votre peau, mais vous êtes dans une situation désavantageuse par ma... non, par votre faute... Parce que le seul problème a été votre obstination à conserver cette clé hors de ma portée ! Si je l'avais récupérée rapidement, vous n'auriez pas entendu parler de moi, ni du coréen probablement !

— Je vous emmerde.

— Ça, c'est un fait avéré. Maintenant, il s'agit de trouver un terrain d'entente.


Les tribulations d'Allegra MullerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant