77/ Mauvaises odeurs et retournement de veste

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Le Terminator est revenu. Vu le temps qu'il a mis, Matthew est prêt à parier qu'il est allé jusqu'au campement sur la montagne. Rien n'a été laissé au hasard. Depuis combien de temps savent-ils qu'il vient ? Comment ont-il su qu'il était vivant ? Trop de questions sans réponse pour le moment. Il a besoin de Ari. Pas pour se débarrasser des tueurs, mais pour protéger Allegra. Sans elle dans le cadre, il aurait agi plus rapidement. Mais il n'avait pas anticipé l'attaque. Rien ne l'avait laissée présager. Il lui manquait des éléments pour comprendre ce qui l'avait déclenchée.

L'amant était un type du coin. Un gars qui avait ses habitudes. Comment s'était-il retrouvé associé à cette affaire ? Il y prenait part de manière trop poussée pour n'être qu'un gars recruté en seconde ligne. Il avait sans nulle doute pris part au massacre des animaux. Et il était aussi, sans nul doute, le propriétaire des chiens qui maintenant suivaient leur piste à travers les taillis. Coïncidence malheureuse ? Plan longuement élaboré ? Opportunité ? Tout cela est étrange et mérite des éclaircissements. Éclaircissements qu'il compte bien avoir.

Le pick-up recule et part sur les chapeaux de roue. Pas moyen de monter à l'arrière subrepticement. Et les chiens se rapprochent. Contre eux, il n'y a pas trente-six solutions. Il faut masquer les odeurs.


— Ça va pas ! murmure Allegra avec une mine écœurée quand Dieter lui montre l'enclos où elle stocke la litière souillée de la bergerie.

— C'est ça ou être prise. Vous choisissez Terminator ?

— Je pourrais monter dans un arbre ?

— Super idée. Et donc quand ils seront au pied du tronc ? Vous comptez faire quoi ? Devenir invisible pour éviter de vous faire canarder ? Les bombarder de pomme de pin ?

— Il n'y a pas de pin ici...

— Allegra...

— Je ne peux pas... Je ne peux pas me couvrir de ... de...

— De merde ? Si. Vous allez le faire, dit Dieter.

— Et vous ?

— Moi, je vais faire diversion pendant que vous irez vous planquer dans la bergerie.

— Dans la berg.... Non ! Non ! Vraiment ! Avec les bêtes mortes ! Non !

La jeune femme s'accroupit en jurant. Maintenant que l'adrénaline envoyée par la rage a reflué, il ne reste que la peur. La peur qui transit. La peur qui paralyse. Elle a peur et elle est furieuse de se sentir aussi démunie. Dieter la force à se relever.

— Nous n'avons pas beaucoup de temps. Vous allez le faire. Ensuite, je vous jure que vous n'aurez plus rien à craindre.

— Belles promesses...

— Cette fois, je ne vous lâcherai pas, dit-il en glissant l'une de ses mains vers sa nuque et en attirant son visage vers le sien.

Le baiser est léger. Rapide. Suffisant pour réveiller Allegra. Elle est vivante. Elle va ruiner sa veste chérie, bleu canard – et pas bleu roi ! -, mais elle est vivante. Et ses bêtes mortes vont l'aider à le rester. Dieter a déjà disparu quand elle prend une poignée de fumier et commence à la frotter sur l'étoffe lumineuse.


Dieter disparaît tout à fait et laisse place à Shade, le tueur méticuleux et calculateur. Il devient l'ombre dont il a pris le nom. Il est rapide et silencieux. Il est entré dans la maison, un terrain de jeu beaucoup plus simple à maîtriser que la colline ou la forêt. Un espace dans lequel, il est sûr de vaincre. Sauf que l'espace en question a été piégé. Il s'en aperçoit trop tard.

Brusquement plusieurs explosions ébranlent la maison et provoque un incendie ravageur.


— Ils étaient dedans ?

— J'ai vu une silhouette se faufiler.

— Et un protecteur n'abandonne pas ce qu'il doit protéger.

— Non.

— Notre collaboration s'arrête donc ici M. Martins.

— Le paiement ?

— Le virement a déjà été effectué sur votre compte. Vous pouvez vérifier.

Indifférent au brasier qui se déchaîne à une dizaine de mètres dans son dos, Rob prend son smartphone. Il ne lui faut pas plus d'une minute pour vérifier l'information. Il sourit en redressant la tête vers son associé temporaire. Mais son visage satisfait se fige lorsqu'il voit le tueur tirer sur ses chiens et braquer l'arme sur lui.

— L'argent ne vous profitera pas. Ni à vous, ni à votre fille. Je suis sûre que de là où elle est, elle appréciera l'ironie de la chose, après ce que vous lui avez fait.


Les tribulations d'Allegra MullerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant