71/ Explication de texte

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— J'y crois pas ! s'exclame Allegra en faisant les cents pas devant sa maison.

Elle est sortie avec Ari pendant que Sally s'installait dans la chambre d'ami pour dormir. La jeune new-yorkaise a prétexté les effets du décalage horaires. Il est plus certain qu'il s'agit du problème de cœur brisé. Mais son amie n'a pas relevé.

— Je vais les atomiser !

— Vous ne ferez rien, Mlle Muller. Je vais d'abord m'assurer que la maison est safe. Cette organisation a de nombreux moyens. Il ne faudrait pas qu'elle les utilise réellement contre vous.

— Non, Ari ! Je vais appeler Smith. Je ne veux justement pas vivre en ayant peur en permanence. Je veux avoir l'assurance qu'il va laisser Sally tranquille. Je dois savoir ce qu'il veut. Ce qu'il attend de moi. Pour le moment, je ne comprends pas. J'ai effectué un simple travail de traduction il y a un mois, qui s'est bien passé. Il ne m'a rien demandé d'autre.

— Il place des pions pour l'avenir. Au cas où.

— On ne prend pas autant de mesure au cas où ! Il y a autre chose.

— Je ne vois pas, dit Ari laconiquement.

Allegra s'est arrêtée de marcher face au néo-zélandais. Elle le fixe de sa pupille bleue. S'enfonce dans le noir des siennes.

— Ari... Il n'y a rien d'autre, n'est-ce pas ?

— De quoi voulez-vous parler ?

— De Dieter.

— Il est mort.

— Vraiment ?

— Vraiment.

Allegra soupire et rentre dans la maison. Elle ne voit pas la silhouette sur la crête de la colline qui observe avec attention ce qui se passe en contrebas, dans cette maison isolée. Ari non plus. Il est bien trop préoccupé par la fin de la conversation. Si la jeune femme se met à avoir des doutes sur la mort de Dieter, ça risque de compliquer les choses.



— Vous me prenez vraiment pour une quiche, M. Smith. C'est vraiment très désagréable, sachez-le. Sans compter que je ne comprends même pas vos motivations ! J'ai accepté de travailler pour vous de manière ponctuelle. Pourquoi me surveiller ? Et faire ça à mon amie !... Arrêtez de dire que vous ne savez rien de ce Georges Steel... Mon amie ne connaît personne en capacité de monter ce genre de plan foireux. Et surtout, ne voit aucune raison qui pourrait expliquer une telle arnaque !... Je vous entends, M. Smith, mais je ne vous crois pas... C'est ça ! Faites vos propres recherches ! Je suis sûre que vous allez me trouver une explication !... Comment je peux affirmer que Georges Steel n'existe pas ? Je le sais. Vous allez devoir vous contenter de cela ! Puisque vous me faites des cachotteries, je vous en fais aussi. Ça pourrait justifier le matériel coûteux dont vous avez truffé ma maison et mon chien ! Je vous le mets de côté, soyez rassuré ! ... Bien sûr que je fais intervenir un professionnel ! Ça fait six mois que vous espionnez ma vie – D'ailleurs j'espère que vous en avez bien profité ! - Je crois que j'ai acquis le droit à un peu d'intimité... Bonne journée M. Smith !

Allegra raccroche avec humeur. Smith aurait pu avoir la politesse de reconnaître ses actions. Elle déteste ce petit homme bouffi d'arrogance. Sa capacité de nuisance est trop importante pour le prendre à la légère, cependant. Ari a raison. Elle doit faire attention. Rester sur ses gardes.

La jeune femme s'étire en hauteur et se tourne. Sally est là, debout au milieu du bazar ambiant qu'Allegra maintient en permanence malgré le grand nombre de tables, placards et de penderies.

— Merci, murmure la jeune femme blonde au teint blême.

— Tu n'as pas à me remercier. C'est de ma faute tout ça.

Allegra s'approche, et Sally se cale contre elle. Elle ne pleure pas.

— Tu sais quoi, vu que Hunta t'a à la bonne, on va aller se promener avec lui dans la montagne. Je vais te montrer la beauté, à défaut de t'aider côté cœur.

— On fait une fine équipe toutes les deux.

— Ouaip. Ça, tu peux le dire, dit Allegra en observant son amie.

Elle la trouve étrangement calme.


Les tribulations d'Allegra MullerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant