Chapitre 1 - Naya

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🎶Les matins, Angèle🎶

Notre Dame, lycée privé réputé, dans lequel je me suis retrouvée à mettre les pieds pour la première fois deux ans auparavant ; et ce, malgré moi. Mes parents veulent le meilleur pour mon éducation. C'est toujours mieux d'avoir de quoi se vanter lors des repas de famille.

L'ambiance est bruyante et pourtant si pesante. Quelques camarades me prêtent attention, d'autres me font le sage cadeau d'ignorer mon existence. Ce n'est pas le cas de Hakim, un garçon aussi quelconque que les autres ; pas plus bêtes, pas plus intelligents. D'un geste naturel, il passe un bras amical autour de mes épaules.

— Naya, comment vas-tu ?

Reconnaissant son ton ironique, je perds déjà patience.

— Viens-en aux faits, Hakim. J'espère me débarrasser de toi le plus vite possible.

La tête en arrière, il éclate de rire sans pour autant relâcher sa prise sur mes épaules. Ce que les gens m'agacent à se croire tout permis.

— ­Je voulais simplement t'informer que cette année, j'ai ta mère comme professeur, dit-il en s'arrêtant pour checkerune connaissance qui s'éclipse aussi vite qu'elle est apparue.

Je profite de ce moment pour me dégager d'un coup d'épaules. Maintenant statiques, face à face, nous nous dévisageons de longues secondes.

Ma mère est professeure de lettres ici. Notre lycée a instauré une matière prénommée « culture générale » pour tous les Terminales. Elle permet aux élèves de continuer à faire de la grammaire et de se cultiver dans les domaines littéraires et artistiques. Ce sont les professeurs de lettres modernes qui s'en occupent.

— J'étais déjà au courant, haussé-je les épaules.

Hakim est arrivé au lycée en mai dernier. Depuis, dès qu'il me croise dans un couloir, il me fait la discussion. Mes rejets ont l'air de l'encourager. Certes, avec ses fossettes et son beau sourire, il est plutôt mignon, mais le physique ne fait pas tout. Lorsqu'il approche son visage du mien, une odeur mentholée me chatouille les narines.

— Et putain, je ne savais pas que c'était possible, mais elle est encore plus canon que toi.

Son intention n'était pas de me blesser, mais de me mettre en rogne. S'il savait qu'il vient de me donner un coup vif dans les entrailles, il s'en voudrait sûrement ; il est agaçant, mais loin d'être méchant. Sans même le savoir, il vient de détruire le peu de confiance que j'avais en ma possession.

— Je te laisse régler ça avec mon père à la sortie, beau-gosse, raillé-je en frappant gentiment son épaule.

J'ai à peine le temps d'apercevoir son sourire en coin que je suis déjà au troisième étage, devant les salles des scientifiques, avec Judith. Cette jolie fille aux cheveux polaires est la cousine de ma meilleure amie. Suite à de gros problèmes familiaux, elle a emménagé chez ma meilleure amie Iris cet été.

— Salut.

Ses yeux gris se posent enfin sur moi. Malgré ses lunettes rondes, je distingue parfaitement le vide que ses iris rejettent. Pour la première fois de ma vie, je peux dire que je ne sais pas sur quel pied danser avec quelqu'un. Elle ne dégage aucune émotion. Son corps, pourtant proche du mien, paraît inatteignable. Et malgré le vent qui souffle depuis ce matin, elle n'a pas émis le moindre frisson dans cette tenue ; un crop top et un jean large.

— Salut, répond-elle sans me quitter des yeux.

Comme le silence devient très vite gênant, je pense à enfiler mes écouteurs, lorsqu'elle reprend :

AVOIR MAL #1Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt