Chapitre 21 - Naya

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🎶Is There Someone Else ?, The Weeknd🎶

Cette semaine a été pourrie. Le week-end s'annonce identique avec mon petit-frère qui galère à fermer sa valise. Je l'attends depuis presque dix minutes devant sa chambre. Son colocataire n'arrête pas de me jeter des coups d'œil inquiets, comme si j'allais casser la porte à force de frapper dessus.

—   Il va bientôt arriver, sourit-il nerveusement.

—   Ça fait déjà trois fois que tu me dis ça et je ne le vois toujours pas.

Je finis par le pousser légèrement pour entrer. Je n'ai même pas le droit d'être ici car ce sont les dortoirs des garçons mais je n'ai jamais su m'y faire avec les règles.

—   Anas, qu'est-ce que tu fous ?

Il est à genoux, au milieu de la chambre, épuisé d'essayer de fermer une valise trop petite mais pleine à craquer.

—   Tu n'as pas besoin de tant d'affaires pour un week-end chez les darons.

Quand il relève la tête vers moi, je reconnais le regard agacé de papa. Il lui ressemble beaucoup, même dans le caractère. Ce sont de grands pacifistes qui fuient leurs problèmes et responsabilités.

—   Sauf que je ne rentre pas à la maison ce week-end. Je dors les trois nuits chez Ben, dit-il en fixant son pote derrière moi. Son père nous ramènera directement à l'internat dimanche, t'inquiète pas.

Son copain commence à bien regretter leur week-end entre mecs quand il constate que mon visage se ferme au fil des secondes.

—   Et tu comptais me prévenir quand ?

Ses lèvres s'entrouvrent pour lâcher un rire essoufflé et finit par se relever pour me faire face. Je suis plus grande que lui, mais il est bien parti pour me rattraper.

—   T'es vraiment culottée de réclamer que je te raconte ma vie, Naya. Quand on est à la maison, tu fais comme si je n'existais pas.

Je m'apprête à ms justifier, puis je me souviens de la présence de son ami.

—   Ben, il y a une cafétaria pas loin.

—   Oh... Je... je vais aller y faire un tour, alors.

Les yeux accusateurs d'Anas me donnent l'envie de disparaître. Je n'ai pas envie d'avoir cette discussion. Je nie mais je sais que je suis la fautive dans l'histoire. Je ne cherche pas à améliorer notre relation, sachant que je finirai par tout gâcher une énième fois.

—   Si cette valise est pleine, Naya, c'est parce que pour une fois, j'ai prévu de faire autre chose que d'attendre désespérément ton attention. Et si je ne t'ai pas prévenu de mon week-end de folie, c'est uniquement parce que j'ai demandé l'autorisation à nos parents à table samedi dernier. Je pensais que tu étais là, mais je me suis trompée. Ce n'était que ton ombre.

Je ne le mérite pas. Il ne mérite pas une sœur aussi distante que moi.

—   Explique-moi ce qui ne va pas avec moi, Naya. Explique-moi ce que j'ai fait de mal, me supplie-t-il d'une voix désespérée.

Ma seule réponse est une misérable larme qui dévale ma joue. Comment puis-je lui expliquer que je suis jalouse de lui ? Plus spécifiquement, de la complicité qu'il a avec notre mère et même avec nos deux parents ? Anas est un enfant facile à vivre : il obéit à tout, il lit beaucoup et prend le temps d'apprendre chaque cours pour le lendemain. Mes parents sont fiers de lui et ils le lui prouvent en le gâtant d'amour. Or, je suis différente : imprévisible, sulfureuse et indomptable. Je n'ai jamais réussi à me soumettre à leurs règles de vie qui me semblent profondément inutiles et très chiantes. Ils n'ont jamais su comment s'y prendre avec moi. Alors, tout l'amour qu'ils n'ont pas réussi à me donner, ils l'ont transmis à Anas qui devient un jeune homme équilibré et heureux. J'ai beau l'aimer de tout mon cœur, je n'arrive pas à accepter qu'il ait eu ce que je n'aurais jamais.

AVOIR MAL #1Where stories live. Discover now