Chapitre 37 - Blanche

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🎶Father, Demi Levato🎶

Dans la voiture, aucun d'entre nous ne parle. Je me retiens presque de respirer, anéantie. Tout allait bien avec Naya. Nous formions un couple heureux malgré nos dysfonctionnements. Nous nous promettions d'aller de l'avant en nous soutenant. Et il a fallu que Rosie fasse tout voler en éclats par égoïsme et esprit de vengeance. Est-ce que Naya voudra bien de moi après ce qu'elle a découvert contre mon gré ? Me fera-t-elle encore confiance ? Dès que je pose les yeux sur elle dans le rétroviseur, je perçois un vide sur son visage. Elle est en état de choc. Sa mère vient de la gifler devant tout le monde. Elle a perdu ses parents comme j'ai perdu les miens.

— On est arrivé. A cette heure-ci, maman doit dormir.

Au lieu de sortir de la voiture, je fonds en larmes. Tout le lycée connaît mon passé. Je n'ai même pas eu le loisir de tout raconter à Naya. Mes larmes redoublent quand Gaspard pose une main contre mon épaule. Je pleure tellement que j'en viens à suffoquer.

— Calme-toi, Blanche, s'inquiète mon frère. Respire.

Il n'y a rien à faire. Mes épaules tressautent. Mon cœur bat si fort que je n'entends plus que lui. Je n'entends même pas Naya sortir de la voiture pour ouvrir ma portière. Mes yeux sont si humides que je ne vois qu'une silhouette floue. Ses doigts caressent fébrilement ma joue en me murmurant des mots inaudibles. Quand elle m'attire contre elle, je suis rassurée.

— Blanche...

Sa voix finit par s'infiltrer dans mes tympans. Elle m'apaise.

— Blanche, écoute-moi.

Je hoche maladroitement la tête contre son épaule qui doit être pleine de bave.

— Je t'aime, Blanche, et je sais que tu m'aime aussi. C'est tout ce qui compte. On survivra à deux.

Au fur et à mesure qu'elle me dorlote, ma respiration s'adoucie. Je m'accroche à elle avec l'espoir que notre couple récent résiste à ses révélations, à nos familles qui ne nous acceptent pas comme nous sommes.

— Les filles...

J'en veux à Gaspard de ruiner ce beau moment, mais en suivant son regard, la béatitude que je ressentais est piétinée par une colère bouillonnante.

Le scooter d'Antoine se gare devant chez nous. Et la passagère derrière lui est Rosie, sans surprise. Je force à Naya à se décaler en marchant d'un pas pressé vers eux. Toute ma grâce s'évapore de ma corporalité, mais je n'en ai plus rien à faire.

Quand il enlève son casque, je découvre un visage victorieux. Celui de Rosie est plus nuancé, partagé entre satisfaction et culpabilité. Des deux, elle a toujours été la plus faible.

— Rosie m'a dit que notre petite surprise ne t'avait pas enchanté. Si j'avais su, j'aurais évité, ricane-t-il.

Rentrer dans son jeu sarcastique ne me tente même plus. Je suis lessivée. Je n'ai plus aucune énergie. Et mon état désastreux n'a rien de corporel. Tout est psychique.

— Comment est-ce que tu as pu me faire ça, après tout ce qu'on a vécu ensemble, Antoine ? Comment ?

En prononçant son prénom, je réalise que Naya comprend enfin qu'Antoine avait toujours été près de nous. Se sent-elle trahie que j'ai manqué de courage pour le lui avouer ?

— Tu m'as trompé avec ma sœur, Blanche.

Cette fois, son amusement vain l'a quitté pour être remplacé par une blessure qu'il n'a jamais réussi à panser. Tout en me pointant du doigt, il reprend son récit.

AVOIR MAL #1Where stories live. Discover now