AVOIR MAL #1

Chapitre 31 - Naya

🎶House Of Balloons, The Weeknd🎶

En sortant de mon lit, je compte les heures avant de retourner à l'internat. Passer mes week-ends chez mes parents est un véritable supplice. Je n'ai qu'une hâte, me barrer d'ici. La question est quand, et surtout, comment. Même avec une bourse, je n'aurais jamais les moyens financiers pour quitter le nid familial.

—   Naya, du café ? me propose ma mère quand j'arrive dans la cuisine.

Je hoche la tête en baillant. Mon père me réprimande car je n'ai pas mis la main devant ma bouche. Même mon petit frère roule des yeux.

—   La CPE m'a confirmé que tu avais fait toutes tes heures de colle, dit ma mère. Par contre, tu continues quand même à arriver en retard à quelques cours. Notamment sur tes spécialités qui sont quand même des matières primordiales pour ton BAC et ton orientation future.

Un nœud me noue l'estomac, étant dans le flou total. Nous ne sommes qu'au début d'année scolaire, mais les professeurs dialoguent déjà de nos orientations. Grâce à mes notes, ils ne s'attardent pas trop sur mon cas. Ils me destinent tous aux prépas scientifiques mais je sais que ce n'est pas fait pour moi. Je n'aime pas travailler. Je ne suis pas passionnée par les chiffres. Je ne suis attentive qu'à l'alcool. Et même barmaid, je ne pourrai pas l'être.

—   Tu as déjà pensé à l'année prochaine, d'ailleurs ?

Ouais, je veux me casser de cette maison de merde.

—   Pas vraiment, dis-je, désintéressée.

Ma réaction suffit à contrarier ma mère. Quant à mon père, il reste fidèle à lui-même à la rassurer en oubliant qui est véritablement perdue.

—   Nous t'inscrirons aux journées portes ouvertes de toutes les universités et de tous les lycées à proximité, conclue-t-elle. Tu penseras également à prendre rendez-vous avec la conseillère d'orientation. Elle pourrait t'aiguiller sur certaines filières.

Même mon père ne parvient pas à masquer sa contrariété.

—   Tu me proposes de demander conseils à une femme qui ne rêve que d'une chose, quitter son métier pourri ?

—   Aucun métier n'est moins méritant qu'autre, Naya !

Et maintenant, elle prétend que je fais du mépris de classe...

—   Ce que veut dire Naya, chérie, c'est qu'une inconnue n'est pas vraiment apte à la guider.

Je devrais noter la date et l'heure. Aujourd'hui est un jour mémorable pour l'Histoire. Mon père m'a défendu face à ma mère.

Je décide que le sujet est clos quand Anas nous rejoint avec sa mine endormie.

—   Cette discussion n'est que reportée, affirme ma mère.

Je me cache derrière ma tasse en restant silencieuse tout le long du premier repas de la journée.

Plus les heures passent et plus je m'éteins, enfermée dans ma chambre, entre quatre murs. Je déprime beaucoup ici, isolée et incomprise. Mes parents passent leur temps ensemble. Mon frère fait ses devoirs, lit ses mangas et fait du foot avec ses copains dans un parc à quelques mètres de notre lotissement.

Je suis surprise qu'il toque à ma porte. Souvent, vers seize heures, il est derrière un ballon.

—   Tu ne joues pas ?

—   Non, répond-il en fermant la porte derrière lui. Mon meilleur pote s'est tordu la cheville à l'entraînement, alors j'ai pas envie d'y aller.