Chapitre 23 - Blanche

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🎶Shameless, The Weeknd🎶

— Prenez place dans le fond et taisez-vous, Mademoiselle. Votre voix me donne mal à la tête !

Comparé aux autres élèves, je ne rigole pas. Naya est dans ma ligne de mire. Cette traitre avait déjà croisé Rosie dans les couloirs et n'avait pas daigné me prévenir.

— Blanche... souffle-t-elle en s'asseyant à côté de moi.

Pour attirer mon attention, elle tend la main vers moi. J'agrippe son poignet pour le claquer contre le rebord de la table. Les yeux écarquillés, elle me dévisage, déconcertée.

— Mademoiselle La Nouvelle, je vous avais dit de ne pas faire de bruit !

Ce prof est tellement con qu'il n'a même pas remarqué que tous les élèves sont les yeux braqués dans notre direction.

— Cela n'arrivera plus, Monsieur.

Et cette conne est juste derrière moi.

C'est plus fort que moi, je pivote dans sa direction pour rencontrer son regard joueur et inquisiteur.

— N'es-tu pas contente de me retrouver, Blanche ? chuchote-t-elle en mordant sa lèvre, aguicheuse.

Je finis par me rasseoir correctement en prétextant suivre le cours alors que j'ai compris depuis bien longtemps que ses cours sont une aide pour les gens bêtes. Si l'on est intelligent, on obtient des notes excellentes aux dissertations.

Naya me tend un papier chiffonné sur lequel il est écrit :

Rejoins-moi aux toilettes d'en bas.

— Monsieur, est-ce que je pourrais aller aux toilettes ?

— Bien sûr, Mademoiselle ! Venez en retard et ratez la moitié du cours ! Vous êtes une déléguée exemplaire. Il ne manquerait plus vous fumiez des joints au lycée.

Les élèves rigolent mais je pense que tout le monde a remarqué ses yeux légèrement rouges. Ce qu'il consomme est tout, sauf de la nicotine.

— Répondez à cette question avant de partir, reprend-il quand elle ouvre la porte. Pourquoi est-ce qu'être un être humain n'est pas naturel ?

Les rires cessent. Tout le monde est dans l'attente. De mon côté, plus je la regarde et plus je veux la tuer lentement afin qu'elle souffre autant que sa trahison me fait mal.

— Car... L'homme est endoctriné par la société qu'il a lui-même créé, d'ailleurs.

Le regard du prof s'emplit d'une fierté qui m'étonne. Il a toujours l'air agacé et il passe son temps à répéter que nous ne sommes pas aussi intelligents que lui à son âge.

— Écrivez ce qu'elle a écrit ! Écrivez ! Écrivez !

Quand Naya quitte la salle, je me demande si je fais bien de vouloir la rejoindre. Je suis partagée entre un flot d'émotions contradictoires qui m'empêchent d'être rationnelle et de réfléchir intelligemment. Je lui reproche souvent d'être impulsive mais je le deviens à cause d'elle.

— Mademoiselle Andréa ?

Je relève brusquement les yeux vers le prof qui m'appelle. Je garde le silence, n'ayant rien écouté des dernières dix minutes qui viennent de s'écouler.

— Pouvez-vous aller me chercher un goûter à la cafétaria de la salle des profs, s'il vous plaît ? m'implore-t-il en s'affalant sur sa chaise. J'ai si faim !

Je me lève prudemment, peu confiante. Mes camarades semblent tout aussi éberlués. Tout le monde l'est, sauf lui.

— Vous êtes sûr ? Je veux dire... Je n'ai pas le droit d'entrer dans cette salle.

AVOIR MAL #1Where stories live. Discover now