Chapitre 8 - Naya

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🎶Hope ur ok, Olivia Rodrigo🎶

Quoi de mieux pour entamer une journée en étant de bonne humeur, qu'un cours de philosophie avec un prof perché ? Au moins, il est toujours tiré à quatre épinglés ; qu'il porte un col roulé ou une simple chemise avec un costume, son élégance paraît innée.

—   Qui sommes-nous ?

Je sens que j'aurais dû boire plus de café avant de venir.

Comparé au cours précédent, Blanche et moi sommes venues avec quelques minutes d'avance, pour être sûres pouvoir entrer sans embûche.

Malgré le fait que nous ayons dormi ensemble, elle s'est assise à l'opposé de ma place, près de Jeremy qui n'a d'yeux que pour le prof. Je ne peux pas le blâmer. Avec ses cheveux noir corbeau et son regard tout aussi ténébreux, on croirait qu'il revient des enfers. Plutôt ironique quand on l'entend s'appeler Éros, le dieu de l'amour.

—   Qui participe à notre identité ?

Monsieur Conti énumère les questions. Bien qu'elles soient captivantes, je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil à Blanche. En m'apercevant qu'elle me regarde déjà, mon cœur loupe un battement. Son visage ne laisse transparaître aucune émotion mais je commence à la connaître. Et là, elle ressent des émotions qu'elle préfère cacher autant à moi, qu'à elle-même.

—   Comment suis-je devenu moi ? Comment êtes-vous devenu vous ?

Par dignité, je m'abstiens de lui accorder mon attention plus longtemps. Pour me distraire, je participe.

—   Nous apprenons à nous connaître au fil des années par nos expériences et nos connaissances. Puis nous changeons car... nous le devons, d'une certaine manière.

Je pense avoir piqué son intérêt puisqu'il se met à sautiller jusqu'au tableau pour écrire des mots clés, récapitulant ma participation.

—   Notre caractère y est pour beaucoup, ajoute Jeremy.

—   Selon vous, votre personne repose sur des caractéristiques aléatoires ? Votre vie est bien fade, jeune homme.

Quelques élèves ricanent.

—   Vous n'avez pas choisi qui vous êtes, reprend-il en ouvrant la fenêtre malgré le vent agressif. Tout repose donc sur le hasard. Votre corps, par exemple, aucun d'entre vous ne l'a choisi. Si cela avait été le cas, j'aurais choisi des ailes qui me permettraient de voler...

Et voilà qu'il se remet à dérailler...

Sa main caresse le vent. Ce mec n'est pas net. Il ne peut pas être prof.

—   Monsieur ? intervient un élève. Pourriez-vous fermer la fenêtre, s'il vous plaît ? Ils annoncent de fortes pluies pendant toute la matinée.

Le prof se tourne vivement vers nous, comme s'il venait de réaliser un élément fantastique.

—   Ne bougez pas ! J'ai laissé la vitre de ma voiture ouverte !

La porte claque derrière lui.

Pendant de longues secondes, tout le monde se demande quoi faire. J'ouvre le bal en quittant la salle, sachant qu'il ne reviendra pas avant les dix prochaines minutes. Iris attrape mon bras pour me suivre dans les couloirs.

—   Je n'arrive vraiment pas à comprendre ce prof.

—   Je pense que justement, on ne devrait pas chercher à le comprendre. Lui-même ne se comprend pas.

Elle acquiesce avec amusement pendant que je regrette de ne pas avoir une bouteille sur moi.

—   Sinon, Naya. Tu te souviens de l'anniversaire de Poupette ?

AVOIR MAL #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant