AVOIR MAL #1

Chapitre 27 - Blanche

🎶Miss You, Southstar🎶

Mon téléphone n'arrête pas de sonner depuis ce matin, depuis que j'ai séché mon premier cours, plus précisément. Ce n'est pas dans mes habitudes de rater des cours sans justificatif, donc ma mère m'incendie de messages. Je mets mon téléphone en sourdine en entrant en classe. Il s'agit d'un cours de philosophie.

Au départ, nous étions tous sceptiques, notamment sur ses méthodes radicales et sa personnalité exubérante. Finalement, c'est devenu l'un de nos professeurs préférés. Nous avions besoin d'un temps d'adaptation, mais il faut le reconnaître, ses cours sont les plus intéressants et divertissants. Il n'y a pas une seule leçon que j'ai trouvée inutile ou encore, inintéressante.

— Love, comment allez-vous ?

Les pieds sur son bureau, Conti est affalé sur son siège en cuir. C'est le seul à avoir un siège pareil et non une chaise en bois comme ses collègues.

L'élève qu'il a pointé du doigt se redresse automatiquement, surprise de sa question.

— Eh bien... Je vais bien. Très bien, même.

— Vous êtes sûre ? insiste-t-il, suspicieux. Avec un prénom pareil, la vie ne doit pas être facile.

Quelques élèves gloussent mais il passe vite à autre chose en croisant mon regard et la place vide à mes côtés.

— Blanche ! Naya n'est pas avec vous ?

— Elle est malade.

Elle est sûrement en train de boire dans un toilette qui pue la pisse.

— J'ai cru comprendre qu'elle était souvent malade quelques heures dans la journée, dit-il, sarcastique. J'espère qu'elle trouvera un remède.

Je me contente d'étirer mes lèvres d'un sourire amusé mais respectueux.

Il interroge encore une autre élève avant de soupirer lourdement.

— De toute évidence, je ne trouverai jamais à qui appartient ce soutien-gorge.

Il déplie le tableau à craie, nous faisant découvrir un soutien-gorge accroché. Mon cœur loupe un battement et mes yeux s'écarquillent avant que je ne redevienne maître de mes esprits. Mon visage neutre observe la dentelle noire qui recouvre l'intégralité. A cause de l'obscurité, je ne pouvais pas la voir mais mes doigts se souviennent de la dentelle que je frôlais. C'est celui de Naya, sans aucun doute.

— Vous avez trouvé un soutien-gorge dans votre salle de classe ? questionne un élève, estomaqué.

Certains retiennent leur souffle, quelques mecs font des blagues embarrassantes et d'autres ricanent. Je dois me retenir de ne pas me ruer sur ceux qui sortent discrètement leur téléphone.

— Non, je l'ai trouvé à la bibliothèque ce matin, dit-il en toisant le bien de Naya. Je me suis permis de le ramener ici pour démasquer le coupable. On ne baise pas dans une bibliothèque, les enfants. On fait ça dans la forêt ! C'est bien plus classe.

Il tourne la page en entamant son cours mais pour une fois, je n'écoute pas grand-chose. J'aimerais envoyer un message à Naya mais mes doigts tremblent entre mes cuisses. Mes poils se hérissent en sentant Rosie s'approcher dans mon dos. J'avais presque oublié sa présence.

— Je peux savoir ce qui te fait tant stresser, Blanche ?

Je la remercie de murmurer.

— Je ne suis pas angoissé, Rosie. Tu dois faire erreur, mais venant de toi, ça n'a rien d'étonnant.