Chapitre 10 - Naya

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🎶all the kids are depressed, Jeremy Zucker🎶

Comment peut-on aimer et à la fois détester quelqu'un si fort ? Comment ai-je pu être amie avec une fille qui ne me respectait pas ? Comment ai-je pu tolérer ça ?

Afin de cesser ce flot de questions, je décapsule ma bouteille pour en insurger de longues gorgées qui me brûlent la peau avant de l'anesthésier à la douleur.

Soudain, plus rien n'a d'importance. La tête en l'air, j'admire les nuages. Je marche entre eux. Je divague. Je ris, un peu. Et puis, tout s'emmêle dans mon esprit. Ma mère, Iris, Blanche et enfin, Adam. Ces mots seront à jamais gravés dans mon esprit.

C'est toi, qui crèveras en enfer.

Je bois plus.

Ce n'est pas moi qui suis musulman et qui boit, fume, baise...

Je bois plus vite.

Bientôt, on va apprendre qu'elle est bisexuelle ou lesbienne.

Je bois jusqu'à m'étouffer.

Mes larmes se mélangent au goût à la fois appréciable et horrible de l'alcool. Tout devient flou. J'entends des voix, je sens des regards lourds de jugement et de reproches. Je ne parviens pas à les distinguer, mais je sais qu'ils ne me lâchent pas. Je sais qu'ils m'épient et attendent la moindre de mes erreurs pour me jeter aux gouffres de l'enfer. Seulement, je ne suis pas prête. J'ai peur. Jamais je ne pourrai faire face à Dieu après tous les péchés que j'ai commis et commets tous les jours.

Ma seule délivrance, c'est la mort. Mais cette délivrance est empoisonnée. Je ne peux pas mourir, je ne suis pas prête. Je ne suis ni prête à vivre sans culpabiliser pour ce que je suis, ni prête à quitter ce monde pour me délivrer de toute cette souffrance.

—   Naya !

Une main vive m'attrape pour me plaquer contre un mur en briques. Un cri m'échappe, mais je suis soulagée d'apercevoir Blanche.

—   Tu as failli percuter une voiture ! hurle-t-elle.

J'explose de rire. J'aime bien Blanche, mais elle dramatise toujours tout.

—   Merde, j'avais oublié qu'il y avait des voitures sur la route.

Elle continue sa leçon de morale, mais je ne l'écoute pas. Je bois, et ris à gorge déployée. A bout de nerfs, elle attrape fermement ma gorge afin que je maintienne son regard. Je m'y plonge sans parvenir à comprendre son énervement.

—   A partir d'aujourd'hui, c'est fini les conneries, Naya. Tu arrêtes l'alcool.

J'aimerais faire autre chose que rire, mais cela m'est impossible. Si j'arrête de rire, je m'effondre. J'ai déjà trop baissé ma garde avec elle.

—   Il n'y a rien de drôle, Naya.

Elle appuie encore plus fermement ma gorge. Qu'elle continue, je n'ai même pas mal.

—   Continue, souris-je. T'es trop sexy quand tu t'énerves.

Un instant, sa main se desserre à cause de la surprise. Puis son regard redevient sombre et ses doigts m'agrippent de nouveau. Elle va bientôt m'abandonner sur ce trottoir alors qu'il commence à pleuvoir. Je l'aurais mérité, elle essaye de m'aider et moi, par ma simple existence, je l'encourage à partir.

—   T'es chiante, Naya, souffle-t-elle avant de m'embrasser.

Au départ, je ne réagis pas. Je ne comprends même pas ce qu'il se passe. Puis lorsque ses lèvres dévorent les miennes, lorsque j'attire son corps fin contre le mien, là, je comprends. Je comprends que je ne suis pas totalement hétérosexuelle, je comprends que même mon désir, je ne peux pas le maîtriser. Je comprends que c'est avec elle, c'est avec une femme que j'aime mon corps, que je perds la tête, que je perds le contrôle et que bordel, j'aime ça.

AVOIR MAL #1Where stories live. Discover now