Chapitre 35 - Blanche

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🎶Formula, Labrinth🎶

Hier soir, je n'avais pas envie de rentrer chez moi. Prétexter que cette maison est mon chez-moi sous prétexte que je l'hériterai s'avère suspicieusement ironique. J'aime ma mère. Je suis fière que ce soit cette femme forte qui m'ait inculqué de belles valeurs. Le fait est qu'en grandissant, on se rend compte que nos parents ne sont pas les super-héros que l'on considérait. Ma mère n'a rien de la femme fatale qui me répétait ses discours féministes à longueur de journée. Je me demande où est passée celle qui clamait que les hommes n'étaient qu'un ajout à notre vie, que l'on ne devait pas dépendre d'eux, autant émotionnellement que financièrement.

Avant de la rejoindre pour petit-déjeuner, j'allume mon téléphone pour tomber sur une photo de Naya et moi. nous nous regardons avec des étoiles dans les yeux, un grand sourire creusant maladroitement nos joues. Le coucher de soleil derrière nous apporte un certain réconfort.

—   Ma belle, tu es levée. Comparé à ton frère encore au lit, sourit-elle de bonne humeur.

Je n'ai pas à répondre car la voix grave et endormie dans mon dos le fait à ma place.

—   Tu peux me servir du café, je suis bien là.

Elle masque sa surprise en l'invitant à nous rejoindre dans la cuisine, sur la table en hauteur. Elle paraît si gaie que je me demande comment est-ce que j'ai pu être si aveugle. Gaspard croise mon regard derrière sa tasse de café, mais il n'en pense pas moins sur ma stupidité.

—   Tu as trouvé ton bonheur hier ? On n'en a pas parlé à cause de mon dîner avec Catherine, je suis désolée, ma belle, soupire-t-elle d'une voix si sincère et pourtant si fausse.

C'est notamment par rapport à ma cession shopping avec Naya et les filles que je ne voulais pas rentrer. Je n'ai pas seulement trouvé mon bonheur, je me suis trouvée des copines. Certes, un peu particulières avec Judith qui ne parle pas, ne bouge pas et ne sourit pas et Carla qui est un véritable moulin à parole. Et pourtant, je pense que ça doit être pour cette multitude de spécificités que je me suis bien sentie.

Naya et moi n'avons pas débriefé de cette après-midi, mais dans notre chambre, son enlacement suivi d'un « merci » était amplement significatif. Enfin, elle a enfin compris que j'ai révélé sa plus grosse honte par amour et par souhait de l'aider. Nous allons nous retrouver ce soir, mais elle me manque depuis hier soir. J'ai à peine trouvé sommeil à cause de mon cœur qui ne cesse de s'accélérer de bonheur.

—   Tes dîners avec Catherine deviennent hebdomadaires.

Ma mère blêmit en entendant son fils. Essaie-t-il de lui faire comprendre qu'il sait ? Dans tous les cas, je ne souhaite pas entrer dans son jeu.

—   Ne l'écoute pas, maman. Profite, c'est rare que tu te fasses des amies. Tu devrais l'inviter à manger à la maison, au lieu manger au restaurant tous les vendredis. Vous feriez toutes les deux des économies.

Faire culpabiliser quelqu'un est bien jouissif que d'envenimer sa peur, même quand il s'agit de ma mère.

—   Gaspard et moi serions contents de découvrir la source de ton bonheur récent, ajouté-je d'une voix émue.

Je fais exprès de pétiller mes yeux pour agrandir sa culpabilité. Je teste ses limites. Jusqu'où est-elle prête à me mentir en me regardant droit dans les yeux ?

Si je ne la connaissais pas aussi bien, je croirais qu'elle n'est pas à l'aise. Elle est trop souriante, tentant vainement de masquer la scène de crime par son charme éloquent.

—   Mes chéris, vous êtes mon bonheur, répond-elle en caressant le dos de nos mains.

Nous enlevons en même temps nos mains, comme si son toucher nous avait brûlé. Vexé par notre rejet, ses lèvres s'entrouvrent sans parvenir à cacher sa réaction.

AVOIR MAL #1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora