Chapitre 32 - Naya

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🎶EndGame, Taylor Swift🎶

Mais au moins, tu ressentiras quelque chose pour moi.

Ses mots bourdonnent dans mon esprit de façon obsessionnelle. Et les mouvements de nos corps épris l'un envers l'autre m'ont empêché de trouver sommeil. Ça a toujours été elle qui diriger, hier, ça a changé. Notre relation a changé. Plus nous nous aimons, et plus nous prenons un plaisir mordant à se haïr mutuellement.

— Naya, tu as une petite mine, roucoule Rosie. Tu sais que tu peux compter sur moi en cas de besoin.

Ses lèvres s'étirent un sourire satisfait quand je pose les yeux sur elle, le visage aiguisé par la colère que je porte sur les épaules depuis hier.

Nous attendons que le prof arrive pour entrer en cours. Blanche est à quelques mètres en pleine discussion avec Judith et Carla, ne faisant qu'accentuer mon état d'esprit peu clairvoyant.

— Tu as bonne mine, Rosie. Tu n'as pas dû dormir dans ta chambre cette nuit, nos gémissements t'auraient tenu éveiller.

Son visage s'assombrit en toisant Blanche qui ne fait pas attention à nous. Je me doute qu'elle fait exprès.

Quand le prof accoure vers nous, tous les élèves se retournent pour l'admirer. Malgré son comportement étrange, il dégage une aura stimulante. Je remarque qu'il se lâche uniquement pendant nos cours. Le reste du temps, il toise les autres avec sa clope ou son joint au bout des lèvres, éteint.

Rosie me souffle au visage :

— Tu ne paies rien pour attendre.

Je m'approche d'elle en répondant d'une voix féline :

— Tu parles beaucoup, mais tu agis peu. Tu n'as rien de féroce, Rosie.

A chaque cours de philosophie, Blanche et moi sommes côte à côte. Je m'attends à ce que ce soit Carla qui prenne place à mes côtés mais c'est Judith qui s'assied sur la chaise voisine à la mienne.

— Un problème ?

Si je devais réagir ainsi dès qu'elle me dévisageait, je n'aurais déjà plus de salive.

— J'ai plein de problèmes, Judith, mais à quoi bon te les avouer si quelqu'un l'a déjà fait à ma place ?

D'abord, je pense rêver mais ses lèvres forment bel et bien une moue qui se rapproche d'un... sourire. Elle est en train de se moquer de moi mais je suis trop subjuguée par le spectacle qui se déroule sous mes yeux sans doute écarquillés.

Son sourire n'atteint pas ses iris vides, mais ses pommettes se haussent presque imperceptiblement. Si ma table n'était pas collée à la sienne, je ne distinguerais aucune différence.

— Tu es vraiment une dramaqueen, Naya. Elle n'a fait que s'inquiéter pour toi. Tu devrais te montrer reconnaissante.

— Reconnaissante de sa trahison ?

Je n'accorde ma confiance à personne par peur du regard des autres. Je ne veux pas que mon entourage voit que derrière ma carapace, il n'y a rien d'autre qu'une montagne de larmes qui n'attend qu'une chose : être libérée. A cause de Blanche, je me sens mise à nue. Tout ce que je m'efforce à cacher, à refouler, tous ses mensonges, tous ses faux sourires... Tout mon travail ne sert plus à rien maintenant qu'elle connaît les profondeurs de mon âme.

— Blanche s'occupe de toi toute seule depuis quasiment deux mois. Elle est aussi humaine que toi.

— Je n'ai besoin de personne.

AVOIR MAL #1Onde histórias criam vida. Descubra agora