Chapitre 34 - Naya

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🎶Faith, The Weeknd🎶

Je n'ai jamais été une fierté pour mes parents. Je l'ai compris en grandissant, en voyant le regard sceptique de mon père sur mes tenues, et celui de ma mère, fidèle à son exigence naturelle. Ma mère est une femme intransigeante avec elle-même. On peut le remarquer dans sa façon de se vêtir, de se tenir mais également dans le vocabulaire plus ou moins érudit qu'elle utilise quotidiennement. Il est évident que je ne réponds pas à ses attentes.

Je n'aurais pas dû espérer qu'ils soient tolérants envers moi. Le fosset entre nous est réel. Dès que je l'ai senti, je me suis braquée. Au lieu de persévérer, ils ont cessé d'être des parents pour moi. Les câlins se faisaient rares, les bisous aussi, quant aux petits surnoms, inexistants. Je me suis sentie abandonnée. Pourtant, je l'ai cherché à les envoyer bouler à la moindre occasion. Malgré ça, je leur en veux qu'ils offrent tout l'amour qu'ils ont cessé de me donner à mon frère.

En arrivant au lycée, toutes les personnes au courant ne me quittent pas des yeux en soufflant mon prénom dans l'oreille de leurs amis. Leurs regards ne me réjouissent pas, mais ils ne font pas aussi mal que celui de mes parents. J'arrive donc à passer outre en laissant mes talons claquer derrière moi.

Comme cette journée est pourrie, mon prof est absent alors que l'on avait cours de huit heures à dix heures. Je me retrouve donc dans la bibliothèque, cherchant tout de même à éviter mes camarades de classe qui sont dans la cour ou dans le parc d'à côté.

Je ne me sens plus à l'aise dans cet endroit à cause de toutes les rumeurs qui circulent, mais les salles d'étude ne sont pas ouvertes le matin.

Pendant que je sors mes affaires, les pupilles de deux filles sur la table d'en face pèsent sur mes épaules. Je les ignore en lisant le sujet de ma dissertation mais leurs voix m'empêchent de me concentrer.

— Apparemment, elle aurait couché avec son prof ici. Peut-être qu'elle l'a fait sur la chaise où tu es assise, glousse-t-elle.

Source : la voisine.

Le visage de sa copine émet une grimace qui lui donnera des rides dans une vingtaine d'année.

— Sérieux ?

— Bah... Son soutien-gorge a quand même été retrouvé dans son bureau.

Comme elles ne sont pas discrètes, les personnes près de nous font les yeux en rond en me dévisageant, presque repoussées.

— Alicia ?

La fille prénommée Alicia redresse ses épaules en dévorant Anas du regard. Je n'avais même pas remarqué qu'il venait d'entrer.

— Ne compte pas sur moi pour notre café librairie. Je le ferai avec Brenda.

Outrée qu'il la remplace aussi facilement, elle argumente d'une voix désespérée, attirant par la même occasion les foudres de la bibliothécaire.

— Brenda me fait la misère depuis qu'on flirte ensemble. Et puis, elle a un prénom de cassos. Tu ne peux pas me remplacer et encore moins par... ça !

— Je préfère sortir avec Brenda qu'avec une fille qui se moque de ma sœur.

Il avance vers moi et dans son dos, il l'entend lui dire :

— C'était juste une blague. Et ce n'est pas ma faute si elle baise avec un prof.

Enragée, je me lève pour la remettre à sa place, mais les mocassins qui claquent dans les escaliers m'empêchent de prononcer le moindre son. Ma table et la leur sont presque collées aux escaliers tant elles sont proches. Les filles deviennent rouges de honte. Je ne dois pas être mieux. Avec ce prof, on ne sait jamais à quoi s'attendre.

AVOIR MAL #1Where stories live. Discover now