AVOIR MAL #1

Chapitre 3 - Blanche

🎶Take My Breath, The Weeknd🎶

En marchant vers la même salle, Naya et moi avons rapidement compris que nous étions dans la même classe. Néanmoins, nous ne passerons pas beaucoup de temps ensemble en classe car les heures de spécialité prennent tout l'espace sur notre emploi du temps.

—   Tu verras, ce cours est à chier, braille-t-elle quand la prof nous ouvre la porte.

Je la suis timidement en priant pour que la professeure n'ait rien entendu. Cette dernière est très élégante dans son ensemble bleu marine, haut perchée sur des talons qui affine sa silhouette déjà très mince.

—   Bonjour à toutes et à tous. Je vais d'abord procéder à l'appel.

Je suppose que Naya n'avait pas très envie d'être au deuxième rang, mais elle a suivi Iris qui tenait à être devant. Et j'ai suivi le mouvement bêtement.

Je fais pitié à avoir peur d'être seule.

La professeure explique en quoi consiste sa matière. Ayant un profil littéraire, j'ai hâte de suivre ses cours de culture générale.

De temps à autre, je jette un coup d'œil à la brune en face de moi qui n'a qu'une envie, se barrer de cette salle. Je suis curieuse de savoir ce qu'elle a mais nous ne nous connaissons pas suffisamment – pas du tout, d'ailleurs – pour que je la questionne sur le sujet.

—   Connaissez-vous des œuvres qui ont fait scandale dans la littérature ?

J'ai à peine le temps de lever la main qu'elle a déjà interrogé Judith.

—   Les fleurs du mal de Baudelaire.

—   Oui, très bien !

Comme j'ai la tête légèrement tournée vers la prof, je vois les yeux se Naya se rouler dans mon champ de vision.

—   En connaissez-vous d'autres dans le genre du roman ?

Cette fois, elle m'interroge.

—   Les liaisons dangereuses de Laclos. En effet, le personnage féminin est aussi monstrueux que le personnage masculin. Et le récit étant écrit en épistolaire permet au lecteur d'être dans la peau de chaque personnage. Ainsi, il peut comprendre leur psychologie et leur nuance : aucun n'est véritablement le même, ils changent tous selon la personne à qui ils s'adressent.

La professeure paraît impressionnée, écrivant quelques mots clés au tableau.

—   Exactement ! Et c'est cet aspect qui nous intéressera, puisque la plupart des individus se comportent comme ces personnages.

J'étais bien partie pour écrire la totalité du cours, mais Naya me déconcentre en tapant du pied contre le sol en faisant du bruit avec son stylo quatre couleurs. Heureusement pour elle, la prof ne remarque rien mais pour moi, c'est franchement embêtant.

—   Naya, tu peux arrêter ça, s'il te plaît ?

Elle fait comme si elle n'avait rien entendu, continuant ses gestes insupportables. Autour de nous, personne ne semble s'en soucier. Mais moi, ça m'emmerde. Tout naturellement, je recouvre son stylo par-dessus sa main en me penchant vers elle.

—   J'ai dit, arrête.

Cette fois, j'ai son attention.

Ses pupilles plongent dans les miennes, me donnant l'envie naïve de plonger plus loin. Elles expriment le vice et l'orgueil. Je discerne de l'étonnement dans son regard joueur. Elle pensait sûrement que j'étais le stéréotype parfait de la nouvelle, timide et douce. Elle va vite s'apercevoir qu'elle s'est bien trompée.