AVOIR MAL #1

Chapitre 30 - Blanche

🎶Pacify Her, Melanie Martinez🎶

Soulagée que ma journée soit enfin terminée, j'entre dans ma chambre pour récupérer ma valise. J'ai un mouvement de recul en constatant que Naya est déjà partie pour le week-end. C'est la première fois qu'elle part avant moi. Habituellement, elle attend sa mère qui donne son dernier cours à dix-sept heures. Elle aurait pu être en week-end plus tôt exceptionnellement mais je suis tombée sur elle dans un couloir. Elle n'avait pas du tout l'air en week-end.

Je lui envoie un message et attends sa réponse en tournant en rond. Au bout d'une demi-heure, je comprends qu'elle ne me répondra jamais. D'un soupir, je ferme la porte derrière moi et marche jusqu'à l'ascenseur. Les portes sont encore ouvertes quand Rosie se trouve dans mon champ de vision. Ma dignité m'ordonne de ne pas appuyer sur le bouton une seconde fois, mais elle ne fait que me regarder. Son visage neutre me déconcerte. Je suis d'autant plus étonnée qu'elle prenne les escaliers au lieu de venir à ma rencontre comme elle a l'habitude de le faire.

Le vibreur de mon téléphone me sort de ma réflexion. Je me précipite dessus mais la déception me serre le ventre. Ce n'est que ma mère qui me prévient qu'elle ne rentrera pas avant minuit. Une amie l'invite à dîner. C'est déjà la troisième fois qu'elle rentre très tard pour papoter avec une copine. Je suis contente pour elle. Depuis leur divorce, elle avait cessé de prendre du temps pour elle.

— Blanche !

J'accélère le pas en franchissant la grille du lycée, reconnaissant l'insupportable voix d'Arthur. Ce mec ne m'a pas lâché de la semaine, insistant pour discuter de Naya avec moi comme si son cas était sa priorité.

— Blanche !

Je me dégage vivement de lui lorsqu'il attrape mon coude pour que je pivote dans sa direction.

— Pour qui est-ce que tu te prends ?

Remarquant que nous avons attiré quelques regards curieux, il déglutit en me faisant signe de le suivre sur le parking d'en face. J'hésite avant de capituler. Autant remettre les pendules à l'heure maintenant. Fuir ne sert pas à grand-chose.

— Je ne voulais pas...

Nerveux, il balbutie des excuses misérables en triturant ses mains.

— Tu agis toujours sans réfléchir et tu regrettes toujours tes actes deux minutes après. Je ne sais pas quelle éducation on t'a donné, mais tu devrais te prendre en charge. Bientôt la majorité, non ?

Comme il reste bouche bée, je décide de lui dire ce que j'ai sur le cœur depuis mon arrivée ici.

— Tu es ami avec Naya depuis des années. Jusqu'à présent, tu fermais les yeux sur son cas parce que ça t'arrangeait. Tu prétends l'aimer mais ça te fait juste chier qu'elle s'intéresse à quelqu'un d'autre que toi. Surtout quand il s'agit d'une fille.

La lueur de sa pupille s'assombrit. J'ai donc touché un point sensible.

— Mets-toi à ma place, Blanche. Elle n'aimait pas nos... moments et elle m'a remplacé par une fille avec qui elle prend son pied. J'ai le droit de mal le prendre.

— Elle ne t'a pas remplacé, idiot. Ce qu'il y avait entre elle et toi n'est rien comparé à ce que nous vivons, elle et moi.

Son égo masculin l'empêche de comprendre le vrai problème. Il ne pense qu'à lui. Ils ne pensent toujours qu'à leurs baskets.

— Elle n'a jamais aimé les mecs, reprends-je d'un soupir agacé. Ne la fais pas culpabiliser pour si peu.

Il s'adoucit mais je reviens aussitôt à la charge en le pointant du doigt.