Chapitre sept : Maya

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Ca va faire maintenant plus de quarante-huit heures que je planche dessus lorsque je reçois un message sur mon portable que j'ai ignoré jusque là. J'ai voulu oublier la soirée avec Joanne, la désastreuse fin où je me retrouve sur ses genoux dans sa poubelle en train de me frotter contre lui. Il faut vraiment que j'arrête la drogue même si je sais parfaitement que ça ne fait pas partie des effets. Je ne prends pas d'assurance. J'avais juste besoin d'être moi. Juste quelques heures. Joanne et Kate sont les seuls à me connaître tel que je suis vraiment. J'avais besoin de me retrouver. Moi. Lui. Me retrouver treize ans auparavant.

Je regarde mon portable s'illuminer sur le nom de Matt. Je devrais répondre. Ça fait partie de mes responsabilités. Je ne peux pas l'abandonner. Les abandonner.

Je regarde l'écran. En face de moi, il n'y a qu'un navigateur internet, la page google sur laquelle je surf en permanence. J'en ai marre. Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas de ce bouquet de pivoines blanches. Je ne veux pas entendre sans cesse les paroles du suspect dans ma tête. J'ai fait la fille qui n'en avait rien à faire mais je sais ce qu'il m'attend. Par chance, Joanne n'a vu que les bleus dûent au combat. Il n'a pas vu le reste. Il n'a pas posé de question sur mes bracelets ou sur d'autres sujets plus sensibles. J'aurai pu lui répondre qu'il m'arrive de me battre, de faire des combats illégaux pour ramasser un peu d'argent mais j'ai préféré prendre la fuite. J'ai ouvert la porte et j'ai couru. Bizarrement, il m'a laissée partir.

- Petrova. Encore au bureau ? Ça va faire deux jours que tu n'as pas bougé de cette chaise. Tu devrais rentrer et te reposer.


Je salue Hernandez d'un hochement de tête. Il doit rentrer tranquillement, chez lui, dans sa petite famille parfaite avec sa fille et sa femme. Sa maison proche du New Jersey, dans les beaux quartiers de New York quand on a une famille. New York ! Voilà ma solution.

Je me redresse d'un coup sur ma chaise de bureau aussi inconfortable qu'une chaise de jardin. Je navigue sur le site web. La réponse est là. Elle est forcément là. Je finis ma tasse de café froid d'un coup. Allez. C'est là. Je sais que j'y suis. Je suis proche du but. Si j'étais eux, comment je ferais ? Comment je suis arrivée à rentrer sur le darknet ? J'analyse les éléments de la page. Je lis les articles à la une mais aucun message ne semble caché.

On y voit l'annonce Arkadi Kuznetsova. Une image de la maison blanche avec le président et un autre homme se serrant la main s'affiche à l'écran. Les titre affiche en grand "Nouvelle association : Assure-t-elle vraiment la sécurité des américains ?". Puis sur l'article, il est inscrit "Les Etats-Unis et l'entreprise Arkadi Kuznetsova ont mis en place un projet international du nom de WaveProtect. Conçu principalement comme un logiciel de pointe, l'objectif est de concevoir et former un programme interarmes de communication qui puisse tout aussi bien s'appliquer au terrain qu'à distance. Il associe sécurité prévisionnelle et sécurité réactive.". Une vraie merde. Ce programme je pourrai sûrement le craquer en une semaine.

Je continue de fouiller la page web et c'est quand je clique sur le logo de la mairie que je le vois. Le code. L'adresse du site web. Tout est là, servi sur un plateau d'argent. Je regarde autour de moi. Je suis seule. A cette heure-ci, tout le monde est chez soi, son petit repas chaud sorti du four et autour de la table avec sa famille. Le FBI dispose du meilleur dispositif de sécurité. Aucune personne extérieure pourra voir que je m'y suis connectée mais à l'intérieur... C'est autre chose. Il ne faut pas que j'oublie de nettoyer le système avant de partir. Alors je prends un post-it et je dessine une tasse à café, vu que je dois la nettoyer au même titre que le réseau interne.

Je regarde une dernière fois les caméras de surveillance du bâtiment sur mon ordinateur avant d'analyser la page web. Il y a un code. Je rejoins un autre site web. La page est noire. Il n'y a rien hormis une demande d'identification.

[L.4] LOVE & THEATERWhere stories live. Discover now