Chapitre vingt-et-un : Maya

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Techniquement un traumatisme crânien est un coup porté à la tête avec un objet contondant avec suffisamment de force ayant pour fait de secouer le cerveau à l'intérieur de la boîte crânienne.

    De manière figurative, un traumatisme crânien est également un coup porté à la tête. L'objet n'est pas physique, il ne se tient pas en main. On dit que l'objet est vous même. Votre surcharge cognitive. Elle est tellement pesante pour votre système qu'elle provoque des maux de tête, des vertiges et une sensation de fatigue continue.

    La surcharge cognitive peut avoir plusieurs facteurs. Les émotions peuvent en être à l'origine, tout comme le fait de devoir penser à plusieurs éléments, avoir une check-list mentale ou encore le fait de devoir sans cesse être sur ses gardes.

    Mes émotions, je les oublie. J'essaye d'en faire abstraction mais je ne suis pas dupe. Je crois que mon inconscient les accumule. Après tout, n'ais-je pas trahi mon passé pour mon futur ? J'ai choisi Kate à la vie. Je choisirai toujours Kate. Elle mérite de vivre alors que j'ai vécu. J'ai eu ce privilège pendant qu'elle était ligotée, séquestrée et violentée par l'autorisation de son père et de son grand-père.

    Elle l'est encore. Je l'ai menée à sa perte. Suis-je la cause de son traumatisme ? Est-ce à cause de moi ? Forcément.

    J'ai été la première fille qu'elle a embrassée. Son père nous a surpris et tout s'est enchaîné sans jamais vraiment s'arrêter. La machine était en route par ma faute, pour un simple oui, un unique baiser.

    Je suis aussi la fille de Arkadi Kuznetsova. Le plus puissant mafieux russe de l'Europe de l'Est. Les Serbes et les Croates sont nos alliés. Ils n'avaient plus le choix. Puis il y a eu Diego Madera. Un columbien sorti de nulle part. Le lapin dans le chapeau du magicien et devinez qui est le magicien ? Peter Jones et son employée Ashley Walker. Si elle n'était pas morte d'un cancer du sein, mon père aurait voulu que je la tue.

    Il dit que le hasard fait bien les choses.

    Peter Jones est un soucie à durée déterminée. Mon père en fait son affaire personnelle. Il ne me fait pas confiance. Il aurait pu pour Ashley. Il savait que j'étais proche d'elle mais aujourd'hui, Peter éloigne tout le monde. Il est comme un aimant qui s'est retourné. Alors il reste Kate Jones.

    Elle est suspendue par les poignets, le corps qui touche à peine le sol. La souffrance se lit sur son visage, son corps. Ses habits sont élimés. Son visage dans un sale état et son corps ne laisse aucun doute à ce qu'elle a vécu. Mon père et ses hommes n'y ont pas été avec le dos de la cuillère. Ils ont creusé à coup de pelleteuse dans les tréfonds de Kate.

    Elle peine à respirer. Je l'entends à sa respiration si faible.

    Ses cheveux sont dans un état déplorable. Ses habits sont usés. Son corps sent mauvais. Son visage n'a pas été lavé depuis une semaine.

    Et moi, je me dresse en face d'elle dans mes habits propres, mes cheveux parfaitement brossés. Pourquoi je ne me sens pas aussi belle qu'elle ?

    Elle relève la tête faiblement mais je continue de la dénigrer comme si j'étais supérieure à elle. En cet instant, je le suis. Je me tiens droite, mon tailleur parfaitement entretenu et avec une assurance qui pourrait faire fuire l'adolescente que j'étais.

- Alors qu'est-ce qu'on fait d'elle, Belyy ?

- On pourrait la lacérer avec le barbelé ?


    Ma soeur a des idées de génie. Ça ne fait aucun doute que mon père a pris soin de son éducation.

    Je me tourne avec cet air blasé qu'il connaît quand je trouve que la situation n'a aucun intérêt mais avant de sortir, je la regarde une dernière fois.

[L.4] LOVE & THEATERWhere stories live. Discover now