Chapitre huit : Maya

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Je tends une main entre nous. Il la regarde avec dédain.

- Tu crois vraiment que je vais accepter ?


Je me redresse. Il cherche, il va trouver. Je déboutonne mon jean sous ses yeux, passe mon tee-shirt par-dessus ma tête. Je l'ai vu mater ma poitrine l'autre jour dans la voiture. Il se mord la lèvre inférieure.

- Dans ce cas, tu peux me payer pour être avec toi mais je ferai ce que je veux.


Je me retourne et plonge dans le lac. C'est froid, saisissant mais ça fait un bien fou. Je souris pour moi-même. Ça fait longtemps que je n'avais pas ça. Le froid me permet de ne pas penser à l'après. Je me concentre sur la sensation. L'eau froide qui glisse sur ma peau, les frissons qui parcourent mon corps, mes muscles qui se contractent.

Je remonte à la surface de l'eau. La chaleur de l'air apaise mon visage. La brise fait remuer les odeurs de la forêt et du lac. J'aime sentir cette différence de chaleur entre mon corps enfoui dans l'eau et ma tête à l'extérieur. J'aime sentir l'odeur d'un vent chaud venant du sud, de l'odeur de l'automne qui arrive. J'aime voir les feuilles devenir orangé et jaune. Je souris en voyant la forêt à perte de vue.

Je sursaute en entendant le bruit d'un corps qui percute l'eau. Quelques secondes plus tard, Joanne sort la tête de l'eau à plusieurs mètres de moi.

- Allez, bouge ton cul, il y a une île.


Je souris et nage dans sa direction pendant qu'il m'attend. Une île. Il y a une île mais pourtant on voit le bord du lac sur tout le périmètre.

On nage en silence, seulement accompagné des bruits de la nature, des oiseaux qui chantent alors que le soleil réchauffe de plus en plus l'air.

Au bout de vingt minutes on arrive de l'autre côté de la rive et je comprends. De loin, on ne peut pas voir les cours d'eau qui séparent la rive et l'île. Pourtant ils sont larges d'une bonne dizaine de mètres. Je sors de l'eau pour monter sur l'île de pierre. Joanne me suit mais je n'en tiens pas compte. Je suis trop occupée par l'observation des lieux. Je regarde la maison et de loin, elle ressemble à un chalet sur pilotis. C'est magnifique. Je me vois déjà rentrer et lire un livre sur la terrasse ou sur le ponton avec les pieds dans l'eau.

- C'est magnifique.


Il ne répond pas mais je sens son regard sur mon corps. Je me retourne et continue de m'avancer.

N'y pense pas. Ne le regarde pas. Regarde autour de toi. Concentre-toi sur ce que tu vois.

On monte à quelques mètres au-dessus de l'eau et je m'assois à même la pierre, les pieds dans le vide. Je m'en fous d'être en sous-vêtements. Je ne veux pas y penser.

La pierre est chaude. Je m'allonge dessus et savoure la sensation du granit contre mon dos. Je souris comme une gamine.

- Merci Joanne. Cet endroit est magnifique.

- Tu vas me remercier à chaque fois que tu vois quelque chose de beau ? Parce que dans ce cas, tu pourrais me remercier toute ta vie.

- Sûrement. A condition que je passe ma vie avec toi mais ton compte va finir à sec.


Je le sens sourire.

On passe plusieurs minutes comme ça. Quinze ? Vingt ? Trente ? Je ne sais pas mais Joanne ne parle pas. On reste là. Je reste allongée sur la pierre, les yeux fermés savourant la chaleur du soleil, la tranquillité du monde qui nous entoure.

[L.4] LOVE & THEATERWhere stories live. Discover now