Chapitre dix-sept : Maya

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Joanne ne me regarde plus. Il se tourne vers Peter. Il sort son portable. Il doit déjà taper mon identité sur une barre de recherche. Mais il se retourne, plante son regard dans le mien.

- Comment être certain que tu dis la vérité ?

- Accepte ma proposition et je te montrerai une preuve.

- Quel genre de preuve ?

- Acte de naissance, photo de classe, carte d'identité, passeport. Ce que tu veux.

- Tu n'as rien sur toi.


    Mais tout sur internet, il le sait. Il me regarde de haut en bas. Il cherche la faille dans ma proposition. Il se demande de quoi je suis capable.

    Je regarde l'heure. Plus qu'une heure avant qu'il ne le sache. Je souris.

- Le temps vous est compté.

- Donc tu as déjà mis ton plan a exécution.


    Il se tourne vers deux hommes armés qui encadrent la porte. Ils sont larges d'épaule, des mitraillettes dans les mains, des couteaux au niveau de la ceinture. Ils ne se cachent pas.

- Fouillez sa chambre.


    Il n'y aura rien. Il peut essayer mais il ne verra rien. Tout est bien caché, masqué, préparé, réfléchi.

    Il se tourne vers moi. Il réfléchit à ma proposition. Peter aussi y réfléchit. Eryne les regarde faire tout en feuilletant un magazine sur les prochaines ventes aux enchères.

- Donc si je résume bien, si tu arrives à t'échapper, on doit te laisser partir.


    Je n'ai pas besoin de répondre. Il a parfaitement saisi le propos.

    Je regarde l'horloge sur le mur. Le temps s'écoule. Dans tous les cas, il y a aura un feu d'artifice. Des morts ? Peut-être, je m'en fous. Je ne sais pas qui travaille et qui se situe où à quel moment dans cette maison.

    Demain soir a lieu le dîner annuel chez William Jones. Il me faut mon entrée. Au bras de Joanne ou attachée à une chaise dans une cave, je dois y être. Quant à la chaise dans une cave, je n'y crois pas. Je vais mettre les moyens pour entrer et sortir par la grande porte.

    Généralement, la famille de Peter et Joanne partent le vendredi soir, ce soir, et ne reviennent que le dimanche. Ça me laisse du temps sur place pour mettre mon deuxième plan à exécution. Ca va être Berlin en temps de guerre. Des stratégies, des complots, des trahisons et des exécutions.

- Quel est ton plan, Petrova ?


    Sauver Kate. Je plante mon regard dans le sien après avoir regardé Peter.

- Et vous, quelles nouvelles vous avez de Kate ? Vous ne semblez pas vraiment inquiet par sa disparition.

- Qui te dit qu'elle a disparu ?


    Ils perdent du temps. Ce genre de choses, ça se sent. C'est comme un mauvais pressentiment qui vous envahit et ne vous quitte plus.

    Les deux hommes descendent les marches et apparaissent dans le salon. Ils se remettent à leur poste. Joanne et Peter les regardent. Ils sont sur la défensive. Ils savent que je prépare quelque chose mais ils craignent de ne pas le découvrir à temps.

- Il n'y a rien monsieur.


    Je souris. Joanne se tourne vers moi, Peter se lève et se place à côté de lui. Eryne pose son magazine. L'ambiance a changé. Ils pensaient être victorieux, ils s'aperçoivent qu'ils vont devoir négocier avec l'ennemi.

[L.4] LOVE & THEATEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant