Chapitre 1

3.1K 94 8
                                    

Mon lit tout entier tanguait au rythme de mon réveil. Je tendis un bras vers là où reposait mon téléphone. La froideur à l'extérieur de mes draps, la même qui gela tout mon avant-bras, fut récompensé par le silence de mon téléphone. Comme chaque matin, d'une paire de yeux plissés je scrollais à l'intérieur de ma boîte mail. Le voilà...

Objet : Vous me manquez.

Chère madame Harper, j'espère que cette semaine sera plus libératrice pour vous, depuis votre autorisation de sortie nous nous étions convenu pour au moins un rendez-vous toutes les semaines. Or cela va bientôt faire un mois et demi que je ne vous ai pas reçu dans mon cabinet.

Appelez Vanessa et bookez moi ce rendez-vous. Dans le cas contraire, je serais navrée de revoir ma décision avec le congrès médicale.

Docteur Christina Robert.

J'aurais aimé ne pas avoir actualiser cette fichue boîte mail. Je frottais mes yeux une dernière fois dans mon lit avant d'enfin décider d'en sortir. Pendant que je faisais pipi ou que je me brossais les dents, je repensais aux mots de ma psychiatre. Revoir ma décision avec le congrès médicale. C'était objectivement la pire -idée- chose qu'elle pourrait faire. Un enfer était encore un euphémisme pour décrire mes mois en hospitalisation psychiatrique, et Christina me menaçait ouvertement de m'y replonger. Peut-être qu'était-il plus judicieux pour moi de finalement prendre rendez-vous avec sa secrétaire ? Peut-être que Christina ne verra rien à mon arrêt de traitement... J'avais échangé mes psychotropes contre un plongeant -ou une noyade même- dans le monde du travail. Il y'avait bien pire comme troque.

Je continuais d'y penser quand j'enfilais mon jean tout en étant à moitié affalée sur mon lit toujours défait, ou encore quand je cachais mes yeux miel derrière une paire de lunettes de soleil rectangulaire. Les derniers rayons du soleil étaient toujours aussi aveuglants durant cette période de fin d'été et de début d'automne. Je soupirais. C'était pesant comme chaque fin signifiait le début de quelque chose de nouveau. C'en était récurrent. Écœurant. Ou réfléchissais-je ainsi seulement parce que les trois dernières années de mon existence n'étaient que des boucles sans fins ? Des journées vides et des nuits blanches ? Certainement.

Je continuais de fixer ce mail pendant que je tenais de quelques doigts les barres du métro New Yorkais, toujours aussi alertée par toutes les germes qui devaient se développer sur le métal. À la sortie de la bouche du métro mon carré blond foncé chatouilla le lobe de mes oreilles et je jetais un regard à ma montre.

Mes baskets immaculées sautillaient sur les trottoirs de Manhattan maintenant que je me rendais compte que je n'étais pas sortie assez tôt de mon miteux appartement.

J'arrivais devant les immenses escaliers beiges, juste en dessous de mon logo préféré depuis un peu plus d'un an NC. C'était si ironique de travailler dans une banque nommé New Chances : nouvelles chances, quand c'était exactement ce que j'attendais depuis trois années consécutives. Depuis que je me haïssais. Depuis que...

Je devrais appeler Vanessa durant ma pause déj.

Je poussais les lourdes portes vitreuses, et faillis dévaler les trente marches derrière moi.

Surpriseee !

Mais qu'est ce...

Ma voix ne fit pas le poids sous les applaudissements de mes collègues.

Davis apparut en tirant derrière lui une pancarte. Je le dévisageai pendant que je lisais sous la photo de mon CV : Harper Halo, vice-directrice de NC.

Davis me la glissa entre les mains et me murmura dans le creux de l'oreille tout en me prenant dans ses bras :

Je ne sais pas ce qui m'insupporte le plus, que tu sois déjà vise directrice après seulement un an dans cette boite, ou que cela signifie que tu passeras plus de temps avec sexy Garcia.

Hold up on me | Retiens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant