Chapitre 41

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J'avais gardé le petit bout de papier dans mon poing fermé pendant tout le trajet du retour.

Zade avait sentit que je n'avais pas la force de répondre à ses « comment tu te sens ? »

Ainsi, la route s'était faite dans notre silence à nous, à base de regards jetés par-dessus la fenêtre et d'emmêlement de petits doigts sur la banquette arrière.

Des : Je suis là et je le resterais silencieux.

Quand nous poussâmes la porte des Heirs à Brownsville, cela sonna la fin de notre rituelle silencieux en commençant par les aboiements de Titus et Minus.

Vous n'avez toujours pas ranger vos affaires ? Demanda Zade à Kai et Vins qui étaient affalés entre les deux chiens sur l'étroit canapé.

Kai se redressa quand il me vit, il avança vers moi et me prit dans ses bras, l'avant-bras de Zade se pressa plus intensément sur le bas de mon dos.

Vins, lui, réduit le son de la télé et jetais une large enveloppe marron à Zade, il dût quitter le bas de mon dos pour la saisir en plein vol.

Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il à Vins. 

Ce dernier haussa les épaules, puis dit :

Je n'aimerais pas te gâcher la surprise.

Zade se tourna vers moi, je serrais le poing et ainsi le dernier message de Samuel Rodriguez plus intensément.

Zade fit glisser la lourde pile de documents à l'extérieur de l'enveloppe marron, il s'asseyait sur l'accoudoir du canapé pendant, que par-dessus, son épaule j'essayais de déchiffrer les documents.

C'étaient des dossiers de police.

Le dossier de Zade Masson. De Vins Garcia. De Kai Wilson. De Halo Harper.

C'étaient nos dossiers sur notre implication dans l'affaire du restaurant La Bouchée, chacun faisait au moins une bonne dizaine de page que nous ne pouvions pas parcourir, mais sur chacun d'entre eux dès la première page un cachet rouge nous laissait distinctement lire :

Classé.

Classé.

Classé.

Classé. 

Je déglutis.

Zade releva les yeux vers Vins.

Qui a envoyé ça ? Demanda-t-il.

Vins pouffa.

À ton avis ? Répliqua-t-il.

Kai remarqua que Zade n'avait pas le temps à l'humour alors il s'empressa d'ajouter :

Il a signé : Votre nouveaux meilleur ennemi, La Pince.

Zade serra si fort la mâchoire que je jurais que cette dernière venait de former un angle droit.

Ce n'est pas tout, reprit Vins, regarde ce qu'il a aussi laissé, il dit que c'est le premier d'une longue série.

Vins fixait la petite enveloppe scellée sur la table basse.

Comme je voyais à travers le langage corporel de Zade qu'il ne pouvait pas la récupérer, je me penchai sur la table basse et ouvris la petite enveloppe.

Mon souffle se coupa.

Mais... C'est un chèque à blanc.

Vins se releva à toute vitesse du canapé pour me retirer le chèque, mais Zade fut plus vif et il s'interposa entre lui et moi avant.

On ne prendra pas un dollar venant de ce type, dit-il sèchement à son aînée. 

Vins pouffa et redressa les épaules pour confronter la froideur de son frère :

Ça tombe bien, là il t'offre la possibilité d'en prendre dix, dix mille, ou dix millions.

Zade contracta encore plus fort la mâchoire, la veine de son avant-bras se dévoila à mesure qu'il serrait intensément le poing. Je ne fus pas la seule à remarquer ce que La Pince causait en lui, avec de simples messages de provocation, puisque Kai rappela à l'ordre Vins.

Zade se tourna vers moi.

Donne-moi ce chèque, dit-il sèchement. S'il te plaît.

Je le fixai un court instant puis le lui tendit, il soupira quand il se retrouva entre ses doigts.

Son regard se perdit dans sa contemplation, puis, comme pris d'un spasme, il releva brusquement les yeux sur moi et dit : 

Je dois passer quelques appels.

Ce fut tout ce qu'il dit avant qu'il quitte la pièce pour aller s'enfermer à l'étage. C'était l'idée que la pince connaisse aussi bien nos identités qui le mettait dans un tel état ? L'éventualité que maintenant c'était lui le nouveau Brooke Harrington ?

Après tout, il avait bien le droit de garder des secrets, celui que je gardais dans ma paume disait bien :

Tenez bon Halo, l'aurore n'est plus qu'à deux heures d'ici.

Mais le mien m'emplissait d'espoir, de peur d'être déçue, mais surtout d'espoir.

Je n'avais connu qu'une seule aurore et elle avait six ans quand je vivais une dernière fois l'impact de ses rayons de soleil dans ma vie.

Mais peut-être que ce dernier message de Samuel était juste une métaphore, peut-être que ça n'avait rien à voir avec ma petite sœur.

Je fixais les escaliers que Zade venait de frénétiquement emprunter avant de claquer la porte de sa chambre. Il avait eu l'air profondément tourmenté par le message de cet inconnu. Je me tournais vers les deux autres Heirs, aucun des deux ne me regardaient dans les yeux, je suppose que la pince était un sujet de tourment pour nous tous. 

Je jetais un dernier coup d'oeil vers l'étage. 

Et après tout, je n'avais rien à craindre, quel que soit l'impact de ces secrets que nous étions en train de se garder l'un de l'autre.

Nous nous étions fait une promesse, n'est-ce pas ?

Je poussais la porte d'entrée pour sortir prendre l'air, je ne voulais pas penser tout de suite à cette promesse que Zade et moi nous nous étions faites l'un à l'autre de peur, qu'en y pensant plus attentivement, j'en vienne à douter de sa véracité.

Se retenir l'un à l'autre, face à tout le reste.

Le vent glacial de New York avait fait son entrée dans la métropole. C'était la fin de l'automne, le début de l'hiver.

Tout le reste.

C'était vague, indéfini, un peu comme jamais.

Celui de mes parents avait duré pour toujours, c'est-à-dire jusqu'à leur mort. Mais nous...

Jusqu'où pouvait s'étendre notre tout le reste ?

Hold up on me | Retiens-moiDonde viven las historias. Descúbrelo ahora