Chapitre 38

650 25 8
                                    

Kai dormait assis sur sa chaise, ses cheveux humides chatouillaient ma joue, pendant qu'il reposait sa tête sur mon épaule.

Au départ, après les heures que nous venions tous de passer, je ne voulais pas lui refuser les potentielles courtes minutes de sommeil qu'il pouvait essayer de gagner, seulement parce que certains d'entre nous détestaient tellement cette atmosphère hospitalière qu'ils étaient incapables de cligner des yeux trop longtemps.

Mais maintenant qu'une heure était passée et que Kai dormait à poings fermés, l'accoudoir qui nous séparait enfoncé dans ses côtes, et le visage rafistolé par les quelques pansements que les médecins ont bien voulu nous fournir, il me suffisait de le regarder pour savoir que je ne voulais vraiment pas le réveiller, quitte à ce qu'il engourdisse mon épaule jusqu'à ce que je ne la sente plus.

Pendant ce temps, Zade était passé du siège à ma droite, à faire les cent pas dans la salle d'attente, puis à s'accroupir près de mes genoux en déposant son front sur mes cuisses, pour une fois de plus revenir s'affaisser au siège à ma droite afin que nos deux mains reste entremêlées.

Il peinait à cacher son inquiétude croissante, alors que le silence du service hospitalier était tout ce que nous recevions en échange des questions que nous posions sur l'avancement de l'état de Vins Garcia. J'aurais été tout aussi intenable si Kai ne m'utilisait pas comme oreiller.

Je ne savais pas combien de temps s'était écoulé entre chacune de mes pensées, mais maintenant, Zade était assis au siège en face du mien.

Ses cheveux avaient séché à l'air libre, je supposais alors que les miens aussi.

Même si les douches de l'hôpital de Manhattan ne nous offraient pas le confort des bains chez nous avec Zade, elles nous permettaient de nous donner l'illusion que nous n'étions que des amis, des frères, des personnes qui s'aimaient et qui attendaient les résultats de Vins.

Il aurait pu tomber à vélo.

Il aurait pu se casser un bras.

Se tordre une cheville.

Ce sont les illusions que nous offraient les douches de l'hôpital en nous débarrassant du sang de cette soirée en échange d'un peu de confort.

Zade continuait de me fixer, ses yeux devaient être aussi lourds que les miens à mesure que nous nous dévisagions.

Je t'aime.

Me dit-il sans son, seulement à travers le mouvement de ses lèvres.

Je le fixais sans rien dire sous cette lumière blanche aveuglante.

Comment se fait-il que tu aies le droit de rester ici, toi ?

Peut-être parce que je suis moins folle que toi.

Je frissonnais à ce fragment de souvenir. De rêve. Ces deux voix que je venais de retrouver dans le regard grisé de Zade sous cette lueur hospitalière.

C'étaient nos voix qui venaient de résonner dans mon esprit.

Comme je ne répondis toujours pas, Zade prit une profonde inspiration pour se redresser sur sa chaise.

Moi.

Mima-t-il toujours avec ses lèvres et en déposant un index sur son torse.

J'aime.

Continua-t-il en formant un cœur avec ses doigts.

Halo.

Il termina le mime de mon prénom en relevant un index vers la lumière blanche aveuglante au dessus de nos têtes, un rictus se fondit sur mes lèvres.

Hold up on me | Retiens-moiOnde histórias criam vida. Descubra agora