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(...)
Quelqu'un toqua à ma porte. Je lui accordai l'autorisation d'entrer. C'était Raya, la gouvernante.
- Ma petite, j'ai entendu dire que ça n'allait pas. Comment te sens tu maintenant ? Je t'ai apporté un pudding à la vanille, ton préféré.
              Raya était la seule qui pouvait m'appeler ainsi et aussi l'unique avec qui je pouvais parler en toute honnêteté. Elle était la mère que je n'avais jamais eu. Elle est décédée depuis que j'avais 3 ans dans un accident de voiture duquel mon défunt père ne fut que l'unique survivant. Ce dernier tendait à sombrer dans la dépression lorsque ses associés le convainquirent de se consacrer à son travail plutôt. Le travail libère l'Homme, dit on souvent. Il peut toutefois aussi paraître la boîte émotionnelle de chaque grand homme d'affaire, lequel dissimule ses sentiments à travers des actes trompeurs et un langage codé en business mais pourtant profond. Personnellement, l'on se voile souvent la face à tenter de voir notre reflet dans le revers du miroir. Vous l'aurez sûrement compris! Ce même travail qui a permis à mon père de se délivrer de la tristesse l'a abîmé. Sa santé en a reçu tellement de coups...
Mon père, Jacob Wright a très vite fait fortune et les ventes ont accru à un point où Wright S.A est devenue une société de renom international. Il s'est forgé une réputation de fer sur le marché aéro-naval durant les dix-huit années qui ont suivi le décès de ma tendre mère. J'étais en Angleterre lorsqu'on m'eut prévenue de sa mort. Je suis revenue le plus tôt possible au pays, déchirée et meurtrie. Ses dernières volontés étaient que je dirige l'entreprise familiale et que je me marie avec le fils de son meilleur ami, Tom Smith, également décédé deux ans plus tard. Dire que ce mariage n'avait été que le fruit d'une obligation, d'un caprice je dirais. Mais bon, le ver est déjà dans le fruit.
Je répondis difficilement à Raya:
- Merci Raya! Grâce à ce plat, je suppose que je m'en remettrai très vite.
- Je suis ravie de te l'entendre dire. Allez mange! J'avais bien raison de trouver que tu maigrissais de jour en jour.
- N'exagère pas non plus, repris-je, le sourire aux lèvres.
-Vas-y, mange!
- Et Christopher, il est toujours là ? demandai-je.
- Non. Il s'en est allé il y a environ 30 minutes, juste après avoir reçu un appel mystérieux.
- D'accord , je vois.
- Avant de partir, il a tout de même chargé l'une des domestiques de se rendre à la pharmacie pour acheter les médicaments prescrits par le médecin.
                             *

[Cristopher]
Je roulais depuis une vingtaine de minutes et j'avais l'impression que plus j'avançais, plus le temps s'allongeait. L'air me paraissait difficile à respirer et ma gorge totalement déshydratée. Les minutes passèrent pour des heures et les heures, l'eus-je pensé, peut-être pour des décennies. J'avais le cœur qui battait à cent à l'heure. Très vite, j'atteignis ma destination. Je n'hésitai point à sortir de ma voiture. Après avoir franchi la porte principale, je courais comme un fou dans les couloirs. Tantôt à gauche tantôt à droite. J'étais au quatrième étage. J'aperçus finalement mon frère, Peter qui, à vue d'œil était très nerveux. Je le rejoignis, près du médecin qui devait sûrement s'occuper de notre mère. Je tombai sur son visage crispé et inerte. Je demandai alors ce qu'il se passait. Le médecin prit la parole.
- Nous avons fait de notre mieux mais elle n'a pas pu survivre.
A cet instant précis, je me suis senti brisé.
                             *
Le lendemain

[Abby]
Je profitais de la matinée ensoleillée et ternie du doux parfum des fleurs de la baie jardinière. Quelques rayons solaires frayèrent leur passage à travers la vitre plate, carrée et transparente. Au milieu de la serre se trouvait une table ronde et deux chaises au modèle oriental. Raya y avait dressé mon petit déjeuner comme je le lui avais demandé. Elle avait fait des pancakes à l'érable et aux fruits rouges, des petits pains, du thé, du jus de pamplemousse et un mix de charcuteries et de fromages. Ma petite robe tailleur fleurie était ovale et s'envolait par temps au gré du doux vent qui semait la sérénité au sein du jardin d'hiver. Je me sentais en ce lieu en harmonie avec la nature et en même temps avec moi-même. Je m'avançai au centre de la pièce, vers la table, levant les yeux au ciel et admirant les nuages à travers la baie et les dessins qui ornaient le plafond. On en dirait presqu'une de ces salles de bal que l'on a coutume de voir dans ces films de princesse. Ou encore une grande cathédrale. Cet espace qui m'était quasi-intime reflétait toute l'esthétique de mon âme ici, pure et claire. Je finis par m'asseoir. Une servante, là, attendait pour me servir le thé. C'était bien son boulot! À peine finit-elle et peu après son départ, je reçus un appel qui me semblait anonyme mais si familier. Si j'ai bonne mémoire, ce devait être le nouveau numéro de Peter.

Conversation téléphonique
Peter: Abby... je... elle...un accident... Chris...
Abby: Calme toi, Peter. Qu'y a-t-il ? Pourquoi tu pleures?
Peter: Elle n'est plus.
Abby: Qui donc? Parle-moi.
Peter: Maman.
Abby: C'est impossible. Qu'a-t-elle eut?
Peter: Un accident de voiture. Les médecins n'ont pu rien faire. Et Chris a disparu depuis hier soir. Je l'appelle sans aucune réponse. J'en peux plus. Je crains qu'il lui soit arrivé quelque chose.
Abby: Vas y, calme toi! J'arrive. Tu es où ?
Peter: Je sais vraiment plus. J'ai pas du tout les pensées en ordre.
Abby: T'inquiète pas. Je te localise tout de suite.
Sur ces mots, je raccrochai...
Peter , âgé de 20 ans était le petit frère de Christopher. C'était le seul avec qui j'étais en bon terme. Je pris une gorgée de mon thé vert puis m'empressai d'aller prêter main forte à Peter.

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