21.

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Une intense chaleur envahit ma joue droite. Je sentis comme une masse légère se déplacer le long de mon visage, avec délicatesse. J'aimais la sensation de bien-être que cela me procurait. Tout à coup, la masse me semblait s'estomper et, d'un geste rapide je la retins. Je me rendis compte que c'était plutôt une main, très grande et douce. J'ouvris automatiquement les yeux et tombai sur le visage attendri de Salvatore. Je relâchai aussitôt sa main et me redressai.
- Désolé si je t'ai réveillée, s'excusa-t-il.
- T'en fais pas. J'allais me réveiller de toute façon, finis-je, méfiante.
Il m'observait sans rien dire. Il avait bien changé depuis notre dernière rencontre. Ses cheveux avaient diminué et même qu'il avait adopté une nouvelle coupe, un dégradé crew cut parfait par un contouring précis. Ses yeux luisaient d'un mixte d'émeraude et de marron si profonds. Et que dire de sa chemise blanche à longues manches qui, sans être indiscrète offrait une vue plaisante sur son torse baraqué. J'étais tellement occupée à le reluquer que je ne me rendis compte que très tard qu'il faisait déjà nuit.
- Il est quelle heure ? demandai-je, évitant son regard.
- 20h pile, répondit-il en consultant la montre accrochée à son poignet.
- Pourquoi tu as demandé à me voir?
- Parce que j'avais envie de te voir.
- Je crois que tu m'as déjà vue maintenant. Je veux retourner à La Casa, dis-je en me levant.
Salvatore qui alors siégeait sur le bord de la table basse vitrée se leva également. Du haut de ma petite taille, je ne pouvais apercevoir que son nez, enfin j'exagère. Je le regardais se tordre le cou, pour ne serait-ce que m'arracher un seul regard. Nos deux corps semblaient si proches mais nos âmes si divergentes. Je me remémorais encore ce soir, où il me traitait encore de sale, bref comme une moins que rien. Peut-être avait-il raison. Je ne savais que m'apitoyer sur mon sort et quoi d'autre? Pleurer je suppose. Ce que je ne tardai pas à faire.
- Si c'est encore pour m'humilier comme la dernière fois ou pour te moquer de moi, je préfère partir tout de suite, repris-je, en pleurs.
Je vis sa main remonter jusqu'à mon visage et essuyer d'un geste délicat les larmes qui ruisselaient de mes yeux. Il me dit ensuite:
- Je n'aime pas te voir pleurer.
- Pourtant, la dernière fois ça t'a bien plu de me voir me vider de toutes les larmes de mon corps, répliquai-je, en pleurant plus intensément.
Il se tut tel le lâche qu'il a toujours été.
- S'il te plaît, fous moi la paix, rajoutai-je.
- Tu ne comprends donc pas?
- Comprendre quoi? Que tu te crois tout permis?
- ¿No entiendes que eres tú a quien quiero? (Ne comprends-tu pas que c'est toi que je veux?)
- ¡mientes! (Tu mens!)
- No puedo mentir cuando te miro a los ojos (Je ne peux pas mentir lorsque je te regarde dans les yeux), dit-il en soutenant le regard, porque eres el yo que no soy. (parce que tu es le moi que je ne suis pas.)
Mon cœur palpitait et j'avais comme des papillons dans le ventre. C'était la première fois que je ressentais cela. Une angoisse totale mélangée à un sentiment inexplicable s'empara de mon être. Je ne savais juste pas quoi dire. J'étais immobile. Je ne respirais plus ou oubliais-je de le faire? Sûrement!
Il glissa sa main dans mon dos, me saisissant par la taille. Je ne m'y opposai pas surtout que mon corps semblait ne pas vouloir coopérer.
Il accola son front au mien, décidé à ne pas le dégager avant de me faire comprendre pourquoi j'étais là.
- Je m'excuse si je t'ai vexée la dernière fois.
- Comment veux-tu que je te crois? lui demandai-je timidement, encore larmoyante. Tu n'es qu'un pauvre délinquant comme tous les autres mafieux.
- Certes je le reconnais mais je suis avant tout un homme éperdument épris de toi. Crois le ou non, je ne suis pas cette personne parfaite qui s'excuse quand elle est en tort. Il est évident que c'est toi qui me rend meilleur.
               Il resta silencieux un instant. J'avais les yeux fermés, essayant de me mettre à l'évidence que ce n'était qu'un rêve. Oui! C'était trop beau pour être vrai, me répétais-je incessamment. Je sentis soudain son souffle chaud se déplacer le long de mon cou.
- Arrête! murmurai-je, malgré moi.
- C'est ce que tu veux? vint-il me chuchoter à l'oreille.
- Oui, répondis-je en le repoussant.
         Il ne sembla guère s'y opposer. J'avais le cœur qui battait à la chamade. Je pris mes distances avec lui, ne sachant plus où me mettre. Il faisait vachement chaud dans l'appartement ou me trompais-je? Je me dirigeai alors vers l'énorme vitre qui dessinait la beauté nocturne de la grande métropole sans jamais l'admirer. Je me passai la main dans les cheveux, tourmentée par ce qui venait de se produire à l'instant. Je me retournai, remarquant qu'il m'observait déjà. Je lui demandai:
- Comment tu peux avoir des sentiments pour moi?
- Le cœur a ses raisons que la raison ignore.
- Tu dois connaître un paquet de filles, bien à ta hauteur. Pourquoi tu me veux moi?
             Je le vis à nouveau s'approcher de moi jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucun centimètre entre nos deux corps.
- Parce qu'elles autres ne sont pas toi, gamine, dit-il en m'emprisonnant contre la vitre.
        Il m'avait envoûtée par ses yeux, les mêmes qui autrefois m'ont regardé pleurer sans rien faire. Peut-être devrais-je laisser le passé derrière moi et tourner la page? Ne devrais-je pas m'accrocher au présent et vivre l'instant actuel? Je ne savais pas ce que je ressentais au fond de moi. Je n'avais pas l'expérience requise. Mais, la seule chose dont j'étais à quatre-vingt dix-neuf pour-cent sûre, c'était qu'il était sincère... Nos visages se rapprochèrent et je pouvais sentir sa respiration s'accorder à la mienne, toute aussi irrégulière. Je fermai les yeux, guidée par mon instinct. Ses lèvres se posèrent ensuite sur les miennes pour me laisser suspendue au goût éphémère d'un premier baiser. Mes poils s'étaient redressés sur ma peau et je sentais l'adrénaline monter en moi. Le baiser s'intensifiait et comme par réflexe, Salvatore s'empara de mes bras qu'il plaqua d'un coup sec contre la baie vitrée, les gardant fermement au dessus de ma tête d'une de ses mains de géant. Je me laissais aller par mes pulsions, parce que oui, j'avais une étrange sensation dans le bas du ventre. C'était semblable à un plaisir naissant qui ne demandait qu'à grandir. Je crus que Salvatore le comprit. Il commença à descendre tout doucement dans mon cou où il déposait d'intenses suçons pendant que son autre main se baladait sur tout mon corps. Je n'en gémissais que de satisfaction. Il revint jusqu'à mon visage, plongeant son regard dans le mien avant de me dire d'une voix sensuelle:
- ¡A partir de ahora, eres mia! (Désormais, tu es à moi!)

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