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                   La Havane, Cuba...
Heure locale: 19h18min

[Salvatore]
J'avais eu un vol terriblement épuisant. J'étais exténué et ma seule envie était de me reposer oubliant presque j'avais des troubles du sommeil. Le trajet depuis l'aéroport José-Marti m'avait paru durer une éternité. La voiture qui était venue me chercher, une Mercedes Benz noire avait fini par faire son entrée après une demi heure de route dans le palace que je m'étais fait construire des années plus tôt. J'y étais il y a vraiment longtemps et revenir me procurait un sentiment de fierté. La caisse longea une grande allée boisée de part et d'autre de quelques arbres typiques de la région en l'occurrence des flamboyants en pleine floraison par cette moitié d'été. Les fleurs étaient d'un rouge écarlate luisant et conféraient à l'endroit un air de paradis sur terre. D'où logiquement le nom porté par le domaine- El paraiso. Le chauffeur finit par se stationner devant la bâtisse et un garde vint m'ouvrir. Je sortis alors de la voiture, ma veste par dessus mon épaule et une mallette accrochée à ma main droite. Le personnel présent me tirait la révérence mais je m'en passerais cette fois-ci. La porte principale était grande ouverte et le majordome m'y attendait.
- ¡Bienvenido señor! me souhaita-t-il.
- Gracias Boris, le gratifiai par une tape sur l'épaule.

Je traversai le salon sans y prêter beaucoup attention. Je montai à l'étage puis me dirigeai vers la chambre au fond du premier couloir. J'y accédai. Après une longue inspection des lieux, je n'y vis personne. Où diable était-elle passée ?

Je ressortis.

J'ouvrais chaque porte sur mon passage, ne manquant pas de les claquer afin d'exprimer ma colère. Lorsque j'eus terminé de faire le tour de toutes les pièces, je tombai miraculeusement sur Boris. Que voulait encore cet imbécile?

-¿Un problema señor?
- ¿Adónde fue la joven que llegó esta mañana? demandai-je fermement. (Où est passée la jeune femme arrivée ce matin ?)
- Ella está en el sótano, répondit-il calmement. (Elle est au sous-sol.)
- ¡Guárdame eso! lui tendis-je ma veste ainsi que ma mallette. (Gardez-moi ça!)

Je descendis à nouveau, empruntant une allée généreusement décorée de pots de palmiers. J'en arrivai à atteindre des escaliers qui menèrent jusqu'au sous-sol. Je les dévalai pour tomber sur l'espace détente. Une porte vitrée à ma droite laissait paraître le sauna faiblement éclairé par des diodes pondérées bleues incrustées au plafond. Non loin devant se situait la salle d'eau exhaustivement ouverte avec trois colonnes consécutives de douches-pluies. Elle était délimitée par des pierres noires granitées. Dans le coin inférieur, toujours sur le même alignement se tenait trois étagères indépendantes, toutes marbrées et portant des vases de plantes telles que des bégonias royaux, des lierres et un bananier de jardin. Je déviai mon regard vers la piscine qui ondulait jusqu'au fin fond de la grotte. Mais quelque chose de vif attira mon regard. C'était elle. Ses petites fesses étaient collées contre le sol froid pendant que ses pieds balançaient dans l'eau. J'observais sans intervenir. Sa tête se pencha brusquement en arrière pour avaler gloutonnement le contenu d'une bouteille brune et modeste. Suite à cela, elle plongea dans l'eau. Je la voyais effectuer des oscillations précises et chacun de ses mouvements paraissait venu d'ailleurs. Christian Andersen aurait sûrement dû s'inspirer d'elle pour écrire son histoire La petite sirène. Elle était devenue l'Ariel de ce plan d'eau et en avait fait son territoire.

Elle avait fini par disparaître dans les déviations de la caverne souterraine, me laissant le champ libre. J'avançai jusqu'au bord de la piscine et m'emparai de la bouteille qui s'avérait contenir du rhum de collection. Bordel! Comment avait-elle découvert ma réserve d'alcools? Même mes employés n'en connaissaient pas l'existence. Cette gamine... Fais chier!

J'attendais qu'elle revienne pour me donner des explications. Ce qui ne tarda pas. Elle sortit de la piscine en s'appuyant sur l'échelle en acier. Son corps était trempé et ses cheveux bouclés collaient sur sa peau hâlée. Elle avait un corps qui pouvait rendre n'importe qui dingue d'elle. Et je ne comptais pas la laisser filer entre mes doigts.

Elle me sourit, à ma plus grande surprise. Je l'abondai, une mine inexpressive.
- Comment t'as fait pour trouver cette bouteille?

Elle souriait toujours, sans raison valable. Je ne m'empêchais cependant pas de la reluquer, de mémoriser chaque partie de son corps mis à découvert par un bikini pastel qui à mon goût était peu couvrant. Elle se dandinait tout en venant vers moi. Elle s'assit sur moi, passant son bras derrière ma tête et m'enlevant la bouteille de rhum des mains. J'étais confus. Elle dit tout à coup:
- T'es venu finalement?

Je fus sans réponse.
- Tu m'as manquée, continua-t-elle en voulant m'embrasser.
J'esquivai, comprenant qu'elle était bourrée. Je n'avais aucune intention de profiter de son état.

- Pourquoi tu ne m'embrasses pas bébé? ¿Ya no me quieres? tenta-t-elle à nouveau de m'embrasser. (Tu ne m'aimes plus?)
- Pourquoi as-tu pris cette foutue bouteille Kara? m'énervais-je
- Allez, déposa-t-elle son autre main sur mon cou. Ne t'énerve pas! Je suis désolée, s'excusa-t-elle en m'enlaçant.

Je sentais ses larmes couler sur le dos de ma chemise et sa voix me susurrait:
- Je ne recommencerai plus, promis!

Elle dégageait un parfum agréablement envoûtant qui me laissait dur, malgré la situation. Putain! Et son cul qui remuait juste au dessus de ma bite...

Je repris le contrôle sur mes pulsions.
- Je te ramène dans ta chambre, déclarai-je en me levant du transat.

Je la recouvris d'une énorme serviette avant de la porter dans mes bras. Nous atteignîmes sa chambre où je la posai sur le lit. Elle ne réagissait plus et s'était endormie. Elle était si paisible au point où je ne pouvais retenir mes doigts de lui caresser tendrement la joue. C'était donc à ça que ressemblait le véritable sommeil ?Je me ressaisis et m'apprêtais à partir lorsque sa voix fatiguée me retint:
- T'en va pas.

Je ne voulais pas me mettre à jouer aux nounous encore moins m'attacher à elle. Je lui lançai donc un Repose-toi gamine. Croyant qu'elle s'était définitivement rendormie, je l'entendis mâchonner.

- Eso es todo lo que sabes hacer... Irse. ( C'est tout ce que tu sais faire... Partir.)

À ces mots, je sortis de la pièce dans un silence absolu.

ImpostorWhere stories live. Discover now