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- Ouh! fit-Lauren en grimaçant. En plus d'être un mafieux très redouté, il était aussi très romantico, termina-t-elle avec un accent espagnol.
- Redouté? Oui! Mais je n'en avais pas réellement conscience à l'époque. Je le voyais juste comme un simple humain tu sais. Je ne vais pas te mentir non plus, il était une vraie bête de sexe.
Sans m'en rendre compte, je souriais.
- Allez, regarde-toi. Tu souris tout bêtement. Vous l'avez fait combien de fois? demanda Lauren sur un ton taquin.
- T'es qu'une petite coquine toi, répliquai-je, amusée. En plus, je t'avais jamais vu sourire jusqu'à aujourd'hui.
- On va dire que mes p'tits soucis du quotidien ne me le permettent pas toujours, tu sais. Encore que j'ai jamais vraiment eu une amie avec qui parler, dit-elle avec une petite mine.
- Moi je suis là, tu peux compter sur moi pour tout, lui retournai-je affectueusement, prise de compassion.
- Allez, reprit-elle au bord des larmes, ne changeons pas de sujet. Vous l'avez fait combien de fois?
- Tu lâches pas l'affaire toi, fis-je, exaspérée.
- À moins que tu me le dises. J'imagine même pas le nombre de fois. Avec toute la fougue que vous aviez l'un envers l'autre.
- On l'a juste fait une fois.
- T'es pas sérieuse là?
- Si, acquiesçai-je.
- Qu'est-ce qui s'est passé? J'arrive pas à comprendre.
- Je n'en ai aucune idée à vrai dire. Je me rappelle juste qu'après être retournés à la villa le lendemain, il avait totalement changé d'attitude avec moi. Même le jour où nous devrions quitter Cabo San Lucas, il était déjà parti bien avant que je ne me réveille.
- Il ne t'a pas laissée une petite lettre? Rien ?
- Non Lauren. Absolument rien. J'étais tout aussi perdue que toi. Toutefois, il avait chargé Jerry de me raccompagner à Mexico.
- Donc tu me dis que ton fameux Salvatore t'a largué c'est bien ça?
- Pas totalement. Il est parti sans raison et s'il te plaît, ne parlons plus des choses désagréables.
- Ça a dû te faire un grand choc. Je suis vraiment navrée.
- Y a pas de quoi tu sais. J'ai toujours su que l'amour c'était pas mon truc. J'imagine, Cupidon il rate toujours ses flèches quand il s'agit de moi, rigolai-je malgré moi.
- Allons, dis pas ça tu veux! me réconforta Lauren en posant ses mains sur les miennes.
- Oui, t'as raison. En plus, il s'est passé énormément de choses après cela. Des choses que je ne me voyais raconter à personne.
- Raconte moi tout.

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(...)
J'imaginais encore le goût de ses lèvres sur les miennes; les sentir parcourir ma peau et s'aventurer dans les endroits les plus insolites de mon corps. Je revoyais ce moment où il se faufilait en moi et me faisait geindre à en perdre la voix par ses coups de reins violents. Je ressentais encore ses caresses... Je me remémorais une fois de plus, mon regard perdu dans le paysage tropical de Los Cabos, au bord de cette tendre aube vermeille, toute la haine et le désir qui régnaient dans ses yeux avides. Je me souvins que par moment , il grognait et d'une voix cambrante, il me disait: ¡me vuelves loco! (tu me rends fou!). Je priais le ciel pour que ça ne s'arrête jamais, pour que ce moment perdure jusqu'à la fin des temps. Mais qu'y pouvais-je? Toute chose a une fin...
Salvatore m'avait fait revivre d'une nouvelle vie et je lui en serai éternellement reconnaissante.
***
Seuls les bruits de nos respirions séjournaient à présent dans l'habitacle. Je l'entendis soupirer et je me détachai du spectacle offert par le soleil levant pour lui jeter un coup d'œil. Il avait l'air fatigué et en même temps, il restait le même bel homme. Il tourna la tête et nos regards se croisèrent. Je vis sa main se diriger vers ma tête puis se poser sur mon menton. Il me dit ensuite ces trois mots auxquels je ne m'attendais pas.
- Je t'aime!
Mon cœur se resserra sur lui-même et mes cordes vocales semblaient se nouer. J'étais surprise, muette, vulnérable à ses paroles mais également très émue. Je me crus un moment dans un rêve. Oui! Évidemment! Je rêvais. Mais pourquoi cela avait-il l'air tant réel? Argh! Réveillez-moi s'il vous plaît!!!

Je vis alors sa tête se rapprocher de la mienne de sorte à coller son front au mien. J'eus le réflexe de fermer les yeux, profitant de la proximité entre nos corps et me répétant sans cesse que ce n'était qu'une hallucination . Je l'entendis marmonner de sa voix matinale, plus imposante que d'habitude: tu m'as fait quoi, sorcière?
Je me permis toutefois de lui demander:
- Pourquoi dis-tu ça?
- Je n'arrive à penser à rien d'autre que t...
Je l'interrompis en plaçant mon index sur ses lèvres. Et comme si ça ne suffisait pas, j'ajoutai un shut assez pusillanime. J'hésitai à continuer:
- ¡ Yo también te quiero ! (Je t'aime aussi!)
Il décolla son front et saisit ma main qu'il baisa gentiment. Il se tourna ensuite vers l'avant, démarrant la voiture et m'emmenant vers l'horizon inconnu...

*
Salvatore était sorti quelques temps après que nous soyons rentrés. Il ne m'avait pas informée de l'endroit où il se rendait. Mais peu importe! Quant à moi, je siégeais sous l'immense paillote dissimulée derrière les palm trees au fond du jardin. Je dégustais les merveilles de la côte que Simon me faisait découvrir les unes après les autres grâce à son fameux « barbecue qui déchire ». Il y avait au menu du calamar, des huîtres, des homards, du marlin rayé et bien d'autres produits halieutiques. J'avoue, son barbecue était tout bonnement exquis. Je ne m'empêchai point de commenter.
- Dis moi Simon, qui t'as appris à si bien griller ces pépites? La vache! J'aime trop.
- Euh...m'dame, fit-il en fermant le grille à barbecue, personne vous savez. Enfin, juste mon parrain. Sinon, je ne suis que son disciple. Y a carrément rien à voir entre mes grillades et les siennes. Carrément rien!
- Vas-y, appelle moi Kara tout simplement. On a presque le même âge tu sais.
- Ah bon? Vous 'fin Kara, j'savais pas. T'as quel âge? 17? 18? 19? 20? 21?
    Il s'apprêtait probablement à prononcer le nombre suivant lorsque je l'interrompis.
- 19.
- Oh merde! s'exclama-t-il la bouche et les yeux grands ouverts.
- Oh que si! Tu devrais venir te mettre à l'abri. Avec ce soleil, tu risques également de faire partie du menu.
- Oui, t'as raison, dit-il avant de s'empresser de me rejoindre à l'ombre.
    Il s'installa juste en face de moi après avoir déposé un torchon blanc tacheté de sauce barbecue sur la table en bois. Il vêtait un simple débardeur noir clos par un jean en denim délavé. De plus, un chapeau de cow-boy lui couvrait la tête, lequel il ne tarda pas à retirer. Son visage dégoulinait de sueur et sa peau était plus rouge que celle d'un nouveau-né. Je pus constater qu'il avait des yeux bleus scintillants et des cheveux châtains courts. Il me sourit chaleureusement, me faisant sortir de mes pensées. J'en fis de même.
- Vous... tu, je voulais dire. Tu ne semble pas être d'ici, commença-t-il.
- Qu'est-ce qui te fait penser ça? lui demandai-je en piochant une crevette grillée dans mon assiette.
- Je le vois dans tes yeux, me servit-il comme réponse.
- Tu n'as pas totalement tort. Je viens d'ici et là. Et toi?
- Je préfère ne pas en parler. Allez! reprit-il en se levant brusquement. J'ai mille et une choses à faire moi.
- Mais attends!
         Il semblait ne pas m'entendre et je le voyais s'éloigner. Il me lança un vif joyeux Noël avant de disparaître définitivement sous mes yeux.

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