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En ce temps...

[Anthony]
La troisième fois que je toque à la porte de cette baraque démunie et toujours aucune réponse. Jay s'empressa de dire:
- Peut-être que la vieille dame a déménagé. Les voisins auraient bien pu ne pas s'en rendre compte.
- Tu n'as pas totalement tort.
- Je pense que c'est mieux de mener notre enquête ailleurs, tu crois pas? En plus, il va bientôt être l'heure de la pause...
- Espèce de gourmand. T'as jamais changé toi! Continue de te goinfrer et on t'offrira une tombe portant un écriteau "Ici repose Jay Bells, l'ex-sumo de la brigade de New-York.".
- Enfoiré, ria-t-il en me donnant un coup sur l'épaule.
        On se retourna ensuite, prêts à rebrousser chemin lorsque nous sentîmes la porte qu'on eut frappé il y a quelques minutes s'ouvrir dans l'élan d'un grincement. Nous nous retournâmes et franchîmes les deux marches du rez-de-chaussée intersectant la porte. Nous entrions dans la concession, sombre et mélancolique décorée dans un style peu commun. Tout était bien rangé et une légère odeur de steak flottait dans l'air. Un bruit d'eau parvint d'une pièce qui semblait sûrement être la cuisine. Nous prîmes donc cette direction, peu sûrs après s'être lancés un regard plein d'assurance l'un à l'autre. Nous tombâmes sur une femme assez corpulente aux longs cheveux grisâtres et habillée de façon rustique. Au bruit de nos pas, elle se retourna.
- Ah vous voilà ! dit-elle en s'essuyant les mains avec un torchon.
- Vous saviez qu'on viendrait? lançai-je, curieux.
- Thony, on s'barre. Elle m'fout les jetons la mamie, me chuchota Jay.
- N'ayez pas peur, voyons! Je disais cela parce que ma chienne Rosy a tardé avant de venir vous ouvrir la porte. J'étais un peu occupée du coup..., expliqua-t-elle.
- Ah, je vois, émis-je quelque peu rassuré.
- Oh mais que je suis impolie, venez donc vous asseoir au salon.
           On la suivit sans broncher mot et elle nous installa dans des fauteuils qui étaient à mon goût peu comfortables.
                                *
Un instant après, elle vint nous servir du café et des sablés. C'était de loin le meilleur café que j'eus pris depuis que mon Café habituel avait été fermé. J'abordai très vite la raison de notre visite.
- Sans vous offenser, madame...
- Amanda s'il vous plaît, me coupa-t-elle.
- Amanda... mais nous avons quelques questions à vous poser. Je me présente, moi c'est Anthony Ross et voici mon collègue, Jay Bells. Nous sommes des agents de police.
- Ne me dites pas que j'ai volé un truc ? questionna-t-elle inquiète.
- Non, madame.... Euh Amanda, je voulais dire, la rassurai-je.
- Nous avons réouvert le dossier Jackson, commença Jay.
- Et nous aurions besoin de votre témoignage pour mieux avancer, continuai-je.
- Ah! Mon frère et ma petite nièce, souffla-t-elle un peu triste.
- Effectivement Amanda, repris-je. Parlez nous un peu de votre frère.
    Elle sembla réfléchir un moment puis se mit à parler
- Philip était un homme pacifique, débuta Amanda. Il a toujours travaillé dur pour nourrir sa fille après que sa femme ait déserté la ville, comme par magie, abandonnant sa petite famille. Au début, il travaillait à Comfy and Clean, l'entreprise de nettoyage et d'entretien. Mais cet emploi était loin de subvenir aux dépenses quotidiennes surtout que Kara, ma petite nièce a eu un cancer du sang à l'âge de 11 ans. Il a dû trouvé un autre emploi en plus de son travail d'agent d'entretien. Malgré son acharnement, il n'était pas au bout de ses peines.
                  La vieille femme s'arrêta un moment et avala comme une boule qui lui était restée coincée dans la gorge. Elle continua:
- Un ami l'a recommandé à une famille très aisée où il a travaillé comme chauffeur à plein-temps. Il a dû supplier son patron de lui avancer de l'argent sur ses futures payes afin de pouvoir subvenir au traitement de sa fille. Il commençait à bien gagner sa vie et il a travaillé avec les Smith pendant plus de 7ans. Puis du jour au lendemain, un dimanche d'automne, un beau soir, on nous livra le corps sans vie, troué de balles de Philip. Kara entrait justement à la FAC et comment vous dire, dit-elle en coulant une larme, elle était brisée en mille morceaux. Le soir qui a suivi l'enterrement de son père, elle a fugué. Et depuis ce jour, je suis restée sans nouvelles de ma nièce.
     Elle éclata en sanglots. Jay lui tendit un mouchoir. Amanda reprit:
- Ils m'étaient vraiment chers. La semaine dernière, ajouta-t-elle, lorsque j'étais en trans, j'ai pus entrer en contact avec l'esprit de Philip. Il revendiquait vengeance pour sa mort. Le lendemain, je suis allée prévenir la police afin qu'elle réétudie son dossier. Je suppose que c'est cela qui vous amène.
- Oui Amanda. Et puis, vous y croyez à ces histoires de surnaturel, si je peux me le permettre? Ce aurait bien pu être une hallucination et de toute façon votre frère...
- Rassurez-vous! Ce n'était pas une hallucination. C'était bel et bien réel.
-Ah d'accord, je vois, repris-je une boule dans la gorge.
      Jay me lança un coup d'œil inquiet, signe qu'on devrait partir. Je lui lance un regard assez significatif et il comprit qu'il ne fallait pas fuir devant un obstacle, si l'on pouvait bien appeler ça ainsi. Je repris sur un ton délicat:
- Et vous n'avez aucune idée de l'endroit où pourrait se trouver votre nièce ?
- Croyez vous que si je l'avais su depuis près de 7 ans j'aurais signalé sa disparition à la brigade ? répliqua Amanda, un peu offensée.
- Excusez le, Amanda. Nous compatissons vraiment à votre douleur et nous ne souhaiterions pas vous déranger encore plus. C'est pour cela que nous nous en allons maintenant. Excusez nous pour le dérangement, reprit Jay en se levant et sur le point de s'en aller.
Je lui attrapai le bras et le retint.
- Attends, Jay!
Je m'adresse à présent à Amanda.
- Encore une question, Amanda!
- Oui, allez-y. Posez la moi, fit-elle timidement, quelque peu dégoûtée par l'attitude de Jay.
- Pouvons nous avoir l'adresse de l'endroit où travaillait votre défunt frère ? questionnai-je.
- Bien sûr, répondit-elle en se levant. Je crois que je l'ai notée quelque part dans un carnet. Un instant! ajouta-t-elle avant de prendre par des escaliers qui menèrent à une destination qui nous était totalement inconnue.       
     Elle revint quelques minutes après avec une petite feuille en main, laquelle elle me tendit. Dessus, il y avait l'adresse de la résidence des Smith mais également celle de leur entreprise.
- Merci Amanda! souris-je en me levant. Ce fut un réel plaisir de m'entretenir avec vous.
- Tout le plaisir fut le mien, répliqua-t-elle.
- Sur ce, passez une bonne journée.
         Elle nous escorta jusqu'à la porte puis nous mettions les voiles: direction la résidence Smith...

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