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[Kara]

Putain! Que cet oiseau la ferme!

Cela devait faire au moins une demi-heure que la petite bête piaillait à la fenêtre de ma chambre de séjour. Et quoi de pire pour couronner le tout que les rayons du soleil qui irradiaient non pas par une fenêtre mais par trois, m'empêchant de dormir. Je me retournais sous mes draps avant de placer l'un de mes oreillers sur ma tête, l'enfonçant presque dans mes tympans. Pourtant, j'entendais toujours les cris de l'oiseau. J'en arrivais même à me demander s'il n'était pas accompagné d'autres de ses compagnons bipèdes. Soudain, un miaulement de chat s'y mêla.

Eh bien! Bonjour la chorale des animaux! râlai-je, désespérée.

Un autre miaulement se fit entendre.
- Putain! jetai-je mes couvertures hors du lit en me redressant nonchalamment.

Je pris ma tête dans mes paumes avant de passer la main dans mes cheveux. Le chat miaula à nouveau puis une voix me parvint de ma droite.
- T'as dormi longtemps!

C'était une voix féminine. Je tournai instinctivement la tête et tombai sur une jeune femme approximativement plus âgée que moi mais pas trop non plus. Elle tenait un chat blanc énormément touffu sur ses cuisses dénudées pendant qu'elle mangeait.

Qui diable était-elle et comment avait-elle fait pour entrer dans ma chambre?

Techniquement parlant, ce n'était pas réellement ma chambre et puis merde! Elle n'a jamais eu de clefs cette fichue porte.

- Qui êtes-vous? sortis-je du lit, méfiante.
- Viktoria Castanon, mais pour toi ce sera Vicky, m'annonça-t-elle en caressant tendrement son chat. Et toi Kara j'imagine.

Elle avait un accent particulier que je n'avais jamais entendu auparavant.

J'hochai la tête et la vis me sourire chaleureusement. J'acquiesçai un petit sourire gêné, me demandant combien de temps elle était restée là à m'observer roupiller.

Regarder quelqu'un dormir? C'était purement un truc de psychopathe. Généralement à ce moment là, comme dans les films, elle était censée me dire d'approcher avant de me surprendre avec une lame qu'elle implantera dans chaque partie de mon corps.

Oui je sais, j'exagère ! Elle me fixait et j'avoue que je ne la lâchais pas non plus du regard.

Ses yeux scintillaient à l'image d'une pierre de fluorite limpide et brûlante. Brûlante de charme exotique . Ses longs cheveux, d'un brun d'érable transparent et étincelant formaient un beau petit dégradé au dessus de sa tête, me faisant réaliser la beauté de ce panaché de couleurs - le brun et le blond clair. Fine, elle vêtait un chemisier blanc assez long pour lui servir de mini-robe. Un corset camel au motif floral logeait en dessous de ses seins et ajoutait une touche d'élégance à son habillement. Par ailleurs, un collier de perles blanches entourait son cou et deux puces perlèrent de ses oreilles. Les traits de son visage étaient très bien définis et aucune once d'imperfection ne pouvait s'observer sur son maquillage, enfin si elle en portait bien sûr. Je n'avais jamais vu une aussi belle femme de toute ma vie. Elle ressemblait à une mannequin. Mais pas n'importe laquelle. Une mannequin dont personne ne connaissait l'existence. Une mannequin que même les tapis rouges supplieraient de les égratigner.

Elle me rappelait la célèbre Marilyn Monroe.

- On dirait que tu as vu un fantôme, rigola-t-elle doucement.

Même son rire était maîtrisé.

-Euh, en fait... bafouillais-je.
- Allez détends toi ma belle.

Ok. Elle vient juste de m'appeler « ma belle » alors que je suis la plus pouilleuse d'entre nous deux. Ça se voit qu'elle n'a pas encore senti mon haleine putride du matin.

- T'as fait combien de temps là? lui demandai-je.
- Assez de temps pour prendre mon petit déjeuner et le reprendre une seconde fois.

Donc elle aime bien manger? Chouette! On va bien s'entendre.

- Ah. Y a une raison particulière qui t'emmène ici?
- Salvatore m'a proposée de passer la journée avec toi et je n'ai pas su refuser.
- D'accord je vois! lui souris-je.
- T'as faim? Viens goûter ceci. Tu me diras des nouvelles! se tortillait-elle dans le canapé noir.
- Faudrait que j'aille me brosser d'abord, essayai-je d'esquiver.
- Allez, juste une bouchée et je te dérange plus.

Elle avait fait ses yeux de chien battu. Bon! J'y vais!
Elle me tendit la cuillère pleine de... Cornflakes? Je voulus la prendre lorsqu'elle me dit d'ouvrir la bouche, me faisant comprendre qu'elle me nourrirait elle-même. Je m'étais inclinée de sorte à me tordre le dos avant d'avoir droit à la fameuse bouchée de céréales qui s'avérait plutôt à une sorte de lait alcoolisé qu'à du lait normal.
Je fronçai les sourcils, mine de rien en savourant la bouchée. Fais chier! C'était divin!
- Alors t'aimes? écarquilla-t-elle les yeux.
- Tu parles. D'où t'as eu cette merveilleuse idée ?
- Tiens, mange le reste.
- T'es sûre?
- Mais oui. J'en ai trop abusé. Et je risque de me saouler alors qu'il est même pas encore 10h du matin.

Je saisis le bol de céréales et ne me fis pas prier pour tout engloutir sous ses yeux amusés.
- Du rhum? lançai-je.
- Rectification. Du rhum cream.
- Ahh! Je comprends mieux la texture crémeuse et la douceur du liquide.

Elle me sourit sans placer le moindre mot puis se leva, l'air d'être étouffée par le poids de son immense chat qu'elle tenait à présent dans ses bras. Je pus remarquer qu'elle avait de longues jambes minces. Quelle grâce!
- Il s'appelle comment ton chat? relançai-je la conversation.
- Mister Puff, peigna-t-elle ses longs poils aux doigts.
- C'est adorable, complimentai-je faussement.
- Oh! s'offusqua-t-elle soudain. J'espère que ses miaulements ne t'ont pas dérangée quand tu dormais.

Et comment!

- Pas du tout. T'en fais pas.

Je mentais ouvertement et bien évidemment que j'aurais aimé abattre son gros matou rien que pour avoir miaulé trois fois pendant mon sommeil.

- Je suis rassurée, souffla-t-elle.
- Tu vis dans l'coin? fis-je en m'asseyant sur le bord de mon lit après avoir posé le bol sur la commode à son chevet.
- Non. J'habite à Trinidad. J'ai appris que mon associé venait à La Havane ; j'ai donc décidé de lui rendre visite.

Son associé? Pas dans le crime j'espère? Parce que je ne vois pas ce sale type faire autre chose que vendre des jeunes filles, dealer de la drogue ou encore tuer des innocents.

- Associé? repris-je.
- Oui. Nous avons un partenariat de qualité, s'approcha-t-elle de moi. Moi, je lui fournis le meilleur vin de toute l'Amérique Latine...

De son index, elle releva ma tête à partir de mon menton. Elle continua:
- Et lui, il me paie mon dû.

Elle le dit sur un ton neutre mais ferme. Ce qui me rassura d'une part du fait qu'elle n'était pas une criminelle et d'autre part qu'il n'y avait rien de particulier entre Salvatore et elle si ce n'est un rapport de travail. Et peut-être une simple amitié.

De toute façon, qu'il y ait plus ou moins entre eux deux, je n'en avais que faire!

- D-d'accord! balbutiai-je, déconcertée par le regard insistant de Vicky.
- T'as un visage d'ange. C'est incroyable, m'adula-t-elle.

Elle retira ensuite son doigt de mon menton pour enfin s'éloigner de moi.
- Merci, lâchai-je timidement.
- Ça t'dit qu'on aille faire du shopping?
- Carrément, explosai-je.
- Okay, se tourna-t-elle vers moi, toute souriante. Je t'attends en bas. Finis de t'apprêter et rejoins moi.
- D'accord!

Viktoria s'en alla sur ce, laissant derrière elle une jeune fille surexcitée à l'idée de découvrir la ville.

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