5.

81 5 0
                                    

***
[Abby]
Je descendis en trombe de ma voiture, un Audi R-10 P. puis me dirigeai vers la porte principale, géante et ternie de vieux jours de la villa Smith. Je sonnai et une servante vint m'ouvrir. Mon regard tomba raide sur Peter, debout, nerveux s'adressant à un vieux monsieur, l'Oncle Milton. Quelle vieille barbe ce type! Il était mon idole quand j'étais encore qu'une gamine. J'adorais sa musique! Ah oui. Figurez vous qu'il est un artiste. Un peu jazzman et un ace du Rhythm and Blues. Bref, j'avais la nostalgie de tant de choses...
Peter remarqua ma présence. Je lisais la tristesse dans ses yeux. Ce qui m'émut. Je courus me jeter dans ses bras.
- Je suis désolée, Peter!
- Non, ne t'en fais pas! Ainsi est faite la vie.
- Surtout, sois fort, ajouta l'Oncle Milton. Je vais de ce part à la recherche de ton frère. Il ne doit pas être bien loin.
- Ok mon oncle, lança Peter après s'être détaché de moi.
- Milton, ravie de vous revoir, fis-je en l'enlaçant.
- J'avoue que tu dates de l'époque de mon dernier album, petite.
- Toujours encore mon préféré cet album, lui retournai-je.
- Ce n'est pas tout ça mais j'ai un neveu à retrouver. Prends soin de toi. Peter, je t'appelle dès que j'ai des nouvelles.
Milton ne tarda pas à s'en aller. Nous nous assîmes ensuite.
-Tu n'as aucune idée d'où pourrait se trouver Christopher ?
-Vraiment aucune. Je n'ai plus les idées en place. Il ne sort jamais à moins qu'il soit parti à un dîner d'affaire, un gala ou au bureau.
- T'as vérifié au bureau ?
- Non, pas vraiment !
- Appelle sa secrétaire.
- D'accord. Espérons qu'il y soit.
*
Nous étions dans l'ascenseur en direction du 16e étage. Aussitôt que l'élévateur s'est arrêté, Peter et moi nous empressâmes vers la grande porte au fond du couloir menant au bureau de Christopher. À droite, avant d'y accéder se trouvait le comptoir de la secrétaire, en marbre et parsemé d'un mac et d'un tas de papiers; lequel faisait dos à une baie vitrée qui offrait une vue magnifique sur la ville de New York, joyeuse et animée par ce temps d'été. Peter ouvrit la porte, témoignant d'une énorme galanterie à mon endroit. La pièce était saccadée de papiers qui jonchaient le sol tapissé à la mode indienne. Un verre de whisky à moitié bu sur la petite commode à droite, des rayons lumineux aveuglants, un homme endormi sur un mac derrière un vaste bureau: c'était bel et bien lui. Peter bondit littéralement pour aller épauler son frère qui paraissait ivre-mort. J'avoue, même si je ne l'aimais pas, j'avais quand même de la peine pour lui. Je ne pouvais plus rester. Non surtout pas en ce moment où je me sentais vulnérable. Je n'ai rien, absolument rien à faire ici. Je m'en allai dès lors, bien que chamboulée mais avec toujours la même haine pour Christopher.
*
Treize minutes que je roule déjà, toujours la rage et la pitié au cœur. Un appel entrant! Sans tarder, j'actionne un bouton sur l'écran au centre de la barre de bord.
Conversation téléphonique
Moi: Élyna ! Un soucis?
Élyna: Non rien de grave madame. C'est juste que suivant votre planning, nous devrions partir visiter les différents emplacements pour l'événement. Je tenais juste à vous le rappeler.
Moi: Ok, je passe te chercher au bureau.
Élyna: D'accord. J'y serai.
*
Deux heures sont déjà passées. Nous en sommes à la quatrième galerie de fêtes et événements spéciaux. Le décor était similaire à celui d'un ancien palais royal espagnol confondu à un de ces temples arabes. L'aspect esthétique de la vitraille dorée et des lustres donnait envie de ne plus en détacher le regard. Des œuvres artistiques s'étendaient sur les baies vitrées et parfois sur quelques murs. Ces images étaient loins d'être insignifiantes. Au contraire, elles semblaient raconter l'histoire de tout un peuple, d'un empereur et de sa princesse. D'un autre côté, des tables hautes s'érigent un peu partout dans la grande salle supportant de longs tabourets matelassés et dorés penchant entre le moderne et l'antique. Au fond, une pente menait à une scène assez colossale et juste à côté, un emplacement pour les instrumentistes de tous genres. D'autres aspects faisaient de cet endroit un palace magique et paisible. Et, j'en suis convaincue qu'il y avait encore beaucoup à en baver à l'étage. Des portes se dispersèrent aux coins de la galerie, glaciale et fleurie. D'innombrables bancs de fleurs de différentes espèces avec des assortiments blanc-dorés offraient une touche de fraîcheur à l'endroit. Je n'eus jamais vu auparavant quelque chose de si époustouflant. C'est sûr, j'ai déjà fait mon choix.
- Je prends, déclarai-je, sûre de moi.
- J'avoue que c'est absolument magnifique, confessa Élyna.
- Comme vous voulez madame Smith.
- Mlle Wright s'il vous plaît.
- Excusez moi pour cette maladresse, lady Wright, corrigea l'organisatrice Candace, avec un accent british. Vous ne serez pas déçu de votre choix, ajouta t-elle en feignant un sourire. Je ferai tout mon possible pour que les préparatifs se déroulent bien.
- Je l'espère, soupirai-je.
*
Je garai ma voiture. À peine eus-je le temps d'en descendre que j'aperçus celle d'Isaiah, une Ferrari noire, blindée. Je m'empressai de rentrer. Le seuil de la porte principale franchi, je vis l'homme de dos, sûrement absorbé par ses pensées. Il ne m'entendît pas l'approcher et le prendre par derrière dans mes bras, malgré que ma taille faisait défaut face à ce corps de mannequin enrobé d'une chemise blanche et d'un pantalon de costume noir. Il était toujours aussi beau. Il se retourna enfin et fit de même. Pour moi, c'était le seul qui me comprenait. Il prit la parole:
- J'ai entendu dire que tu étais malade. Comment tu te sens maintenant ?
- Pas mal, surtout que t'es là maintenant, répondis-je d'un ton taquin.
- Je m'en doutais, lâcha-t-il un sourire narquois.
- La mère de Christopher est morte. Je revenais de chez les Smith, intervins-je, la voix lourde.
- Qu'avait-elle?
- Elle a fait un accident de voiture. Les médecins n'ont pas pu la sauver.
- Même si Christopher est mon plus grand concurrent, je suis vraiment désolé pour lui et toute sa famille.
- J'avoue, il était plutôt très affecté.
- Et c'est pour quand les funérailles ?
- Pour l'instant, je n'en sais rien de concret. Mais j'essaierai de m'informer.
- Tu as encore de la fièvre, fit-il en touchant mon front. Tu as mangé aujourd'hui ? Tu as pris tes cachets?
- J'ai pris du thé ce matin et mes cachets, bah... non je les ai pas pris. C'est pas grave je les prendrai plus tard de toute façon, Dr Isaiah.
- Comment ça plus tard? Il est maintenant 16h et tu n'as rien mangé. Pis, ils sont où tes cachets ? Tu dois...

Je l'étreins dans son discours en posant mes lèvres sur les siennes. Ce qu'il ne désapprouva point.
Il me tint compagnie un moment et s'en alla aux environs de 20h malgré lui. Heureusement que j'avais quelqu'un sur qui compter.

ImpostorWhere stories live. Discover now