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[Salvatore]
Je descendais lentement les marches granitées et poussiéreuses qui menèrent à la cave externe. En effet, celle-ci se situait tout au fond du domaine, là où personne n'avait accès.
Je pénétrai une pièce faiblement illuminée où deux de mes hommes m'attendaient . Juste au milieu se trouvait allongé sur une planche de torture, les poignets et les jambes emprisonnés dans des cerceaux métalliques l'un des hommes de main de Lucho. Je m'approchai, mes mains totalement enfouies dans mes poches puis pris d'une voix enrouée :

- Tengo exactamente tres minutos para pasar aquí, así que me harás el placer de contestarme y rápido  (J'ai exactement trois minutes à foutre ici donc tu vas me faire le plaisir de répondre et vite.)

Le concerné me toisa, serrant ses dents ensanglantées probablement par les nombreux coups de poings qu'il dut recevoir au visage. Il bredouilla :
- ¡Nunca! (Jamais!)

Je ne dis plus rien. J'étais souvent taciturne dans ces genres de situations.

Moins on parle, plus on agit et plus vite on obtient ce que l'on veut.

Je jetai un coup d'œil à l'un des gardes présents. Ce qu'il ne peina pas à comprendre. Il m'emmena sans tarder le plateau de jouets d'où je piochai une lame de bistouri. S'il tient tant que ça à s'amuser, alors éclatons-nous!

Je tirai un tabouret moyen ensuite le positionnai juste en dessous des pieds de mon détenu. Je m'y assis en retroussant les manches de ma chemise blanche qui risquait bientôt d'être éclaboussée de sang. Je repris calmement:
- Acabas de perder un minuto. Todavía tienes una opción. ¿Quien te envio? (Tu viens de gaspiller une minute. Tu as encore le choix. Qui t'envoie?)

Je le savais déjà. Mais je poussais la barre haute pour estimer son degré de loyauté envers ce misérable.

- No diré nada hasta que me saques de este maldito tablero. (Je ne dirai rien tant que vous ne m'aurez pas enlevé de cette putain de planche.)

Je fis un signe du regard à l'autre garde planté à ma gauche quand il retira les cerceaux d'alliage qui enrobaient ses flexions des pieds.
Je saisis son pied droit, dénudé et y plongeai la lame sans état d'âme. Je fendais lentement sa face plantaire, subissant ses cris de douleurs et ses mouvements devenus brusques que mes hommes ne tardèrent pas à maîtriser.
- Acabas de desperdiciar tu última oportunidad, enfonçai-je davantage ma lame dans sa chair rouge et saignante. (Tu viens de gaspiller ta dernière chance.)
- No diré nada, bégaya-t-il dans l'agonie. Hice el juramento. (Je ne dirai rien. J'en ai prêté serment.)

Je ricassai à sa réplique après quoi je sortis un téléphone à touches noir de ma poche pour lancer un quelconque appel. Il décrocha.
- No estuvimos de acuerdo en eso, commençai-je rageusement. (On ne s'étaient pas convenus sur cela.)
- ¿Nadie te dijo nunca que la noche estaba hecha para dormir? essayait de me provoquer Lucho à l'autre bout du fil. (On ne t'a jamais dit que la nuit était faite pour dormir?)
- ¿Por qué enviaste a tus secuaces a mi territorio? (Pourquoi tu as envoyé tes hommes de main sur mon territoire?)
- Fue para saludarte! ¿O es criminal ser cortés? dit-il sur un ton ironique. ( C'était pour te passer le bonjour. Ou est-ce criminel d'être poli?)

Ma mâchoire s'était figée et je commençais à me remplir de fureur. Je gardais mon sang froid.
- Te ofreceré un trato. Libera mis contenedores y te ofreceré todo este circuito. (Je vais te proposer un marché. Libère tous mes containers et je t'offre ce circuit tout entier.)

Il ricana.
- No me tomes por tonto, padrino. Quiero tu lugar dentro del cartel y a la chica por la que le disparaste a mi hermano. (Ne me prends pas pour un imbecile, parrain. Je veux ta place au sein du cartel et la nana pour qui t'as flingué mon frère.)

- Sabes muy bien que Oscar traicionó a La Familia. Y ya conoces el castigo reservado a los traidores, appuyai-je en fermant durement mon poing. ( Tu sais pertinemment que Oscar a trahi La Familia. Et tu connais déjà le châtiment réservé aux traîtres.)

- ¿Sabes qué? Te doy tiempo hasta mañana para que me traigas a la chica. Habría aprendido que tiene un culo tremendo. Ya me estoy imaginando follándola como la puta que es. Después la torturaré hasta que muera, articula-t-il de vive voix. Pero no te preocupes, querido padrino. Te enviaré una foto de mi polla en la boca de su cadáver. (Tu sais quoi? Je te laisse le temps jusqu'à demain pour me ramener la gonzesse. J'aurais appris qu'elle a un cul d'enfer. Je m'imagine déjà en train de la sauter comme la pute qu'elle est. Ensuite, je la torturerai jusqu'à ce qu'elle crève. Mais ne t'inquiète pas, cher parrain. Je t'enverrai une photo de ma bite dans la gueule de son cadavre.)

Je n'appréciais aucunement ce que j'entendais. Je raccrochai immédiatement, au risque d'entendre d'autres paroles désagréables. Il était vrai que Kara me servirait d'appât pour que je récupère ma marchandise. Mais je n'avais pas l'intention de l'abandonner à ce sale rat. Et je comptais bien reprendre ce qui était à moi.

Je me levai, dégoûté puis jetai un regard sur l'homme de Lucho.
- Considérate afortunado de no morir ahora. (Estime-toi heureux de ne pas mourir maintenant.)
- Jefe, ¿qué hacemos con él? fit l'un des gardes. (Patron, qu'est-ce qu'on fait de lui?)
- ¡Juega un poco con él! (Jouez un peu avec lui!)

Je m'en allai, imperturbable malgré les supplications de mon otage.

*
Elle dormait déjà. Je refermai discrètement la porte de sa chambre, décidé à partir me coucher. Chose que je ne pus faire. Je saisis mon téléphone, le regard vide et absorbé par l'aube manifeste puis passai un coup de fil.

- ¿Espero no despertarte? J'espère que je ne te réveille pas?)
- ...
- Nos vemos en mi apartamento en el centro de la ciudad.(Rejoins-moi dans mon appartement au centre ville.)
-...
- ¡En veinte minutos! (Dans vingt minutes !)

J'interrompis l'appel.

J'allumai une cigarette, laissant mon corps s'écrouler dans le vaste canapé en cuir italien qui m'avait coûté une blinde. Je tirai une latte. Puis une seconde. Après quoi, j'écrasai mon mégot dans le cendrier. Je me relevai, l'esprit occupé. Et toujours aucune réponse à mes préoccupations.

J'allai me changer avant de quitter le domaine.

ImpostorWhere stories live. Discover now