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Quelqu'un frappa à la porte. J'étais trop épuisée pour répondre.

Le bout de bois blanc s'ouvrît alors dans un sourd grincement. Je ne m'en étais pas rendue compte jusqu'à ce que des pas s'accentuent sur le plancher. Une voix me sortit de mon demi-sommeil.
- Kara!
Je ronchonnais tel un âne agonisant en me trémoussant dans mes draps lavandes satinés. Putain! Qui diable était-ce ?
- Hmm, maugréai-je.

Je me mis à me frotter les yeux, m'étirant au passage. Plus rien ne se faisait entendre. Quand bien même, je ressentais une présence humaine dans la pièce. J'ouvris lentement mes yeux, tombant sur un corps bien bâti filtré par un débardeur noir et un pantalon de costume de la même couleur. C'était un asiatique bronzé qui n'était rien d'autre que Jerry. Je me rinçai les yeux quelques secondes avant de les refermer comme si de rien n'était.
- Je veux dormir Jerry, manifestai-je ma fatigue en baillant.

Cela dit, je m'ensevelis complètement sous ma couverture, lui tournant le dos.
- Quelqu'un veut te parler, dit-il fermement.
- Qui? soufflai-je.
- Tiens et tu verras.

Mon cœur se serra dans ma poitrine et mon envie de dormir s'était soudainement envolée. Je retirai ma couverture et tournai à nouveau ma tête vers Jerry. Il me tendait un portable. Je le pris de sa main qui commençait à s'impatienter.

- Allô? commençai-je.

- ¿Has tenido dulces sueños, princesa? ( Tu as fait de beaux rêves, princesse?)

C'était lui. C'était ce salaud. J'avais reconnu sa voix. Je la reconnaîtrais d'ailleurs entre mille. Mon sang s'abattait violemment sur mes parois veineuses provoquant en moi une tachycardie irrépressible. Mes poumons se contractèrent et refusèrent d'éjecter l'air impur. J'avais également perdu le sens du parler.

Comment osait-il m'appeler après tout ce temps? Revenir comme si de rien n'était après tout ce qu'il m'avait fait vivre? J'en avais la nausée. Il m'avait dégoûtée de beaucoup de choses. Surtout de l'amour. Je l'avais haï pendant tous ces mois passés dans ce putain de fauteuil roulant. Je m'étais retrouvée là par sa faute. Tout était de sa faute. Et tout l'a toujours été.

- ¡Que te jodan, hijo de puta! ( Va te faire foutre, fils de pute!) grinçai-je des dents.

Je tendis le téléphone à Jerry qui, de marbre, refusa de me le reprendre.
- Il n'a pas fini de te parler.

Comment pouvait-il le savoir si ce n'était pas lui qui était à l'autre bout du fil? Ou maniganceraient-ils quelque chose?
- Prends-le bordel de merde, gueulai-je Jerry.

Il s'avança à pas lents vers moi puis se pencha à mon oreille afin de me faire clairement comprendre:
- J'ai été assez patient avec toi Kara. Ne m'énerve pas!

Il avait employé un ton que je ne lui avais jamais connu. Il était très sérieux. Et bien encore plus, ses menaces semblaient réelles. Je parvins difficilement à avaler la salive aiguë qui s'était formée dans ma bouche avant d'accoler le portable à ma tempe. Jerry se dégagea.

-Dis c'que t'as à me dire, repris-je malgré moi.
- Tu devrais apprendre à baisser d'un ton, gamine.
- Va falloir me dénicher un mode d'emploi, connard.
- Tu voudrais peut-être une fessée?
- J'ai passé l'âge merci.
- Y aún así pediste más cuando te follé a cuatro patas. ( Et pourtant, tu en redemandais encore lorsque je te prenais à quatre pattes.)

Je le sentis sourire derrière son écran, ce sourire malicieux qu'il affichait souvent. Va te f-
- ¡Me das asco! ( Tu me dégoûtes!), lui retournai-je sous le regard fixateur de Jerry.
- ¡No sabes mentir mi pequeña Kara! ( Tu ne sais pas mentir ma petite Kara!)
- Fais-moi rire, gloussai-je sarcastiquement.
- Bref, j'aurais besoin de ton aide, changea-t-il automatiquement de sujet.

ImpostorWhere stories live. Discover now