24.

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Aujourd'hui était un nouveau jour plus précisément le 24 décembre. Je regardai l'heure sur le réveil qui était posé sur la petite commode à côté de mon lit. Il sonnait 09h13min. Je n'avais envie de rien. Je replaçai ma couverture à comfort et me torturait l'esprit. J'avais envie de le voir arriver par cette porte et m'expliquer ce qui le pousse à me traiter de la sorte. J'avais besoin de savoir si je n'étais peut-être pas assez féminine. Ou m'avait-il menti sur le fait qu'il éprouvait quelque chose pour moi? Peu importe. Tout compte fait, aujourd'hui c'est le réveillon et je ne dois pas déprimer. Ça me rappellerait trop le gosse dans Maman j'ai raté l'avion. Je dois juste laisser aller...
                                   *
Je m'étais finalement décidée à me lever. J'avais déjà assuré mes soins corporels et je vêtais un simple jean et un large pull en laine. J'étais descendue au salon lorsque j'y vis une dame brune, légèrement corpulente, frôlant la quarantaine et très élégante qui sembla se réjouir de me voir. Je pus également remarquer qu'il y avait un sapin minutieusement décoré posé en face de la baie vitrée. Je m'avançai vers la dame et la saluai respectueusement.
- Bonjour madame, fis-je sur le qui-vive.
- Oh, vous êtes énormément splendide. C'est donc vous Kara?
- Bien sûr. On est censées se connaître?
- Non mais Salvito m'a beaucoup parlé de vous.
- Pardon?
- Salvatore je voulais dire. Je suis tellement ravie de vous rencontrer. Moi c'est Eleanor, une bonne amie de votre chéri.
- Mon chéri ? À ma connaissance, je n'en ai pas. Mais oui, je connais bien le monsieur dont vous parlez. Une belle enflure ce type, ne pensez-vous pas ?
- Allons, ne soyez pas si dure avec lui. La vie ne lui a pas toujours été facile vous savez. Il suffit d'être patiente. Oh quelle imbécile je suis!
     Je la vis s'en aller en trombe vers la cuisine et ramener un bouquet de roses blanches qui était posé sur le plan de travail. Elle me le tendit en disant:
- Il tenait vraiment à ce que je vous le remette de sa part.
       Je pris le bouquet en hésitant. Le parfum des roses m'enivra totalement et j'en oubliai presque ma colère envers lui. J'aperçus une carte au milieu des fleurs et je la saisis. Eleanor se proposa de me garder le bouquet afin de me permettre de lire aisément le contenu de la carte. Il y était écrit : ¡Perdón por lo de ayer, señorita! (Désolé pour hier, señorita!). Même si c'était ce que je souhaitais, je ne voulais pas ou du moins plus de ses excuses. Et de toute façon, il ne me devait absolument rien. Eleanor reprit:
- Il voudrait vous emmener quelque part ce soir.
- Où?
- Je n'en ai pas la moindre idée mais je suis là pour vous assister. Nous irons vous acheter une robe bien à votre rang et je m'occuperai du reste. Vous serez à tomber par terre.
- M'acheter une robe avec quel argent? Je suis paumée comme un clou.
- Monsieur a laissé l'une de ses cartes. Ne vous inquiétez pas.
- De l'argent sale, je m'en doutais. Ai-je le choix?
D'un geste de tête, elle me fit savoir ce à quoi je m'attendais. Une fois encore, je devais me plier aux désirs du patron...
*
3:40 p.m, December 24th, 2...

J'étais déjà prête. Eleanor s'était bien occupée de moi. C'était une femme vraiment cultivée et très sociable. Je m'entendais finalement bien avec elle.
Elle réajustait ma coiffure, une coupe carrée tout à fait splendide. Je n'aurais jamais imaginé eu le courage de couper mes cheveux encore moins de les lisser. Mais tout doit bien changer un jour. Je vêtais une robe, rouge, longue et majestueuse qui dessinait un décolleté plongeant dans mon dos (image en arrière plan). Elle était plutôt simple mais assez atypique. C'était l'œuvre d'un grand styliste du pays et je dois avouer qu'il s'est surpassé. Eleanor m'annonçait que Salvatore ne tarderait pas à venir.
- Il sera là d'une minute à l'autre.
- Vous ne pensez pas qu'il est un peu trop tôt pour une soirée? Enfin, une soirée c'est normalement dans la soirée. 18h par exemple ou que sais-je? 20h.
     Elle rigola d'une manière très délicate et polie avant de reprendre:
- Je vous comprends absolument, mi lady. Mais avec Salvatore, il faut vraiment s'attendre à tout.
        Je n'eus rien à ajouter sur le coup. Je vis à travers la glace située dans un angle de la chambre la porte s'ouvrir tout doucement. Eleanor se retourna pendant que j'étais toujours omnibulée par le spectacle qui s'offrait à mes yeux à travers le grand miroir. C'était Salvatore. Elle sortit de la chambre sur demande de mon patron. Sans jamais me retourner, je lui demandai:
- Qu'est-ce que tu cherches?
      Il ferma la porte avec soin puis vint se poster derrière moi. Il voulut me toucher les cheveux mais j'esquivai.
- Ne me touche pas! dis-je en colère.
- J'aime bien ta nouvelle coupe.
- Où est-ce que tu m'emmènes ? Dans une autre maison close?
- Habillée ainsi? rit-t-il.
- Puisque tu sembles être bipolaire. Il faut s'attendre à tout venant d'un type comme toi.
- Dis moi, est-ce que tout va bien ?
- Ai-je l'air de ne pas bien aller?
- À toi de me le dire.
      Je me tournai, lui faisant face et le regardant droit dans les yeux. Mes lèvres tremblèrent et je sentais les larmes monter. Je finis enfin par parler.
- Réponds moi sincèrement.
          Il ne plaça guère mot. Je continuai:
- Ne suis-je pas assez bien pour toi?
- Qu'est-ce qui te fait dire cela? me questionna-t-il en retour.
- Rien, dis-je après une courte réflexion. Laisse tomber!
- Je veux savoir.
- J'ai dit laisse tomber.
- Kara! insista-t-il.
- Je pense plutôt que c'est toi qui n'est pas assez bien pour moi. Je mérite mieux.
         Il me fixa longuement avant de se retourner. Il me lança un « on y va dans dix minutes » avant de disparaître sous mes yeux remplis d'incompréhension. Eleanor ne tarda pas à revenir. J'allai m'asseoir sur le lit, respirant un grand coup et la tête légèrement penchée vers l'arrière, essayant de refouler les larmes. Eleanor s'approcha de moi et je sentis sa main se poser sur mon épaule.
- Dis moi toi, commençai-je, ne suis-je pas assez féminine?
- Je pense que si la féminité était une personne, ç'aurait été vous, Kara. Un conseil? Ne vous fiez pas à votre instinct en terme d'amour vous savez. Il nous joue souvent de sales tours. Pensez plutôt avec votre cœur qu'avec votre cerveau. Je vous le dis en tant qu'amie. Ou ne le sommes nous pas?
       Je levai les yeux vers elle, savourant encore la profondeur de ses sages paroles. Je lui souris timidement avant de répondre:
- Ça sert souvent à ça les amies. Se conseiller n'est-ce pas?
- Absolument, reprit-elle, un sourire aux lèvres.
- Tu sais quoi? Tu devrais penser à retourner dans cette boutique et parler au gérant de c'que tu ressens pour lui. J'ai bien vu comment tu le regardais et comment lui aussi te regardait . Vous formeriez un beau couple.
- Oh mais ma parole, pas si fort! fit-elle toute rouge.
          Je ne rigolai qu'à sa réaction et je pus réellement comprendre ce que j'avais. J'étais décidément bien éprise de Salvatore mais comme toute novice, je n'avais que cette foutue réplique en tête : Quand on aime, on nique...

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