PARTIE 1

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12 janvier 1752

Moi face au reste du monde. Ça m'allait plutôt bien. Je suis unique, ça je l'ai compris. Il n'y en a littéralement pas deux comme moi sur cette foutue planète. Jusque-là, vivais tranquillement ma petite vie, qui était pimentée de temps à autre par une pleine lune un peu trop intense, ou mes émotions qui vrillaient complètement. Mais je peux dire que j'avais trouvé mon équilibre.

J'avais trouvé.

Plus maintenant.

Si on m'avait dit que ma peur serait mon émotion la plus puissante, avant, j'aurais ri. Maintenant, je pleure. Et je ris aussi. Les deux en même temps. Et je crie. Et je me tire les cheveux. Ce n'est plus moi face au reste du monde. C'est moi face à l'Ombre. Mon Ombre. Le reste du monde n'existe plus. Je l'ai tué.

Je maudis ce livre. Je le maudis cent fois, mille fois. Je le maudis sur le sang de mes victimes, je le maudis sur ma peur. Je me maudis pour l'éternité ; mais ça n'est pas assez. Je me maudis d'avoir su le lire en entier, je le maudis de m'avoir ouvert les yeux une fois qu'il était trop tard.

L'Ombre doit vivre. Toujours. Et la seule façon de la garder en vie c'est de ne pas se confronter reste du monde. Il doit y avoir toi, et toi seul ; ainsi jamais l'Ombre ne te devancera. Au début, tu la contrôles. Mais un jour elle finira par prendre le dessus, à force de voir tous ces gens avec lesquelles tu la nargues.

Peirinetta est l'une des premières que j'ai réussi à lire. Y arrives-tu ? Elle aussi, elle a peur. Mais elle a peur parce qu'elle est seule. Elle veut en trouver d'autres.

Et c'est ça qui l'a tué.

Si l'Ombre meurt, tu deviendras l'Ombre. Et si tu deviens l'Ombre, tout le monde meurt.

Bakeneko Oiran (c'est comme ça qu'on commencés à m'appeler les gens, à Ero)

La malédiction des chats noirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant