Chapitre 39

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L'une des premières choses qu'Ascelin avait faite, c'était s'asseoir avec Elwina sur le lit de cette dernière, et respirer calmement pour reprendre le contrôle de son rythme cardiaque. La jeune femme avait fait de même, en un parfait mimétisme.

Ensuite, il était resté bloqué quelques secondes, à se demander comment reprendre le contrôle de ce qui se passait. Il y avait tant de choses à dire que, trouver ce par quoi commencer sans briser les nerfs déjà mis à vif de la brunette, n'avait pas été mince affaire.

— Nous l'appelons l'Autre Monde. Ascelin avait marqué un léger silence, le temps d'analyser les expressions faciales de son interlocutrice. Elle avait beau être terrifiée, ses yeux en disaient long sur sa soif de connaissance.

— Poséidon est bien une sirène, et leurs chants envoûtent à souhait leurs auditeurs. Que ses paroles n'aient pas marché sur toi...

Il n'avait pas terminé sa phrase, cherchant ses mots, et la brunette avait complété à sa place :

— C'est qu'il l'a voulu.

De la part du pseudo-dieu grec, cette possibilité n'était même pas étonnante. Les jeunes gens s'étaient regardés, alors que tous deux se remémoraient les paroles prononcées par le brun.

— Pourquoi il t'appelle Elwina-c'est-tout ?

La brunette avait froncé les sourcils, en remontant dans ce souvenir, enfouis quelque part dans sa mémoire :

— A notre première rencontre, il a humé l'air, et a décrété ça ensuite.

Et si...

Voyant ce qui se passait dans la tête de la jeune femme, le blond l'avait devancée :

— Sens décuplés.

Il devait bien admettre que, parfois, les livres de fantasy n'avaient pas tout faux dans leurs créations de personnages. La plupart des créatures surnaturelles étaient extrêmement sensibles.

Par déduction, Elwina venait de comprendre ce qui c'était passé, lors de sa première rencontre avec Poséidon. Ce dernier était une sirène, subséquemment son odorat était particulièrement développé, et le brun avait tenté de sentir son aura, pour savoir ce qu'elle était. En l'absence d'odeur spécifique, il avait décrété qu'elle n'était qu'une simple humaine.

En l'appelant Elwina-c'est-tout, Poséidon aurait tout autant plus l'appeler Elwina l'humaine. Ce qui était strictement faux.

— J'ai pensé toute ma vie être seule au monde.

Et elle avait pensé toute sa vie que la malédiction des chats noirs était en partie assimilée à cette solitude. La réalité était donc bien pire que ce à quoi elle s'attendait.

— Armel et d'autres pensent que ta grand-mère était une sorcière.

La jeune femme n'avait jamais pensé à cette possibilité. Sous le choc, elle avait légèrement tangué sur le côté, si bien que le blond dut la rattraper par le biceps pour l'empêcher de chuter.

Elle semblait au bord de la crise d'angoisse.

Enfin, non, en réalité elle était littéralement au bord de la crise d'angoisse.

La femme qui l'avait élevée, et en qui elle avait placé toute sa confiance, lui avait menti toute sa vie. Lui avait fait croire qu'elle était un monstre rebut de la société.

C'était pour ça que sa grand-mère ne voulait pas vivre avec d'autres personnes ? Qu'elle craignait tant les interactions sociales ? Qu'elle avait mis en garde Elwina envers les gens dont on voyait les auras ?

La malédiction des chats noirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant