Chapitre 30

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Roméo.

Qui. Est Roméo ?

Qui était le frère jumeau de Roméo ? Quelle était l'histoire de Roméo ? Son passé ? Sa vie ? Comment est-il arrivé ici ?

Elwina brûlait d'en savoir plus sur le jeune homme. L'idée qu'elle ait dessiné le feu frère de ce dernier l'avait hantée toute la nuit, et la journée suivante. Elle ne comprenait même pas comment un tel phénomène était possible. Peut-être, après tout, était-ce une simple coïncidence ?

Non, impossible que ce soit seulement le fruit du hasard. Elle refusait d'y croire.

Peut-être s'était-elle rapprochée du jeune homme, ces dernières semaines, mais ça ne signifiait pas pour autant qu'elle le connaissait. En fait, elle ne savait quasiment rien de lui. Elle savait juste que c'était le meilleur ami de Poséidon, qu'il avait vingt-neuf ans, qu'il était atteint d'une sorte d'albinisme, qu'il aimait le sport, l'art, la mythologie, qu'il habitait sur l'île, dans le quartier de... quel quartier, déjà ?

Alors même qu'elle restait perdue dans ses pensées, Elwina était entrée dans la bibliothèque.

La cloche avait tinté, comme à son habitude, mais la jeune femme était tellement occupée à se questionner sur Roméo? qu'elle ne l'avait même pas entendue.

Par contre, elle l'avait vu. Elle avait vu ce point de lumière. Une luciole sortie de nulle part. Enfin, si. Sortie de la cloche. La lueur, bien qu'aussi petite qu'un ongle, était vive. Elle flottait dans l'air, et commençait à flâner juste sous ses yeux, comme pour l'inviter à la suivre.

Berhed avait interpellé Elwina en la voyant arriver. Sûrement pour lui faire goûter une nouvelle recette de sucrerie. Mais la brunette n'avait pas réagi : toute son attention était focalisée sur ce petit point lumineux, qui se mouvait comme un organisme vivant.

Elle tenta de l'attraper, et sa main passa à travers l'organisme. Ce n'était pas un organisme, mais simplement de la lumière. De la lumière vivante.

Elwina avait suivi cette petite lueur, qui l'avait guidée à travers les étagères de la bibliothèque. Elle n'avait aucune idée d'où elle allait, et elle ignora délibérément Berhed et Lou qui l'observaient avec des yeux ronds. Probablement devaient-ils la prendre pour une folle. Eh bien, ça ne serait ni la première, ni la dernière fois qu'on s'inquiétait pour sa santé mentale.

Et, tout à coup, alors qu'elle venait d'entrer dans une nouvelle galerie, la petite lueur s'était mise à filer, pour se fondre au milieu des livres, tout en haut des étagères. Curieuse, Elwina s'était approchée, pour découvrir avec émerveillement que c'était un livre entier, tout là-haut, qui s'était mis à luire. Avec précipitation, elle s'était emparée de l'escabeau le plus proche, pour l'ouvrir et monter jusqu'à la dernière marche.

Le livre ne brillait pas dans le noir comme un objet fluorescent. Il n'était pas non plus scintillant de par sa couverture. Non, il était entouré d'une enveloppe lumineuse, comme si le rayonnement s'était répandu tout entier autour de lui.

Elwina avait levé la main, lentement. Ce n'était pas une aura, c'était tout autre chose, qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Délicatement, la jeune femme avait pris l'oeuvre, du bout de doigt. Son épiderme était entrée en contact avec la couverture rugueuse, et aussitôt la lumière s'était volatilisée. Elle n'était pas partie : elle avait disparu. Comme si sa seule mission avait été de lui montrer ce livre, et qu'une fois accomplie s'en était fini d'elle.

— Elwina ? Qu'est-ce que tu fabriques ?

Berhed venait d'apparaître à quelques mètres de là, suivie de près par Lou. La vieille femme regardait sa jeune employée avec des yeux suspicieux, et cette dernière sut instantanément qu'elle ne devait rien lui dire.

La malédiction des chats noirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant