Chapitre 7 : Séparation

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Chapitre 7 : Séparation

Herenui tomba à la renverse, on venait de la tirer en arrière assez violemment et la surprise ainsi que les chaines l'avaient empêchée de se rééquilibrer. Elle regarda autour d'elle et aperçut le capitaine à ses côtés puis le traducteur et Natsuko.

-« Toi, tu restes ici » ordonna le capitaine.

L'interprète se dépêcha de relayer les paroles de l'homme pendant que la jeune démone tentait de se relever aussi rapidement que possible pour se précipiter vers le bastingage. Elle chercha Raurii des yeux et s'écria :

-« Raurii! aide-moi ! Ils veulent me garder ici ! Me laisse pas là ! » dit-elle avant d'être secouée de sanglots

L'interpellée tenta de se retourner pour revenir sur le bateau, mais les gardes l'en empêchèrent. Elle n'eut d'autre choix que de continuer d'avancer, tout en essayant de garder l'apprentie dans son champ de vision.

Sur le pont, le capitaine avait rejoint Herenui. Il la saisit fermement par le bras et la fit pivoter vers lui. Elle tenta de se débattre, mais ses entraves rendaient ses mouvements inefficaces. Les larmes l'aveuglaient et elle avait du mal à reprendre sa respiration. L'homme posa une main sur la mâchoire de la guerrière, la forçant à regarder dans sa direction.

-« Cesse donc tes jérémiades, gamine, je t'offre un futur beaucoup plus enviable que celui qui attend les autres. Si tu acceptes la proposition que je vais te faire, tu pourras conserver un minimum de dignité. »

Devant son ton autoritaire, elle sembla se calmer un peu. Il reprit :

-« Tu veux la protéger elle ? » Dit-il en pointant Natsuko du doigt « Ou tu veux qu'elle parte avec les autres ? Hein ? Alors écoute-moi ! »

Le traducteur essayait tant bien que mal de transmettre les paroles de son employeur à l'esclave. Celle-ci, la gorge nouée, demanda :

-« Comment pourrais-je la protéger ? Qu'attendez-vous de moi ? 

- Je sais que tu es très douée une arme à la main. Et mon intuition me dit que tu es ou que tu feras une bonne assassine. Si tu acceptes de tuer pour moi, je vous nourrirais et vous logerais ton amie et toi.

- Et si je refuse ?

- Eh bien je vous vendrais comme esclaves et je m'assurerai personnellement que tu ne sois pas vendue dans la même transaction que tes amies.

- Vous promettez de ne pas toucher à un seul cheveu de la hokorie si j'accepte ?

- C'est exact. Si tu respectes ta part du marché, je respecterai la mienne.

- Et pourquoi n'engagez-vous pas un tueur si vous devez éliminer des ennemis ? Ça serait plus sûr que de confier ça à une fille de quatorze ans que vous venez de capturer.

- Ce n'est pas moi qui cherche à faire disparaître des gens. Mais c'est un marché juteux dans lequel je pourrais m'installer grâce à toi. Cela me permettrait de me rapprocher et d'entrer dans les bonnes grâces de personnalités très influentes. Et pour un marchand comme moi, être dans les petits papiers de l'élite serait une aubaine. Alors acceptes-tu mon offre ? »

Herenui tenta de retrouver son calme et de penser logiquement. Ce que le capitaine attendait d'elle était dans ses cordes. Elle avait déjà accompli des missions de ce genre. Tuer ne la dérangeait pas trop. Les cibles dont elle devait rapporter la tête trempaient dans des complots ou diverses fraudes, la démone se disait donc qu'ils savaient dans quoi ils s'engageaient. Il en était sûrement de même dans les hautes sphères maéniennes, chacun voulant s'assurer une part du gâteau. De plus, c'était la seule option qu'on lui laissait pour rester avec une de ses amies. Son choix influerait directement sur les chances de survie de la cadette du groupe. Si elle acceptait, cette dernière pourrait peut-être grandir sans souffrir, au lieu d'être condamnée à une vie courte et cruelle.

-« Très bien » répondit-elle « Mais si j'apprends qu'un de vos sous-fifres s'est approché trop près de Natsuko, je lui en ferai payer le prix.

Le regard décidé de l'adolescente contrastait avec ses yeux humides et la morve qui lui coulait du nez. Cette image contradictoire et le regain d'agressivité dans ses propos fit sourire Fernando.

-« Vendu ! » s'exclama-t-il « Je m'appelle Fernando et à partir de maintenant, je suis ton chef. J'en conclus que la jeune hokorie derrière s'appelle Natsuko. Et toi, quel est ton nom ?

- Herenui.

- Très bien Herenui. Je vais libérer une cabine pour toi et ta camarade. » Annonça-t-il « Vous y resterez jusqu'à demain, le temps que la vente ait lieu. Ensuite je vous amènerai avec moi à l'extérieur de la ville, dans mes quartiers généraux. L'hiver approche, la saison de pillage touche donc à sa fin. Certains hommes rentreront chez eux jusqu'au printemps prochain, les autres seront logés dans ma propriété. Nous profiterons de ce temps mort pour effectuer plusieurs contrat, alors remets toi vite de tes blessures. »

Sur ce il tourna les talons et aboya des ordres. Un garde vint chercher les deux captives et les dirigea à l'intérieur du galion. Il les fit entrer dans une couchette et s'en alla, en fermant la porte à clef. La démone tentait de faire un point sur la situation mais la séparation avec ses ainées l'avait déstabilisée. Cette fois elle était toute seule, elle n'avait plus d'adulte pour l'aider. La proposition du capitaine lui laissait cependant un répit, puisqu'elle serait bien traitée et qu'elle devrait faire des choses pour lesquelles elle était entrainée. La seule inconnue était: comment s'en sortirait-elle sans mentor?

L'après midi passa lentement. Les deux jeunes filles étaient perdues dans leurs pensées. Natsuko était la plus agitée. Elle avait tout comprit de l'échange entre le capitaine et Herenui et elle savait qu'une fois encore elle devait gros à la démone. Cette situation la frustrait au plus haut point, elle qui, dans sa famille, était celle qui s'occupait de tous ses petits frères et sœurs et qui avait donc l'habitude d'être celle protégeant les autres. Elle se fixa donc comme objectif de rendre la pareille dès qu'elle le pourrait à sa bienfaitrice, bien qu'elle douta en avoir la chance dans les semaines ou mois à venir. On leur servit un repas puis elles s'installèrent sur la couchette et, malgré la situation, elles apprécièrent ce léger regain de confort comparé aux paillasses de la cale. La journée, riche en émotion, les avait épuisées, et elles sombrèrent rapidement dans un sommeil profond. 





L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]Where stories live. Discover now