L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]

Chapitre 23: l'entrée à l'académie

Le mois de mai touchait à sa fin mais les beaux jours et la chaleur qu'il avait amené semblaient définitivement s'installer pour tout l'été. Cela faisait bientôt six mois qu'Herenui était à Krün mais aujourd'hui était une nouvelle étape de son parcours Ebenenien. Elle allait rentrer à l'académie militaire, sur recommandation du général. Elle espérait que, malgré les fréquentes réactions négatives liées à sa présence, elle ferait bonne impression pour ne pas ternir la réputation de Wiesemann. C'est donc avec une pointe d'appréhension qu'elle ouvrit les yeux et se prépara à affronter cette journée.

Comme d'habitude depuis l'attaque du chien, elle dut réveiller les quatre enfants qui dormaient avec Natsuko et elle. En effet, cette situation, qui n'était censée être que provisoire le temps que les jeunes orphelins se remettent de leurs émotions, avait fini par se prolonger indéfiniment car les "mioches" (surnom des jeunes occupants de l'orphelinat) avaient usé de leurs yeux larmoyants pour convaincre la directrice.

Il ne fallait pas voir là une preuve de faiblesse de Mathilda Weidinger, mais plutôt un stratagème de sa part pour sociabiliser la démone: cette dernière, même après six mois, ne savait pas vraiment comment agir avec eux car elle n'avait jamais eu à s'occuper de quelqu'un auparavant: dans ses îles, elle se consacrait uniquement à son entrainement, tout en essayant de ne pas s'attirer par mégarde la colère de certains mercenaires violents.

Dans la guilde, les maitres et les membres avaient tout pouvoir sur les apprentis, et plus d'un malheureux avaient fait les frais d'un adulte mal luné. La meilleure façon d'éviter cela était donc de rester dans son coin, obéir aux ordres et se dispenser de toute interaction superflue. Sa mentalité sur certains points n'avait pas beaucoup évolué depuis son arrivée ici. Elle se sentait redevable au général, à Alfrid et à la directrice, les considérant comme des aînés de guilde et traitant leurs requêtes comme des ordres absolus. Elle essayait donc tant bien que mal de prendre soin des enfants qui, malgré les méthodes spartiates de la guerrière, revenaient toujours à elle.

Elle dégagea donc son bras droit enserré par Vroni et le gauche par Mikael puis écarta Adrian et Eugenia de ses flancs pour pouvoir se redresser. Elle secoua les enfants qui finirent de se réveiller.

-"Allez, debout!" ordonna la démone " Allez vous changer rapidement et rejoignez moi au réfectoire. Je mange le petit déjeuner de ceux qui restent au lit!" menaça-t-elle avec son étrange accent.

A ces mots, ils se précipitèrent tous hors de la chambre car ils savaient qu'Herenui ne plaisantait pas, Vroni en ayant déjà fait l'amère expérience. Natsuko avait cependant convaincu la guerrière d'être clémente et de lui laisser la moitié de son repas. Ils se retrouvèrent donc tous quelques minutes plus tard dans la grande pièce commune, où une bonne partie des autres orphelins se trouvaient déjà. Le petit déjeuner se composait d'un bol de lait au miel, d'un morceau de pain avec du fromage et d'un fruit. Ce n'était pas du grand luxe mais pour un orphelinat c'était tout de même copieux.

C'est donc en forme et le ventre plein que tous attaquèrent la journée. Herenui et Natsuko remontèrent prendre leurs affaires avant de partir à l'école militaire. La Hokorie allait elle aussi entrer à l'académie aujourd'hui mais elle intègrerait la deuxième année des cadets tandis qu'Herenui serait directement mis dans le groupe des futurs officiers, où se mêlaient les cadets de troisième année et des soldats aguerris.

Au moment de partir, madame Weidinger leur remis leur repas et des outres d'eau, qu'elles rangèrent dans leurs besaces. La directrice s'assura qu'elles savaient où se situait l'académie et s'apprêtait à les laisser s'en aller lorsqu'elle prit la parole:

-"Vous savez... "commença-t-elle "je suis sûre que je pourrais convaincre le général de me laisser faire votre éducation et de ne pas vous obliger à devenir des guerrières. Il serait peut être plus agréable pour vous d'avoir une vie plus... féminine?" Dit elle en observant les deux adolescentes.