L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]

chapitre 9.5: Un jour au camp de Fernando

Herenui s'entrainait avec Natsuko, devant la dépendance qui leur était attribuée. Deux jours avaient passé depuis sa première mission. Elle était en pleine forme et elle commençait à s'habituer à sa nouvelle vie. Elle reconnaissait quelques mercenaires, bien qu'elle ne les côtoyait pas. La guerrière surprenait souvent leurs regards sur elle mais dès qu'ils croisaient ses yeux, ils se détournaient souvent, crachant par terre ou jurant. L'ilienne ne comprenait pas très bien leur réaction au début, pensant qu'ils jalousaient l'étrange traitement de faveur fait à une esclave. Natsuko lui avoua que les démons étaient considérés comme un peuple barbare et cruel par la population, bien que leur aspect physique provoquait aussi la fascination. Herenui ne se souciait guère de leur hostilité. Son statut d'assassine lui conférait une immunité dans la troupe de Fernando, et son récent succès avait consolidé cette place privilégiée.

La hokorie, elle, s'était bien intégrée dans le camp. Quelques hommes se montraient amicaux avec elle, prenant le temps de discuter quand elle allait chercher de l'eau au puit. Fraterniser avec eux laissait un sentiment étrange à Natsuko, car ces individus étaient ses ravisseurs mais elle ne parvenait à haïr certains qui se montraient compatissants. La vie ici était monotone, coincée dans cette propriété. Herenui faisait tout son possible pour elle et elle ne pouvait pas l'aider, ce qui renforçait la frustration de la jeune fille. Elle mettait beaucoup d'efforts à comprendre ce que lui enseignait son amie, mais trois semaines n'étaient pas suffisantes pour progresser significativement.

Pour s'occuper, Natsuko réfléchissait aux possibles plans d'évasion qu'elle pouvait créer. Elle espérait trouver la solution à cette situation le plus rapidement possible. Sa famille s'inquiétait surement beaucoup, à moins qu'ils ne la croyaient déjà morte. Mais ce n'était pas la seule raison qui la poussait à chercher à fuir le plus vite. Elle avait toujours su vite cerner les gens, et la hokorie avait senti une énorme soif de pouvoir émaner de Fernando. Elle avait l'intime conviction qu'il prendrait des risques inconsidérés et que cela pourrait mettre Herenui et elle en danger.

Le marchand maenien venait régulièrement voir la jeune assassine, sûrement pour s'assurer qu'elle ne se laisser pas aller. Herenui savait qu'il ne l'hébergeait par bonté. Si elle était aussi bien traitée, c'était parce qu'elle lui servait à gagner encore plus d'argent. Si jamais elle se blessait grièvement ou qu'elle lui devenait inutile, elle était sûre qu'il se débarrasserait d'elle. C'était aussi comme ça à la guilde: les bouches inutiles n'avaient pas leurs places.

Les rares échanges entre Fernando et la démone étaient courtois mais froids. L'homme avait une multitude de choses à faire de sa journée et sympathiser avec la démone n'était pas sa priorité. De son coté, l'adolescente lui vouait une haine très bien dissimulée: il avait tué ses compagnons, vendu des gens de son peuple et la gardait captive. Elle lui reconnaissait un talent certain pour les affaires et la stratégie, mais elle attendait impatiemment de pouvoir venger les siens. La guerrière n'avait pas accepté Fernando comme maitre. Il n'avait rien, selon elle, de semblable à Hinevara ou Raihai et ne méritait pas son estime ni son respect. D'ailleurs, sur ce continent, seule Natsuko avait eu le cran de s'approcher d'elle. Pour la démone, le fait que les autres aient peur d'elle était un signe de faiblesse de leur part. Comment pouvait-on être à ce point terrifié par de simples rumeurs? Elle se disait en souriant que si jamais elle ne parvenait pas à revenir sur ses îles, elle pourrait peut-être conquérir un royaume juste avec son apparence si tous les habitants étaient de tels poltrons.