Chapitre 35: Réflexion

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Allongé sur son lit, Alric était perdu dans ses pensées. Son vœu le plus cher avait été exaucé ce matin: il allait avoir la chance de lutter pour le trône. Ce n'était plus l'espoir inavouable qu'il entretenait depuis tout petit. C'était maintenant une réalité. Bien sûr, la compétition avec ses frères serait âpre. Augustinus n'avait aucune intention de laisser sa place d'héritier et Lenz comptait bien lui aussi tirer son épingle du jeu. Helmut, quant à lui pouvait s'avérer être un candidat redoutable bien qu'Alric ne savait pas si la place d'empereur faisait envie à son cadet.

Alric devait aussi rapidement réfléchir à qui faire appel pour l'aider à diriger sa province. Il avait déjà quelques noms en tête mais il se pouvaient que ses frères pensent aux même personnes. La première personne qu'il voulait recruter était bien évidemment Wiesemann. Il comptait partir le voir sur le front nord-est d'ici trois ou quatre jours. Le jeune prince espérait qu'en plus d'accepter sa proposition, le général saurait lui indiquer des personnes qui pourraient l'aider dans sa tache.

Si Wiesemann rejoignait son camp, Alric serait automatiquement mis à la tête de la province de Krün, là où était stationné l'officier. Ce n'était pas forcément la région que le prince aurait choisi en premier s'il avait pu. C'était la dernière plaine conquise par l'empire et elle se remettait lentement de la longue guerre menée entre l'armée Ebenenienne et le peuple résident. Une fois la monarchie locale éradiquée, il avait fallu calmer les tensions avec les habitants et reconstruire là où les combats avaient semé la ruine. Les tensions récurrentes avec les Gauts et les Jezdecs limitaient le commerce, restreignant la croissance de la province. Peut-être devrait il se rendre à Krün rencontrer les dirigeants de la ville voir s'ils accepteraient de l'aider eux aussi.

Deux coups frappés à sa porte le tirèrent de sa réflexion:

-"Entrez" ordonna Alric

La porte s'ouvrit doucement et Helmut fit son apparition. Il arrivait régulièrement que le garçon vienne voir son grand frère le soir, pour lui parler de sa journée et de ses découvertes

-"Ah c'est toi. Viens t'asseoir là" fit Alric en désignant un fauteuil près de son lit.

Helmut s'exécuta, prenant cependant au passage une pomme posée sur le bureau d'Alric. Il croqua le fruit, avala sa bouchée et prit la parole:

-"Quand pars-tu voir Wiesemann?" Demanda le garçon à la chevelure noire.

-"Dans moins d'une semaine" répondit Alric, surpris que son frère ait déjà deviné ce qu'il comptait faire. "Et toi qu'as-tu prévu? As-tu une province ou un conseiller qui t'intéresse?"

-"Hé bien, je me disais que comme tu allais sûrement prendre la province de Krün, j'aimerais bien avoir celle de Schloen

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-"Hé bien, je me disais que comme tu allais sûrement prendre la province de Krün, j'aimerais bien avoir celle de Schloen. Tu es celui avec qui je m'entends le mieux et je pense que cela sera bénéfique pour nos deux régions. Pour être honnête, le trône ne m'intéresse pas, ou pas encore. Je vais quand même me constituer un bon conseil mais je ne suis pas sûr de vouloir diriger l'empire un jour."

-"Pourquoi?" Demanda Alric, interloqué

-"Ca ne m'intéresse pas. Si je devais gouverner sérieusement, je ne pourrais plus passer mon temps à découvrir de nouvelles choses. Que ça soit à travers les livres ou part des voyages, je veux pouvoir étancher ma soif de savoir. Il y a encore tellement de choses que je veux voir et être coincé ici ne me semble pas la meilleure option pour ça."

Alric était impressionné par le raisonnement de son frère. Son but pouvait sembler enfantin, mais la réflexion qu'y avait porté le garçon était cependant très mature.

-" Je comprends tout à fait." répondit Alric "Mais donne toi à fond quand même, si jamais tu changes d'avis tu auras quand même toutes tes chances. Et puis ça te fera quand même une expérience enrichissante, j'en suis convaincu."

-"Ne t'en fais pas pour ça." Répondit Helmut "J'ai déjà convaincu un de nos professeurs, monsieur Fehrembach, de m'aider et je compte moi aussi partir en voyage d'ici quelques jours pour rencontrer plusieurs érudits un peu partout dans l'empire. Maintenant que j'ai confirmé que tu voulais t'occuper de Krün, je sais moi aussi quelle province je souhaite diriger. Ah et j'ai aussi réfléchi à quelques personnes qui pourraient t'aider là bas. Je t'ai fait un parchemin avec leurs noms et leurs compétences!" Fit Helmut en tendant un rouleau à Alric.

Ce dernier s'en saisit, gêné de ne pas pouvoir rendre la pareille à son cadet et de ne pas assumer son rôle de grand frère

-"Je ne sais pas comment te remercier..." Commença-t-il

-"Deviens empereur" coupa Helmut "Je sais que tu as les qualités pour être un bon souverain. Tu dois encore t'améliorer mais cette expérience est une chance unique. Je sais que c'est ton rêve le plus cher, alors donne toi à fond et deviens le plus grand chef de la lignée Barmorder."

-"Compte sur moi!" Répondit Alric dans un sourire "Dans quelques années, père n'aura d'autre choix que de m'introniser!" Ajouta-t-il avec un clin d'œil malicieux.

-"Parfait!" S'exclama Helmut "Dois-je t'appeler "vôtre altesse" dès maintenant?" Demanda-t-il sur le ton de la plaisanterie, avant que tous deux ne se mettent à rire.

La conversation changea rapidement de sujet, Helmut et Alric échangeant les ragots et qu'ils avaient capté ici et là dans le palais. Il y avait toujours des rumeurs folles qui circulaient dans les couloirs et il était difficile d'en vérifier la véracité. Elles avaient cependant le don de bien faire rire les deux garçons qui s'amusaient à en faire courir des encore plus extravagantes. La pauvre madame Dimke, leur professeur de danse, avait mis des mois à faire taire la rumeur selon laquelle une de ses robes s'était déchirée au niveau de son postérieur lors d'un bal à cause de son embonpoint.

Un peu plus tard dans la soirée, Helmut s'en fut et Alric commença à somnoler, uniquement maintenu éveillé par l'excitation de l'aventure à venir. Dans sa tête défilaient tous les exploits futurs qu'il comptait accomplir. Des dizaines d'idée affluaient pour développer sa province, certaines loufoques, d'autres plus réalistes, mais il n'eut pas le temps de les noter, car le sommeil le terassa.

L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]Where stories live. Discover now