Chapitre 14: Duel aux chandelles

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Un bruit métallique de l'autre côté de la pièce la fit sursauter. Des étincelles apparurent puis elle entendit le crépitement d'une lampe à huile dont la mèche s'enflammait.Herenui cligna des yeux pour s'habituer à la lumière et distingua la silhouette du général qui s'apprêtait à allumer le chandelier de son bureau. Ce dernier se tourna vers elle.

-« N'est-ce pas là mon admirateur secret du marché ? » dit-il  « Je suis impressionné que tu aies réussi à venir jusqu'ici. Ma première impression était fondée, tu dois avoir un sacré talent ! »

Devant le mutisme de son visiteur, il reprit :

-« Je présume que si tu es ici, ce n'est pas pour discuter tranquillement autour d'un bon breuvage. Très bien alors, montre-moi ce que tu vaux en duel »

Sur ces mots, il dégaina son glaive et se mit en garde. Herenui saisit ses deux poignards et se présenta face à l'homme. Elle n'avait pas compris les paroles de celui-ci, mais sa position était sans équivoque, il voulait se battre. Herenui essayait de rester composée. Le plan avait échoué. Elle pouvait tenter de partir mais il y avait de fortes chances que la garnison du fort la rattrape. Il ne lui restait donc une seule option: éliminer rapidement le général.

Leurs ombres se projetaient sur les murs, dansant au gré des flammes, tandis que leurs corps, eux, restaient immobiles. Herenui se remémorait ses leçons d'escrime avec Raihai. Il fallait observer l'adversaire, essayer de découvrir les ouvertures dans la garde du général, trouver un moyen de le déstabiliser. En se rapprochant, elle distingua plus nettement le visage de son adversaire. 

Il avait la mâchoire carrée, les joues recouvertes par une barbe blanche, le front légèrement ridé par l'âge, encadré par des cheveux blonds mi-longs et des yeux bleus clairs. Seule une cicatrice partant du haut du nez et se terminant sous l'œil gauche semblait indiquer que c'état un soldat expérimenté. En y regardant de plus près, d'autres signes trahissait les années passées sur le champ de bataille: aucune trace de peur, une respiration contrôlée, il attendait, en officier aguerri, que la jeune fille se lance à l'assaut.

Herenui fit un pas et leurs regards se croisèrent. Elle lut alors une expression de surprise traverser un instant les yeux aigue-marine de son adversaire: l'officier venait de remarquer les iris rouges de l'assassin. Cette dernière profita de ce bref instant de déconcentration pour s'élancer vers sa cible mais le soldat réagit immédiatement, bloquant la première dague et forçant la jeune fille à se protéger avec la deuxième. Elle recula à nouveau, cherchant la faille. Le temps pressait. Bientôt, le tintement des armes et le bruit des pas attireraient l'attention et elle serait alors en danger.

Elle tenta plusieurs feintes, mais à chaque fois elle fut repoussée. Elle regrettait de ne pas avoir d'armes plus appropriées à une telle situation. Deux petits sabres ou une épée à deux mains lui auraient facilité la tâche, mais les poignards étaient gage de légèreté et de discrétion.

 Elle se lança à nouveau à l'assaut, fit mine d'attaquer de la main gauche, avant de frapper aussi fort que possible du bras droit avec sa lame sur l'arme du défenseur. Ce dernier, surpris, ne parvint à contenir cette attaque, et il perdit un instant le contrôle de son épée. Herenui, emportée par l'inertie de son mouvement, enchaîna par une rotation antihoraire sur elle-même, de dos à son ennemi. Elle lança son bras gauche vers la gorge de la cible. Le coup allait être fatal lorsque Wiesemann fit preuve d'une étonnante souplesse et esquiva adroitement la lame, puis de sa main libre il saisit le poignet droit de l'assassin qui finissait de pivoter, sa deuxième dague visant le cœur du général. D'un coup de pied, il repoussa son opposante, à l'équilibre précaire, qui s'envola avant de s'écraser dans un bruit sourd.

L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]Where stories live. Discover now