Chapitre 33: Retraite

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L'affrontement s'était prolongé toute la nuit et déjà les premières lueurs du soleil éclairaient la plaine. A quelques jours du solstice d'été, l'astre de lumière ne se privait pas de prendre la place de sa rivale dès qu'il en avait l'occasion. Ses premiers rayons ne parvenaient cependant pas à réchauffer l'air glacial de la vallée et de la vapeur s'échappait des bouches des guerriers essoufflés. Cela faisait quatre heures qu'ils se battaient sans relâche et leurs organismes commençaient à crier merci. Nombreux étaient ceux couverts de plaies qui continuaient pourtant à se battre. D'un coté comme de l'autre, les pertes étaient énormes et les corps de ceux qui avaient péri jalonnaient le camp Jezdec.

Fabeck regardait avec anxiété l'aurore. Il ne savait pas où étaient les renforts ennemis, et ces derniers allaient sûrement bientôt se remettre en route. Les prochaines minutes s'avèreraient cruciales. Les deux camps étaient au bord de la rupture mais les Jezdecs, désorganisés par la mort de leur chef avaient subi plus de pertes que les défenseurs. Les troupes de l'instructeur essayaient de tenir le terrain conquis en attendant que le groupe du capitaine Weiber les rejoigne. Il aurait été suicidaire de continuer d'avancer dans le gros des forces ennemies. Il valait mieux défendre ce qui avait été pris en voyant venir l'ennemi et en perdant moins d'hommes.

Enfin Fabeck aperçut l'étendard Ebenenien flotter au loin sur sa gauche. Il tenta de dénombrer les soldats du chef de la citadelle toujours valides mais il ne put y arriver. L'instructeur repéra cependant Weiber et commença à se diriger vers lui lorsque les deux groupes se rejoignirent.

-"Combien d'hommes vous reste-t-il?" Demanda Fabeck à l'officier

-"Je dirais entre cent cinquante et deux cents. Vous?"

-"Guère plus. Mais je pense que nous avons éliminé plus de la moitié des Jezdecs... faisons sortir le reste de nos troupes pour ébranler leur moral. Si nous arrivons à percer leurs rangs avec des soldats frais je pense qu'ils craqueront ."

-"Pourquoi pas, je ne suis pas sûr que nous ayons d'autres options de toute façon." Répondit Weiber.

Il se tourna vers un de ses aides et lui demanda de transmettre le message à la citadelle. Les deux leaders retournèrent alors auprès de leurs bataillons afin de les galvaniser avant le dernier assaut. Quand enfin les dernières troupes du forts lancèrent la charge, sortant au son du cor, le sort de la bataille se décida. L'impact des nouveaux venus brisa les défenses Jezdecs qui n'eurent d'autre choix que de se replier.

Ne perdant pas de vue son objectif initial, Fabeck ordonna à ses troupes de ne pas poursuivre leurs adversaires en déroute. Il envoya quelques éclaireurs pour s'assurer que les Jezdecs ne reviendraient pas, organisa une défense sommaire, fit soigner les blessés et chargea un groupe d'hommes valides de démanteler tous les préparatifs de siège. Une fois toutes ses directives données, il fut proposé à l'officier d'aller se reposer à la citadelle mais il refusa, préférant être au milieu de ses hommes en cas d'imprévu. Le capitaine Weiber lui fit donc apporter une tente et un siège pour qu'il puisse tout de même se délasser.

Au fur et à mesure de la matinée, Fabeck et Weiber reçurent de nombreux rapports sur le bilan de la bataille, les prises de guerre et l'avancement de la destruction des engins de siège. Le bilan était lourd. Trois cents soldats morts, le même nombre de blessés graves dont une partie succomberait surement à leurs blessures, des blessés plus légers à foison. La victoire de cette nuit laissait un goût amer aux deux officiers, d'autant que les Jezdecs pouvaient revenir à tout moment et qu'il serait très difficile pour les soldats de l'empire de se remobiliser.

A midi, un éclaireur revint informer ses supérieurs sur la retraite de leurs ennemis. Quant il avait décidé de rentrer, environ une heure et demi plus tôt, les jezdecs venaient de s'arrêter pour panser leurs blessures et se réorganiser. Les éclaireurs avaient également repéré un gros nuage de poussière, sûrement soulevé par les renforts ennemis, plusieurs kilomètres au loin. S'ils marchaient sans s'arrêter, ils pouvaient être à la citadelle demain à l'aube. Il n'était pas encore sûr que les Jezdecs tenteraient de s'emparer du fort après avoir été chassés une première fois, mais il fallait parer à toute éventualité.

L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]Where stories live. Discover now