Chapitre 34: Conseil de famille

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(rappel sur la fratrie princière: Augustinus, 19 ans, 3 avril. Lenz, 18 ans, 28 juillet . Alric, 16 ans, 13 février. Helmut, 14 ans, 17 septembre)

Trépignant d'impatience, Alric faisait les cent pas dans la grande salle où son père lui avait donné rendez-vous à lui mais aussi à ses frères. Il allait enfin savoir pourquoi il n'avait pas eu l'autorisation d'aller faire sa première campagne militaire, lui qui rêvait depuis plusieurs années de guerroyer dans les champs de bataille. Sa déception avait été immense lorsqu'il y a un mois, à la mi-mai, son père lui avait interdit de rejoindre le général Wiesemann, prétextant qu'Alric aurait des choses beaucoup plus importantes à faire dans les semaines à venir. Depuis lors, l'adolescent avait été d'humeur bougonne, partant chevaucher dans la campagne avoisinant la capitale dès qu'il en avait l'occasion, cherchant à évacuer sa frustration.

Alric se demandait également pourquoi ses frères avait été convoqués en même temps que lui. Alors qu'il continuait à déambuler dans la pièce, il observa de manière discrète leurs visages, tentant de deviner les émotions qui les habitaient. Lenz semblait énervé. Il avait lui aussi mal vécu l'interdiction de rejoindre le champ de bataille et l'adulation de ses soldats devait lui manquer, lui qui passait son temps à raconter ses exploits militaires.

Augustinus, lui, observait la grande cour du palais par une fenêtre, offrant son visage au doux soleil de cette matinée de juin et scrutant les allées et venues des divers occupants du château. Alric avait toujours eu du mal à deviner ce que pouvait penser son frère aîné, secret, charmeur mais aussi froid et calculateur. Augustinus était celui avec lequel il avait le moins d'affinités. Peut-être que cela était du à la jalousie d'Alric de ne pas être l'héritier par défaut, de ne pas pouvoir marcher dans les traces de son père. Toujours était-il qu'ils ne discutaient que très rarement seul à seul, d'autant que son aîné était souvent accaparé par ses partisans.

Alric passa alors à Helmut, qui lisait tranquillement un livre, bien calé dans un immense fauteuil. Il adorait lire tout ce qui pouvait lui passer sous la main: contes, légendes mais aussi annales de guerre ou divers traités sur des sujets variés, des mathématiques en passant par l'agriculture ou la médecine. Helmut était un garçon très intelligent et attentionné et, bien qu'il se refusait à l'admettre en tant que grand frère, Alric apprenait beaucoup à ses côtés, son cadet lui racontant toujours une anecdote sur tel ou tel sujet. C'était aussi son confident, celui avec qui il se sentait le plus proche, appréciant sa sincérité.

Lorsque son père entra dans la salle, tous tournèrent le regard vers lui. L'empereur leva la main en guise de salut avant d'aller s'installer dans un des canapé du salon privé. Il ne mit pas longtemps avant de prendre la parole de sa voix grave.

-"Si je vous ai réunis ici, c'est pour évoquer avec vous l'avenir de notre pays. Je sais que certains d'entre vous auraient préféré prendre part à la campagne militaire mais votre rôle de prince ne se limite pas aux batailles et c'est précisément ce dont je vais vous parler. Je m'approche de la cinquantaine et je dois réfléchir à ma succession. Traditionnellement dans notre lignée, c'est l'aîné qui hérite du trône mais il est arrivé que ça ne soit pas le cas. Pour que l'empire qu'ont bâti nos ancêtres perdure, je souhaite moi aussi déroger à cette règle. Je veux donner ce que j'ai de plus précieux au plus compétent d'entre vous."

Eugen Barmorder fit une pause, observant ses fils. Il les aimait tous les quatre et il aurait souhaité qu'ils puissent tous régner mais la réalité imposait qu'il n'en choisisse qu'un. Il reprit:

-"Je vais donc profiter des prochaines années pour tester vos compétences en vous nommant chacun à la tête d'une des plaines. Vous aurez les pleins pouvoir et je ne me mêlerai pas de vos affaires administratives ou militaires. Vous aurez dix ans pour faire vos preuves durant lesquels j'évaluerai la gestion de vos finances, le bien être de vos sujets et vos performances militaires si jamais vous étiez attaqués. Il sera formellement interdit de vous attaquer entre vous. Quiconque enfreindra cette règle se verra sévèrement puni et ne pourra plus prétendre au trône."

L'aventure d'Herenui [1ere version/incomplet]Where stories live. Discover now