Chapitre 11 : Enquêtes Parallèles

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Elle courait.

Elle sautillait dans l'herbe fraîche encore imprégnée de la rosée du matin, ses hautes tiges grimpant jusqu'au-dessus de ses genoux. L'air était doux, frais, pur ; une légère brume planait encore sur la prairie qui s'offrait à son regard, seulement fermée par un rempart de troncs dont le sommet semblait se perdre dans le ciel. Le manoir s'éloignait à mesure qu'elle progressait, mais elle s'en moquait, rien ne l'arrêterait... à part, peut-être...

Un peu essoufflée, elle s'arrêta et leva le nez : le ciel était nuageux, mais d'une clarté éblouissante. Elle plissa les yeux.

Le froissement de l'herbe derrière elle annonça l'arrivée de quelqu'un dans son dos, mais elle n'y prêta pas garde, trop inquiète de voir le soleil percer les nuages plutôt que la pluie. Pourrait-elle apercevoir en ce jour un mince espace de bleu dans toute cette grisaille ? Tant qu'il n'y en aurait pas, la balade serait compromise.

Les pas s'approchaient toujours, irréguliers. Ils stoppèrent derrière elle.

— Clara, maman veut bien que je t'emmène !

* * *

Elle se redressa dans un sursaut, et après un instant, expira longuement.

Clara, encore.

Mais le plus surprenant n'était pas ce prénom : c'était la petite voix qui l'avait interpellée si joyeusement. Celle d'un enfant, d'un petit garçon plus certainement. Cette vision ressemblait fort à un souvenir, et elle le ressentait comme tel.

Cela signifiait-il qu'elle avait un frère ?

Dans son rêve, elle ne l'avait pas vu, simplement entendu. Était-il plus jeune, plus âgé qu'elle ? Blond ou brun ? Qu'était-il devenu aujourd'hui ? Était-ce seulement son frère, ou un cousin ? Un ami ?

Maman... Non. Il s'agissait bien de son frère. Ce simple terme le certifiait.

Trois heures trente-et-un. D'un geste sec, elle tira sur le drap puis s'enroula dedans, le resserrant sous son menton, les yeux perdus dans les ténèbres. La lumière lointaine d'un réverbère éclairait faiblement la chambre, insuffisamment toutefois pour lui révéler le simple contour des meubles. Elle aurait tout de même aimé que le propriétaire investît dans des volets.

Clara...

Elle s'appelait Clara. Darmack n'avait pas menti. Quand Jorda lui avait dit qu'il l'avait présentée aux autres disciples sous ce prénom, elle avait réellement cru qu'il en était à l'origine, qu'il avait trouvé là une manière de s'approprier sa toute nouvelle proie, d'en faire sa chose, d'acquérir une mainmise plus ferme sur elle. Mais rien de tout cela n'était vrai. Il avait dit la vérité.

Tout était donc possible de sa part !

* * *

Trois coups secs et réguliers heurtèrent la porte. Chloé s'empressa d'aller ouvrir.

— Nathalie Range. Officier de police criminelle. Je suis chargée de l'enquête concernant la mort de votre patron, Georges Simon.

Elle reconnaissait la femme qui l'avait interrogée le soir du drame. Nathalie Range semblait avoir à peine dix ans de plus qu'elle, mais son regard dur trahissait les horreurs qu'elle avait dû voir durant sa carrière d'enquêteur.

— Vous avez du nouveau ?

— J'ai quelques questions à vous poser.

— Entrez.

Le Démon (L'Hybride, livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant